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Qu'est-ce que l'innocence?
Et pourquoi est-ce que ce sont les gens innocents qui souffrent le plus?
Question-réponse avec Osho
Et si notre joie de vivre dépendait uniquement de nous ? Et si elle n'était que l'expression de notre innocence ? Dans cette réponse spontanée à un disciple, Osho nous rappelle que rien d'extérieur ne peut perturber l'état d'innocence. Quand nous souffrons, c'est notre ego, c'est nous qui avons perdu à nouveau notre innocence. Une fois encore, Osho, celui que certains appellent le maître spirituellement incorrect remet les pendules à l'heure et expose notre ego comme personne d'autre et nous fait découvrir ainsi des vérités essentielles sur la vie…
Laheru : Qu'est-ce que l'innocence ? Et pourquoi est-ce que ce sont les gens innocents qui souffrent le plus?
Osho : Laheru, je n'ai jamais vu souffrir une personne innocente. L'innocence est une telle qualité intérieure que rien de ce qui arrive ne peut la modifier. Même la mort est sans effet. Mais je peux comprendre ta question. Ce n'est pas seulement la tienne; beaucoup de gens m'ont demandé pourquoi les gens innocents souffraient.
Tout d'abord ils ne comprennent pas ce qu'est l'innocence. Ensuite, lorsqu'ils souffrent... ils pensent que c'est à cause de leur innocence qu'eux-mêmes souffrent. Ils pensent que la cause est à l'extérieur.
Le même genre de question a été posé sous différents angles: pourquoi les bonnes personnes, les gens vertueux, les personnes religieuses souffrent-elles?
Je n'ai jamais vu souffrir une personne authentiquement "religieuse" ou "spirituelle"ou une "bonne personne" ou encore une personne "vertueuse".
Mais ce qu'ils veulent dire, en fait, c'est qu'ils pensent être eux-mêmes, spirituels, vertueux, innocents... et rien de tout cela n'est juste!
Peut-être sont-ils bons, mais c'est sous le coup de la peur, pas de l'amour. Ils sont bons parce qu'ils ont peur de l'enfer; ils sont vertueux parce qu'ils sont désireux et avides des plaisirs du paradis. Ils ne sont pas innocents, mais simplement ignorants - et il y a une ligne très fine, très délicate, entre ignorance et innocence. Un enfant est ignorant pas innocent.
Et quand vous renaissez au niveau spirituel, vous devenez à nouveau comme un enfant. Rappelez-vous, je dis "comme" un enfant. Je ne dis pas que vous redeveniez un enfant - vous devenez comme un enfant, innocent.
La démarcation entre ignorance et innocence est très fine; mais la personne ignorante est toujours en train d'essayer de ne pas être ignorante. Ce sont les symptômes: elle essaie de paraître bien informée.
La personne innocente essaie d'être plus innocente. Si quelque connaissance reste quelque part accrochée à elle, elle essaie de la rejeter au loin. Elle veut être complètement propre.
Un homme vint me voir - et je le connaissais, il n'était certainement pas une mauvaise personne, mais cela ne veut pas dire qu'il était une bonne personne. Il était simplement... un lâche.
Il voulait tout ce que les mauvaises personnes ont, mais il était lâche. Il voulait être riche, il voulait avoir du prestige et du pouvoir, il voulait devenir Président ou Premier ministre, mais il n'était pas prêt à aller à travers toutes les magouilles que vous avez à traverser avant de devenir président. C'est une voie longue et scabreuse, à travers d'innombrables magouilles, et ça devient de plus en plus sale, plus vous avancez. Il ne voulait pas faire cela. Il voulait simplement devenir Président parce qu'il était un homme bon... Il voulait être l'homme le plus riche, mais il ne savait pas que le riche a gagné de l'argent par des efforts pénibles, toutes sortes de fourberies, et qu'il a fait toutes sortes d'escroqueries. Tout cela lui faisait peur, il ne voulait pas aller en prison. Si vous avez peur de la prison, alors oubliez tout de la richesse ! La richesse veut dire une certaine intrépidité, un courage de risque-tout, être prêt à se battre, à entrer en compétition sans se soucier de savoir si les moyens sont justes ou faux. Le riche, le puissant, l'homme qui a réussi... pour eux la fin justifie les moyens - peu importe que vous ayez à prendre les gens à la gorge, à tuer des gens. Votre but est de réussir, et vous êtes prêt à payer n'importe quoi pour ça. Maintenant cet homme voulait toutes ces choses, et il voulait aussi rester bon, vertueux, et il voulait ne jamais être fourbe, ni être trompé.
