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Interview de Meera

peinture de meera

L’art-thérapeute japonaise Meera Mashimoto est connue dans le monde entier pour ses peintures exceptionnelles ainsi que pour ses stages d'Art -thérapie qui visent à une meilleure connaissance de soi et la découverte de la créativité...

Meditationfrance l’a rencontrée après un stage de peinture, voici l'interview traduit de l'anglais par notre ami Nirav et corrigé par notre équipe (pardonnez-nous pour les éventuelles fautes...).

Meditationfrance (MF) : Meera, peux tu nous expliquer comment tu es d'abord devenue peintre puis Art-thérapeute ?

Meera: Depuis toute petite, j'ai une intense force intérieure qui me pousse et une attirance vers la peinture. Mais tout a vraiment commencé quand je faisais mes études d'art !
J'ai eu le déclic et rapidement j'ai compris que le danger de l'art était de le faire à partir de mon ego... A l'époque je vivais en Espagne et je faisais partie du mouvement Tolemo, un mouvement très " masculin ", nous étions très connus, nous faisions des galeries, nous apparaissions a la télé et à la radio, nous sommes devenu très connus et appréciés...et pourtant, un jour en peignant, j'ai eu cette sensation dans ma bouche, comme si je " mâchais du sable ", littéralement !

Alors j'ai réalisé que ce n'était pas la bonne manière d'être créatif, que la créativité peut-être autre chose que d'aller vers un certain but, vers un certain objectif. C'est à ce moment que j'ai rencontré l'enseignant spirituel Osho.

C'est étrange car je ne croyais pas que l'on puisse avoir besoin d'une telle connexion pour se trouver intérieurement, parce que j'étais assez satisfaite d'être une artiste, et je croyais que je pourrais chercher ma vérité a travers une forme d'art, la peinture. Je ne savais donc pas ce que pouvait être une recherche spirituelle a travers un maître illuminé, éveillé.
Et lorsque je l'ai rencontré , il m'a dit de commencer des stages d'art; ce qu'au début, j'ai eu du mal à comprendre. J'étais tellement déçu par la compétition qui règne dans le monde des arts, chacun essayant de créer son propre " musée " et personne n'utilise réellement l'art comme un pont pour trouver sa propre identité, une identité plus originale !

Et maintenant cela fait 20 ans que j'organise des stages de créativité dans le monde et je suis si heureuse d'avoir eu cette chance de développer la peinture et la méditation ensemble...

MF : Peux tu expliquer un peu plus le sens de ses stages ? Je t'ai entendu dire que l'essentiel n'est pas de peindre pour l'esthétique et encore mois pour la performance, c'est pour autre chose, pour une meilleur connaissance de soi-même...

Meera :oui, c'est juste… ma compréhension est que tu n'as pas besoin de talent pour créer ou pour peindre mais seulement d'un immense pont pour ouvrir nos sens, notre perception de l'existence.
C'est pourquoi j'utilise la peinture pour être ici dans le moment présent, sans idée du passé ou du futur. Quand je peins, j'ouvre tous mes sens pour être présent dans l'ici et maintenant.

J'ai découvert une nouvelle manière de peindre qui invite à goûter cet espace au de là du mental, qui est en fait l'essence même de la méditation.

MF : Pourquoi les gens dans le monde ne sont pas si créatifs, qu'est-ce qui a été endommagé en eux ?

Meera : C'est le conditionnement ! Les gens pensent qu'ils sont ce qu'on leur enseigne. Personne ne vous dit que la personnalité et l'ego ne sont pas ce que nous sommes réellement. L'individualité n'est pas empruntée, elle n'appartient qu'à soi ! Il faut simplement retirer nos masques et aller dans cet espace intérieur. Dans mes stages j'utilise beaucoup les méditations actives, surtout la méditation dynamique pour briser ses conditionnements.

MF : Comment considérez- vous des peintres comme Van Gogh ou Picasso ?

Meera: Je suis triste pour eux, parce que s'ils avaient su, s'ils avaient rencontré un maître authentique qui enseigne plus que l'art, alors leurs vies auraient pu être heureuses. J'ai vraiment de la pitié pour Van Gogh, je l'aime vraiment du fond de mon coeur, mais il ne connaissait rien d'autre que la peinture ! C'est pour cela qu'il a abandonné et s'est suicidé à 33 ans.
Si les artistes pouvaient réaliser que la vie peut donner bien plus qu'ils n'imaginent, c'est a dire la création de son être intérieur, pas seulement une belle peinture. J'ai réalisé que tout ce qui est beau disparaît tôt ou tard, même les peintures de Picasso, si belles, disparaîtront un jour ou l'autre !
Seule la conscience ne disparaît pas. Si ces peintres prenaient conscience qu'il est possible de sortir de cette obsession de faire une belle peinture, qu'il n'y a pas besoin de souffrir pour créer...
L'art véritable pour moi, c'est un art objectif qui est l'expression de notre être intérieur, de notre joie de vivre et de créer... c'est mon but que de transmettre cet enseignement dans les stages: créer une situation ou l'on peut-être librement créatif, comme des enfants, sans devenir des victimes ou des robots !

MF : Pouvez-vous nous dire quelles sont les personnes qui viennent à vos stages?

Meera : La grande majorité, ce sont des personnes qui veulent comprendre pourquoi l'origine de leur créativité a été endommagée; et ils veulent vraiment retrouver leur créativité personnelle - ensuite il y a environ 20% de gens qui veulent être des artistes mais qui en ont ras le bol de la manière dont la société enseigne l'art, parce qu'il n'y a souvent pas de vie dans les enseignements classiques et lorsque tu ne peux pas connecter la vie avec ce que tu peins, la peinture devient morte.

