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Education répressive ou compréhension du mental

enfants

par Emmanuel Moulin

La violence scolaire a augmenté de 12 % pour l'année 2003-2004 dans les collèges et lycées en France par rapport à 2002-2003, selon les données publiées, vendredi 15 octobre, par le ministère de l'éducation nationale.

Face aux manques de respect, à l'arrogance et à la violence commis par des adolescents et des enfants, nombreux sont ceux qui aujourd'hui réclament un retour aux moyens coercitifs pour rétablir le sens et la valeur de l'autorité ?

En programmant, en période de rentrée scolaire, un reality-show provoquant (Le pensionnat de Chavagnes) censé représenter la vie d'un établissement scolaire répressif des années 50, la chaîne M6 a-t-elle montré l'exemple ? Est-ce bien de cette éducation dont nos enfants ont réellement besoin ?

En fait, personnellement, je ne suis pas surpris de cette nouvelle tendance car les masses, la société évolue toujours selon le rythme d'un balancier. Je m'explique : il y a 50 ans, l'école mais aussi le monde en général fonctionnaient encore par une discipline brutale qui faisait appel aux humiliations, aux brimades et à la peur. On enseignait l'obéissance absolue au père, au prêtre, au professeur et aux autorités politiques.

Je me rappelle toujours de cette scène que mon ami Gérard qui avait 15 ans dans les années 60 m'a plusieurs fois raconté que lorsqu'il était punit, sa maman lui mettait la tête sous l'eau dans la baignoire, pour qu'il comprenne bien l'erreur qu'il avait fait.

Charmant ! Et dire qu'elle est toujours en vie, ce n'est pas un monstre, elle a juste, je pense, appliquée les méthodes d'éducation de son époque. Bon.tout le monde n'utilisait pas cette méthode, j'imagine, mais par exemple, je crois que dans beaucoup de famille, si le père demandait le silence à table, il y a avait le silence. On ne pouvait pas confronter le père.

Aujourd'hui, vous savez tous comment se comportent les enfants ou les jeunes. C'est l'enfant que les parents ne peuvent plus confrontés ! On est passé d'un extrême à l'autre !

Je pense que l'abus d'autorité mais aussi le manque d'autorité proviennent de l'inconscience de l'homme, de son immaturité. Bouddha nous a enseigné que le mental ne peut exister que dans les extrêmes et c'est pourquoi on vit toujours dans les extrêmes. Trop d'autorité puis plus d'autorité. Et voilà que maintenant, certains veuillent revenir au « trop d'autorité ». Cela n'a rien de surprenant. C'est le retour du balancier.

Mais suffit-il d'user de moyens coercitifs pour rétablir le sens et la valeur de l'autorité ? Ne peut-on pas sortir de ce jeu de balancier inconscient ? Peut-on assimiler autorité et autoritarisme ? Ne faut-il pas d'abord s'interroger sur ce qu'est l'autorité, sur ce qui la fonde ?Un philosophe indien Sarkar, immensément connu dans son pays explique que les sociétés évoluent selon des lois de réaction, karmiques. Il existerait un certain déterminisme historique. Dès les années 70, l'économiste et penseur indien Dr ravi Batra a publié un ouvrage basé sur la philosophie de Sarkar qui a donné lieu à une analyse intéressante. Il prévoyait déjà l'effondrement du communisme pour le début des années 90 et l'entrée des pays de l'est dans un libéralisme économique sauvage (car ce sera disait-il une réaction naturelle à un système extrême). C'est exactement ce qu'il se passe. Il prévoyait aussi l'effondrement progressif du capitalisme pour les années 2000- 2020, il disait que l'Occident allait perdre des valeurs de liberté (liberté sexuelle, liberté d'entreprendre, liberté politique, éducation libérale) car là aussi, il disait c'est l'évolution naturelle des choses. Et il prévoyait un retour très fort de l'autoritarisme.

Et il me semble que c'est exactement ce que nous observons. La tentation est grande de revenir à l'autoritarisme, à la répression, au contrôle !

Mais cela n'aidera pas le monde à grandir, cela nous permettra pas de sortir des cycles du mental collectif. Il nous faut effectivement, je pense, une nouvelle vision de l'éducation mais celle ci doit intégrée une vision spirituelle de l'homme. En même temps que nous formons l'intellect de nos enfants, il nous faut aussi les former à la méditation. Il faut enseigner les sciences mais aussi la science de l'intérieur, la religion authentique, la spiritualité.