Vous demandez l'impossible !!!
Si vous êtes réellement en amour avec la bonté, en amour avec l'innocence, en amour avec la vertu, vous devrez être prêt à tout risquer pour cela - tout succès, toute respectabilité, tout prestige, tout. Même si les lois de l'existence changent, et que l'on déclare depuis les cieux que maintenant ce ne sont que les mauvaises personnes qui entreront au paradis, et que toutes les bonnes personnes iront en enfer, vous serez prêt à aller en enfer, mais vous ne pourrez pas abandonner votre bonté.
Je me rappelle d'un magnifique incident. Il arriva qu'Edmond Burke, un des grands historiens d'Angleterre, avait un ami qui était aussi célèbre que lui, mais qui était théologien. Même le roi et la reine venaient écouter son sermon du dimanche, mais Edmond Burke n'y allait jamais.
Un jour, son ami lui demanda: "C'est un peu dur pour moi, je m'attendais à ce qu'un jour tu viennes; Même le roi, la reine et toute la famille royale viennent, tous les grands érudits de l'université, et toi qui est mon seul ami, tu es la seule personne... par courtoisie tu pourrais venir au moins une fois !"
Edmond Burke répondit: "C'est à cause de cela que je ne suis jamais venu. Mais si tu insistes... dimanche prochain, je viendrai - sois prêt."
Il lui demanda: "Qu'est-ce que tu veux dire par 'sois prêt' ?"
Il répondit: "Tout sera clair quand je viendrai à l'église."
Son ami prépara un très beau sermon. Tous les prêtres catholiques préparent leurs sermons. C'est quelque chose d'inconnu chez les mystiques.
Préparer un sermon ?! Êtes-vous un instituteur dans une école ? Un professeur dans un collège ? Ne pouvez-vous rien dire spontanément ? Ceux qui ont expérimenté devraient avoir à chaque instant un flot spontané d'eau fraîche, de fraîche énergie.
Une allocution préparée, même bien articulée, est basiquement fausse, parce qu'elle ne vient pas du cœur.
Edmond Burke vint. Son ami avait préparé son meilleur sermon; il voulait impressionner Edmond Burke. Il regardait continuellement le visage d'Edmond Burke - mais il n'y avait aucune émotion, pas de sentiment visible, aucun impact de ce qu'il disait. Il commença à bégayer, il devint nerveux: cet homme était assis au premier rang comme une statue de pierre!
Et puis il y eut le temps des questions, et le premier à se lever fut Edmond Burke. Il dit: "J'ai une question; tu as dit dans ton allocution qu'un homme qui est bon, vertueux, un croyant en Dieu, va au paradis. Et qu'un homme qui n'est pas bon, pas vertueux, qui ne croit pas en Dieu, va en enfer, dans le feu éternel. Ma question est", dit-il, "que tu as trop simplifié les choses. Je voudrais savoir ceci: si un homme est bon et vertueux et qu'il ne croit pas en Dieu, où va-t-il ? Et si un homme est mauvais, pas vertueux, mais qu'il croit en Dieu, où va-t-il ?"
Le théologien fut perdu, parce que répondre à cela posait problème. Il dit: "Pardonne-moi, je ne peux pas y répondre spontanément"
Edmond Burke répondit : "Je le savais, car l'allocution entière ne fut pas spontanée du tout. Tu es un perroquet. Combien de temps te faut-il pour regarder dans les écritures et la bibliothèque et trouver la réponse? Tu n'as même pas la réponse, et tu as le culot de dire, et avec une telle emphase, qui va au ciel et qui va en enfer !
Et j'ai posé une question toute simple..."
Le théologien dit: "J'ai besoin de huit jours. Dimanche prochain, je répondrai."
Ces huit jours furent l'enfer. Il essaya dur, dans un sens, dans l'autre: "Mais quoique vous disiez semblait faux. Un homme qui ne croit pas en Dieu, mais qui est bon, et vertueux - vous ne pouvez pas l'envoyer en enfer. À quoi ça sert d'être bon et vertueux? Un homme qui croit en Dieu mais qui n'est pas bon, pas vertueux - vous ne pouvez pas l'envoyer au paradis, car si vous l'envoyez au paradis, qu'y a-t-il de mauvais à être un pécheur, à être mauvais, à ne pas être vertueux? Juste de croire en Dieu... ? Alors laissez tomber tout ce non-sens, rendez les choses plus simples: ceux qui croient en Dieu vont au paradis et ceux qui n'y croient pas vont en enfer! Alors pourquoi se soucier sans nécessité de ces qualités de bonté et de vertu?