Et si tu aimes cela alors il n'y a pas de problème... mais pour beaucoup d'artistes c'est frustrant !

Et si inconsciemment tu sais, qu'une voix a l'intérieur de toi te dit " Hé, tu as l'air d'être heureux, de faire une peinture originale, mais tu n'as pas de joie a l'intérieur de toi, tu ne fais que répéter, parce que comme artiste tu dois faire quelque chose dans la vie".

MF : Avez-vous quelques exemples d'artistes dans le monde qui sont vraiment heureux ?

Meera : je pense que Paul Grey avait vraiment un sens de la méditation. A chaque fois que je vois ses peintures...il y a une certaine attention, tellement de soins dans chaque détail, il y a une certaine tranquillité aussi, c'est une vision nouvelle de la peinture. A chaque fois que je regarde ses peintures mon mental ralentit, c'est un signe !

MF : Vous avez parlé précédemment d'art objectif, pouvez nous expliquer cette notion ?

Meera : L'art objectif est en opposition à l'art subjectif. L'art objectif c'est l'art zen par exemple... un art qui vous amène dans l'espace de méditation mais avant tout un art crée dans l'espace de méditation !
Alors que l'art subjectif, c'est un art qui exprime notre personnalité, nos malaises, notre agonie, notre ego…et il exprime la souffrance...

MF : Vous me rappelez le docteur indien et auteur de nombreux ouvrages, Deepak Chopra, lorsqu'il dit "chacun a sa place sur terre et nous devons tous trouvé notre créativité, là où on est naturellement le meilleur ". Il explique en quoi il y a toujours un domaine qui est fait pour nous, ce n'est pas forcément là où nous avons fait des études ni là où nous avons un diplôme, c'est là où nous sommes naturellement créatif...

Meera. : c'est vrai, c'est pour cela que je ne crois pas en l'apprentissage graduel. Comment aller a l'intérieur de soi, comment être présent, c'est ça le véritable apprentissage. Ainsi dans nos stages de peinture tout se superpose : apprendre sur les choses à l'extérieur, et en même temps apprendre sur soi- même, sur la profondeur de son être.

La créativité ne vient pas effectivement de vos qualité techniques, mais de votre être…si vous faîtes quelque chose qui vous correspond, vous aimerez et vous serez bon mais si vous n'aimez pas, vous ne serez jamais créatif, heureux, épanoui... peut-être efficace, riche, mais pas satisfait intérieurement...

MF : Où travaillez- vous aujourd'hui dans le monde ?

Meera : je suis basée en Europe car c'est la ou j'ai vécu toute ma vie. En Suisse, en Hollande, en Espagne la plupart de temps et un peu en Allemagne, et je vais beaucoup en Scandinavie. J'aime beaucoup la Scandinavie, là bas quelque chose n'est pas contaminé dans l'être des gens et la nature y est très forte !

MF : Vous n'allez plus au Japon?

Meera : Si, je vais une fois par an au Japon en Avril en général, au moment de la fleuraison des cerisiers, et je pense que dans le futur je vais créer un centre ou une communauté au Japon, où la méditation et la créativité peuvent aller ensembles. C'est mon rêve…

MF : Merci Meera de nous avoir accordé cette interview !


 

Témoignage d'un participant français lors du dernier stage :

Eric Bloch, 33 ans, ingénieur

MF : Comment s'est passé ce stage pour vous ?

Eric : J'ai été très touché par ce stage avec Meera. Je ne sais pas exactement ce qui m'a touché, mais je sens qu'il est bon pour moi d'être touché. Je me suis engagé dans le stage sans savoir ce qui m'attendait. J'ai vu une présentation de Meera avant le stage, ça m'a tellement touché que j'ai rapidement décider de faire le groupe. Ca a été une superbe expérience. Je n'avais pas peint depuis 20 ans peut-être. Le moment le plus fort a été dans le stage l'exercice de communication avec sa peinture. J'ai été ému par deux parties de la peinture, l'une très belle dans laquelle je reconnaissais plusieurs de mes qualités et l'autre très sombre. j'y ai vu une partie de moi qui était morte, qui ne sait pas ce qu'elle est, ce qu'elle veut. J'ai été très surpris de sentir de la joie lorsque je me suis laisse regarder par ces deux parties, simplement comme je suis.

MF : Vous n'avez pas eu peur de ne pas savoir peindre, peur de la feuille blanche ?

Eric : Si, J'ai souvent eu peur de peindre une peinture laide. Il y a eu des moments où j'étais atterré en voyant que mon dessin n'était pas beau. Je me rappelle d'un moment précis a la fin d'une peinture, tout était noir et sombre et j'étais démoralisé d'en être arrive la. J'ai alors fermé les yeux, lâché les pinceaux et j'ai écarté la peinture avec mes mains. Lorsque j'ai réouvert mes yeux, j'ai vu quelque chose de très joli, un peu comme le coeur d'une fleur qui explose !
C'était les 30 dernières secondes de cette peinture, que j'ai d'ailleurs conservée. Pour moi, ça a été un signe qu'il ne faut pas chercher à faire toujours les choses belles, souvent on cherche à contrôler avec notre tête…et là, en faisant quelque chose de fou…en mettant les mains dans la peinture, soudainement, j'étais dans le présent et le résultat est non seulement beau mais jouissif...

Pour voir les peintures de Meera, cliquez sur : www.meera.de