Car, il est essentiel que l'homme développe dans les mêmes proportions son intellect son cœur et son être. Sinon, nous créons un homme qui vit dans le mental or qu'est-ce que le mental ? Le mental est la cause de nos ambitions, de notre violence, de nos désirs, de notre inconscience. L'homme a besoin d'être enraciné dans son être sinon il est nécessairement l'esclave du mental. Vous croyez que les enfants d'aujourd'hui font exprès d'être violent, insultants, paresseux et gâtés ?

Non, ils sont dominés par des forces inconscientes. Ils ne connaissent que le mental.  

La méditation peut leur rendre leur force, leur maîtrise d'eux-mêmes. La pleine conscience, la vigilance, c'est rien d'autre que la naissance de votre propre autorité.

Nous avons passé la première étape entre 1968 et les années 90 : nous nous sommes débarrassés de l'autoritarisme, de l'éducation répressive.passons maintenant à la seconde étape.le contrôle de soi, la compréhension de soi. C'est une nécessité vitale, car si nous supprimons juste l'autoritarisme mais nous le remplaçons pas par autre chose à l'intérieur de l'individu, l'individu devient alors un simple esclave de son propre mental.

Quand vous, vous vous mettez en colère, vous pensez que c'est vous qui le faîtes. Vous le rationalisez et vous dîtes que la situation demandait une telle réponse : « Si je ne m'étais pas mis en colère, des choses n'auraient pas bien marché, il y aurait eu un vrai bordel au bureau. Les employés n'écoutaient pas. J'ai dû me mettre en colère pour arranger les choses. Pour remettre cette dame à sa place, j'ai dû me mettre en colère. » Toutes ces phrases ne sont que des rationalisations.

La colère provient de vieilles habitudes comportementales du passé. Et lorsque la colère surgit, vous cherchez à la justifier, vous cherchez une excuse. Les psychologues ont fait des recherches expérimentales et ils en sont arrivés aux mêmes conclusions que la psychologie ésotérique orientale : l'homme est une victime, pas un maître. Les psychologues ont mis des personnes en isolation totale avec tous les conforts nécessaires. On leur a donné tous ce dont ils avaient besoin, mais ils ne pouvaient pas rentrés en contact avec d'autres êtres humains. Ils étaient en isolation dans une cellule climatisée. Ils n'avaient ni travail, ni problèmes, ni stress mais il fut constaté que les mêmes habitudes continuèrent. Un matin, soudainement la personne sortait sa colère, sans aucune raison - et pourtant, tous les conforts étaient fournis et il n'y avait aucune raison de se mettre en colère.

C'est en nous que cela se passe. Et c'est pourquoi la méditation, la pleine conscience est la seule solution.

Avec la méditation, il n'y a pas besoin de revenir au bâton, à la politique de la répression. Vous êtes vous-mêmes maître de vous-même !

Ne soyons pas naïfs, ni stupides, l'éducation répressive qui a prévalu n'est pas une solution. Elle détruit plein de qualités essentielles à l'enfant. Elle lui inculque la peur, la répression des émotions et la honte pour ne citer que quelques uns des effets négatifs et destructeurs qui en sortent. L'éducation à l'ancienne détruit le spontané, l'amour de soi, la confiance et il est ensuite très très difficile de les retrouver. Certes, pour la société, peu importe, du moment que vous travaillez, que vous êtes utile. Mais avec cette éducation, jamais l'homme ne peut-être véritablement heureux. Il se sentira peut-être structuré, sécurisé mais cela n'est pas la maîtrise de soi, ce n'est pas la liberté.

L'enfant naît libre de toutes de peurs et la société doit aider cet enfant à rester libre de toutes peurs. Elle doit l'aider à devenir un aventurier de la vie, à aimer vivre intensément, à prendre des risques, à faire ce qu'il sent. L'enfant doit devenir un amoureux, un passionné de la vie. C'est cela la spiritualité, c'est comprendre que tout cela, notre vie, est un gigantesque cadeau.

Conclusion

Une éducation nouvelle est évidemment nécessaire mais je ne crois pas qu'il faille reprendre la vieille éducation autoritaire. Il faut repenser complètement l'éducation, il faut développer une éducation globale, humaine, qui intègre le Zen, le Tao, le Yoga, l' hassidisme et toutes les approches spirituelles contemporaines qui puissent permettre aux jeunes de maîtriser le mental et de se centrer dans leur être et dans leur cœur.

Emmanuel Moulin