Il devenait fou, il ne pouvait plus dormir. Et le dimanche arriva et il arriva vite! Le temps est très farceur. Quand vous voulez qu'il aille lentement, il va vite, et quand vous voulez qu'il aille vite, il va très lentement... il va toujours contre votre désir !
Il arriva à l'église une heure avant l'heure du sermon. Il n'avait toujours pas de réponse. Il pensa qu'il devait faire une prière à Jésus-Christ: "Aide-moi, les écritures ne sont d'aucune aide. La bibliothèque... pendant huit jours j'ai travaillé dur, mais... pas de réponse! En fait Edmond Burke a raison, c'était juste par courtoisie qu'il ne venait pas. Je l'ai forcé sans nécessité à venir et maintenant il a créé un problème, pas seulement pour moi, mais pour toute ma congrégation. Maintenant aide-moi si tu veux bien. " Prosterné devant la statue de Jésus-Christ, mettant sa tête à ses pieds, il dit: "Aide-moi parce que ce n'est pas seulement la question de mon prestige, c'est toute ta religion qui est en cause, je n'en suis qu'un représentant."
Il n'avait pas dormi pendant huit jours, il s'endormit aux pieds de Jésus-Christ. Et il fit un rêve. Un rêve dans lequel il vit qu'il était assis dans un train, un train très rapide, et il se renseigna: "Où va ce train, vers où suis-je emmené ?"
On lui répondit :
"Ce train va au paradis."
Il se dit: "C'est très bien, c'est bien mieux que je vois de mes propres yeux quelle sorte de gens sont là."
Et il conclut: "Si je peux trouver là Socrate, ça voudra dire que la bonté, l'innocence, la sincérité sont suffisantes, qu'il n'y a pas besoin de croire en Dieu. Si Socrate est là, Gautam le Bouddha, Mahavir... mais si je ne trouve pas ces personnes, je verrai alors quelles sortes de personnes sont là - car Adolphe Hitler croyait en Dieu, Napoléon Bonaparte croyait en Dieu, Alexandre le Grand croyait en Dieu, et ils ont tué beaucoup de gens. Nadirsha croyait en Dieu et sa seule joie était de brûler les gens vivants. Si je trouve ces personnes sur place, alors s'en est fini de moi, j'aurai à dire la vérité à ma congrégation."
Il atteignit le paradis.
Il ne put pas en croire ses yeux. Il nettoya ses lunettes, regarda encore. La gare semblait avoir subi une catastrophe, elle était en ruine. Il y avait écrit 'paradis', mais le mot était effacé; il y avait peut-être des millions d'années que quelqu'un l'avait écrit. Et c'était sale, partout. Il se dit que... peut-être était-il arrivé en Inde ou quoi? Cela ne ressemblait pas au paradis, quelle sorte de paradis était-ce donc là ?
Il descendit du train et alla au bureau des renseignements - il n'y avait personne. Il essaya de découvrir... "je voudrais me renseigner au sujet de quelques personnes, sont-elles ici? Gautam le Bouddha? Socrate? Pythagore? Héraclite? Epicure ? Mahavir ? Lao Tseu ?"
On lui répondit: "Jamais entendu parler."
Et il vit des gens, juste des cadavres, comme si tout jus avait été retiré de leur peau, des squelettes. Il se renseigna: "Qui sont ces gens ?" L'un était un grand saint dont il avait entendu parler, un autre était saint François, un autre, Eckhart...
Il dit: "Mon Dieu !"
Et de la poussière, des couches de poussières sur tous ces gens, et tout l'endroit donnait l'impression que la pluie n'était pas tombée depuis des siècles. Tout était sec, rien n'était vert - pas de fleurs, pas de feuilles !
Il n'avait jamais vu un tel endroit. Il dit: "Mon Dieu, si le paradis est comme ça, God save the Queen ! (Que Dieu sauve la Reine!) C'est un endroit dangereux."
Des saints étaient là assis en dessous d'arbres dénudés, sans feuilles. Il demanda si le printemps arrivait parfois ici ou pas - il se vit répondre : "On n'a jamais entendu ce mot. Que voulez-vous dire par 'printemps! ?" Pas de danse, pas de chanson, pas de joie...
Il se rua à la gare et se renseigna pour savoir s'il y avait un train pour l'enfer. "Il est à quai, il part tout de suite", lui dit-on.
Il prit le train pour aller voir l'enfer. Quelle était la situation là-bas - car vu l'état du paradis, on ne pouvait concevoir ce que ça pouvait être en enfer ! Mais alors qu'il approchait, la brise devint plus douce, odoriférante. Et quand il atteignit la gare il vit de magnifiques personnes, hommes, femmes, enfants. Il dit: "Mon Dieu, il semble y avoir une erreur quelque part, cet endroit devrait être le paradis, tout le monde semble si heureux."
Il descendit et il demanda à quelqu'un: "Avez-vous entendu parler de Socrate, de Gautam le Bouddha, de Bodhidharma, de Basho ?"
La personne répondit: "Ce sont les personnes qui ont changé l'endroit. Cet endroit était pourri, mais depuis que ces gens sont arrivés, ils ont changé l'endroit complètement. Maintenant tout est vert, c'est une oasis. Il y a l'amour, il y a des chansons, la musique. Attendez ce soir, quand tout le monde danse, chante, pour l'instant tout le monde travaille dans les champs. Regardez cet homme qui travaille là-bas dans le champ, c'est Socrate !"
Ce fut un tel choc, qu'il se réveilla.
C'était l'heure où la congrégation se réunissait. Les gens avaient commencé à arriver et ils se tenaient autour de lui, et le regardaient en se demandant : "Que se passe-t-il ? Est-il endormi, est-il inconscient ou quoi ?"
Edmond Burke était venu pour écouter la réponse.
Le théologien dit: "J'ai fait de mon mieux, mais je n'ai pas pu trouver la réponse. Mais je viens juste d'avoir un rêve - je vais vous le raconter et vous pourrez en tirer vos propres conclusions.
Mes conclusions sont celles-ci: Je suis désolé, mais ce que je vous ai dit n'était pas juste. La question n'est pas de savoir si les bonnes personnes, les personnes vertueuses, vont au paradis; en fait c'est juste l'inverse... là où vont les personnes bonnes et vertueuses elles créent le paradis.
Et croire en Dieu est sans signification, c'est selon votre fantaisie - vous pouvez croire ou ne pas croire, ça n'a aucune importance en ce qui concerne les ultimes conclusions de la vie."
Laheru, tu me demandes pourquoi les gens innocents souffrent ?
Une chose est sûre: ils ne sont pas innocents ! Ils ne connaissent pas la beauté de l'innocence.
La personne innocente ne peut pas souffrir. Où qu'elle soit, elle est au paradis.
Et la personne calculatrice, où qu'elle soit - elle peut être au paradis - est obligée de souffrir.
Si vous êtes innocent à cause de la peur - à cause de la peur d'être attrapé par la police - vous ne commettrez aucun crime; mais c'est à cause de la peur de la loi et des tribunaux.
En ce qui concerne la bonté... si votre bonté, votre "innocence", votre "vertu" proviennent de la peur, alors vous n'êtes pas réellement vertueux. Vous n'êtes simplement qu'un lâche, et les lâches souffrent, ils le méritent.
Être innocent veut dire être réellement brave. Dans ce monde de faussetés, être innocent signifie qu'on est vraiment brave. Être innocent, authentique, est une réjouissance - la souffrance peut vous entourer, les flammes peuvent vous entourer, mais elles ne peuvent pas vous brûler.
Je n'ai jamais rencontré un homme bon qui ait souffert, car chaque bonne action est une récompense par elle-même, de même que chaque mauvaise action est une punition par elle-même.
Il n'y a pas de récompense et de punition après coup, après la mort, au-delà de ce monde.
Si vous mettez votre main dans le feu, elle sera brûlée tout de suite, pas dans la prochaine vie, pas en enfer.
La cause et l'effet sont liés; ils ne peuvent pas être séparés.
Si donc vous souffrez, regardez à nouveau si votre innocence est de l'innocence.
Votre souffrance doit devenir un point d'interrogation.
Et vous découvrirez que votre innocence n'est pas de l'innocence, vous êtes tout simplement un lâche. Quand votre innocence est vraiment de l'innocence, le ciel tout entier peut verser de la souffrance sur vous et vous n'en serez pas affecté. Rappelez-vous toujours que l'existence est cash. Ce n'est pas une promesse de payer. Vous faites quelque chose, et immédiatement, dans le faire lui-même, se trouve le résultat.
Mais les gens sont très étonnants. Je me rappelle d'un ami, il me connaît depuis presque quarante ans. Quand je fus de retour d'Amérique, il vient me voir. Naturellement il était très triste parce que j'avais été mis en prison illégalement, et que j'avais dû être torturé, harassé. Il avait les larmes aux yeux.
J'étais en train de parler à un journaliste et je ne pouvais donc rien lui dire à lui, mais il s'assit et écouta. Et je disais au journaliste:
"Ça a été une très belle expérience. Vous pouvez me mettre des menottes, vous pouvez m'enchaîner les pieds, vous pouvez mettre une chaîne à ma taille... mais cependant je reste le même, ma liberté n'est pas touchée. Vous avez attrapé mon corps mais pas moi. Et après trois jours de prison le gardien me dit: "vous êtes étonnant, on n'a jamais vu personne se réjouir autant de la prison."
Je lui dis: "C'est la première fois que je vais en prison, et je ne veux pas en manquer un seul instant. J'apprécie tout, parce tout est neuf, c'est un monde complètement différent."
Il y avait des ordres venant d'en haut de me faire du tort de toutes les façons possible, et ils ont fait tout ce qu'ils ont pu.
Mais au fur et à mesure que le temps passait... un jour, le second jour, ils commencèrent à me poser des questions - le directeur de la prison, le docteur, les infirmières. Quand des milliers de télégrammes, d'appels téléphoniques commencèrent à arriver, et des milliers de fleurs du monde entier, et des demandes de renseignements à mon sujet, ils devinrent conscients que 'voici une rare opportunité, on ne doit pas la manquer... s'il y a quelque chose qu'on aimerait demander...'
Les infirmières me dirent que le directeur ne venait habituellement qu'une fois par mois à l'infirmerie, maintenant il venait six fois par jour ! Tout le staff venait à l'infirmerie simplement pour me voir - quelqu'un voulait un autographe, un autre voulait faire une photo, un autre amena sa femme et ses enfants pour avoir une photo avec moi. Je leur dis: vous faites de mon temps de prison une telle joie!
Le troisième jour, lorsque j'ai quitté la prison, les gardiens m'ont dit à l'aéroport: 'quand vous êtes arrivé vous sembliez fatigué, vous paraissez davantage en forme maintenant, c'est étonnant.' Je leur dis: 'Trois jour de repos complet...' car de la journée entière je ne faisais rien, sauf d'être étendu, en silence. Dormir était impossible, parce qu'ils avaient placé deux télévisions juste à coté de moi. Elles émettaient en permanence, et à forte puissance, du matin jusqu'au milieu de la nuit. Ils avaient installés là tous les fumeurs à la chaîne... parce qu'ils étaient informés de mon allergie, ils avaient remplis toutes les cellules alentours de fumeurs. C'était plein de fumée... et continuellement la télévision. Il n'y avait donc rien d'autre à faire que de rester étendu et d'être simplement à l'intérieur, de ne pas en sortir du tout !
Etonnamment, pendant trois jours, continuellement dans la fumée, mon allergie ne m'a pas dérangé. Autrement le moindre parfum, un peu de fumée, un peu de poussière, et je suis pris d'une attaque d'asthme. Mais j'ai laissé le corps à l'extérieur, et je me suis glissé à l'intérieur aussi profondément que possible pour être le plus loin possible de la fumée - laisser le corps s'y attaquer.
Les docteurs dirent: "Vous êtes allergique à la fumée, mais il y a une fumée continuelle, et vous n'en êtes pas affecté ?"
Je dis: "'C' est parce que je n'ai pas été dans mon corps pendant trois jours. J'ai essayé dur de me garder à l'intérieur autant que faire se peut - à l'abri. "
Je ne mangeais pas beaucoup, car ce n'était que de la nourriture non-végétarienne, et les ordres d'en haut étaient qu'aucune attention spéciale ne devait m'être donnée. Aussi ne me donnaient-ils pas de nourriture végétarienne. Je dis : "Ne soyez pas inquiet..." Les prisonniers m'apportaient leurs fruits, leur lait. Et ils me disaient: "Vous ne mangez rien du tout "et ils ne vous donnent pas de nourriture végétarienne, mais on a une pomme par jour, et un verre de lait et on est douze. Ne vous faites pas de souci, vous pouvez avoir douze verres de lait et douze pommes !"
Mais je leur dis: "C'est mieux de ne pas manger. Je vais prendre seulement quelques-uns des fruits que vous avez apporté avec tellement d'amour, et je vais boire du lait, mais je ne veux pas que mon corps fonctionne trop. Digérer veut dire que le corps fonctionne. Laissons-le dormir - presque mort, pas de fonction. Je ne veux pas qu'il sache comment créer mon asthme..."
Pendant trois jours ils ont essayé dur, mais ils ne purent créer aucun problème pour moi. Et dans chaque prison, tous les docteurs durent consigner que ma santé était parfaite.
Ils avaient créé une situation qui devait être totalement destructrice pour ma santé. J'ai perdu quatre kilos, mais il n'y eu pas de souffrance. En fait, lorsque je suis sorti de la prison Nirvano m'a dit: "Vous paraissez être mieux que vous n'étiez avant." Je lui ai dis: "J'ai perdu quatre kilos. Amrito, mon docteur, avait essayé de faire baisser mon poids, il n'y était pas parvenu, mais ces idiots d'Américains l'ont fait !"
J'ai apprécié. Je ne peux pas dire qu'il y ait eu la moindre souffrance en moi. De leur coté ils étaient absolument déterminés à me faire souffrir, et comme ils n'y parvinrent pas ils furent terriblement frustrés.
Je parlais au journaliste, et mon ami écoutait. Et quand j'eus fini avec le journaliste, je lui ai demandé: "Comment vas-tu ?" Il était très choqué.
C'est quelque chose de très important à comprendre pour vous.
Il était venu de très loin; il aurait aimé pouvoir se lamenter avec moi, car j'avais été harassé, brutalisé: quelque chose devait être fait contre le gouvernement américain.
Mais quand il entendit que j'avais profité de toute l'histoire, sa figure changea, il devint très frustré. Il dit: "On pensait à quelque chose d'autre…"
Je lui dis: "Vous pensiez selon votre propre mental. Quand tu es arrivé, tu étais triste pour une certaine raison, maintenant tu es triste pour une autre raison - parce que tu ne peux pas te plaindre avec moi et que tu as raté ta chance.
De toute façon personne ne peut se plaindre avec moi, dans aucune situation, je ne le permets pas, car je suis capable de me réjouir de toutes les situations".
Laheru, l'innocence ne peut pas souffrir.
Si elle souffre c'est que ce n'est pas de l'innocence c'est simplement de la lâcheté. Tout ce qui est sincère, authentique, vous apportera toujours de la joie.
C'est absolument certain…où que soient les personnes bonnes, elles sont au paradis - non pas que les personnes bonnes aillent au paradis... le paradis vient vers les personnes bonnes.
Je ne veux pas que vous soyez préparés, comme cela se fait dans toutes les églises, les synagogues, les mosquées et les temples. Ils vous préparent à aller au paradis, et si vous ne les écoutez pas, vous tomberez en enfer. Je vous prépare pour une expérience complètement différente... je vous prépare pour que le paradis entre en vous !
C'est un espace psychologique, pas géographique.
Quand le premier astronaute Gagarin revint de l'espace... il fut le premier homme à aller dans l'espace, il fit le tour de la terre pour prendre des photographies, et quand il revint, la première question qui lui fut posée - ce qui est naturel en Russie - fut: "Avez-vous rencontré Dieu ?"
Et il dit: "Non. Il n'y a pas de Dieu".
À Moscou, ils ont fait un musée de toutes les choses que les astronautes ont rapporté de l'espace, de la lune... Au-dessus de la porte, une phrase de Gagarin est écrite en lettres dorées: Nous avons exploré l'espace et il n'y a de Dieu nulle part.
Je voudrais dire aux Russes, et au monde entier: en explorant l'espace vous ne trouverez pas Dieu; explorez l'espace intérieur, et il est là.
Il ne s'y trouve pas en tant qu'objet. Il s'y trouve en tant que sujet, c'est votre réelle subjectivité.
Vous êtes cela, et une fois que vous l'avez découvert, il n'y a plus de souffrance pour vous, plus aucun enfer, plus aucune détresse pour vous…
La vie toute entière n'est plus alors qu'une danse de réjouissances, magique, miraculeuse...
Osho extrait de The Rajneesh Upanishad - Discours du 24 septembre 1986