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HOMME - VRAIMENT ?
par Dominique Vincent
J'ai 60 ans, deux enfants, un divorce. Un certain nombre de relations amoureuses qui ne se sont pas toutes bien terminées. Comme le dit Moustaki, j'ai embrassé et mordu. Je me suis fais mordre aussi. J'ai appris sur l'homme, ses faiblesses et sa splendeur, à travers ma propre histoire et aussi auprès de mes clients, voir de mes clientes, en psychothérapie. Il y eut aussi mes rencontres avec Guy Corneau et ma participation à un groupe d'hommes sur le thème de la violence.
J'ai appris des choses élémentaires, si simples mais si difficiles à réaliser.
D'abord, la nécessaire et inévitable séparation d'avec la mère et l'indispensable présence juste du père. La femme laissée seule avec l'enfant par le départ du père, mort à la guère, malade, absent physique ou psychique, quel drame ! Il est extrêmement difficile au petit garçon de se développer si sa mère ne porte en son cour de désir pour le père ou pour un autre amoureux, surtout s'il ne peut être là. Rien de pire mais combien fréquent qu'une mère qui se referme sur son fils, qui fait couple avec lui, après une déception amoureuse. Elle lui donne une place indue que le fils ne peut que prendre parce qu'il est normal qu'il désire sa mère. Pour pouvoir se développer, le petit garçon doit être renvoyé vers le père car le rôle d'amant lui est interdit, la place étant occupée. Le père est certes le rival, mais aussi une source d'amour et un modèle d'identification. Quand la place du père est vacante, le garçon usurpe cette place qu'en fait il ne peut tenir car il n'a pas eu le temps de se construire. Il est aussi fréquent que la mère ne puisse accepter le père qu'elle juge, souvent avec raison, brutal ou au contraire sans épine dorsale. Le message de la mère est alors : Surtout mon fils, ne soit pas comme lui! Que ce soit à cause de sa violence, de sa mollesse ou de son incapacité à la satisfaire sexuellement. Et que dire de l'expérience du fils battu ?
Pour se découvrir homme, il faut savoir se séparer, s'individuer, c'est quelque chose tant physique, énergétique, psychologique que spirituel. Assumer son territoire corporel propre, sa place occupée dans l'espace, sa verticalité et son centre, identifier ce qui monte en soi, son énergie phallique. Trouver le courage d'ajuster sa parole et ses actes à sa vérité profonde en prenant tous les risques nécessaires.
Je ne suis pas Staline, homme d'acier froid et brutal. Je me présente à la fois fort et vulnérable, en traversant mes angoisses dans le plaisir, de me découvrir et de m'affirmer tel que je suis.
Combien d'hommes sont devenus des morts vivants dans leur incapacité à tenir une place juste en face d'une femme qui, à leurs yeux, demeure une image maternelle toute puissante. Il ne leur reste plus qu'à se sauver ou à capituler devant celle qui peut alors prendre tous les pouvoirs.
Comment s'opère la reconstruction de l'homme resté prisonnier de la mère sans identification positive au père ?
Pour répondre à cette question fondamentale, j'ai l'expérience des séminaires pour homme et de la thérapie individuelle, en tant que client d'abord, puis comme psychothérapeute. J'ai réappris la fraternité masculine, l'amour profond qui peut lier des hommes entre eux au-delà de la peur et de la compétition. Je suis redevenu capable d'apprécier, d'admirer, d'aimer des hommes que je rencontre sur mon chemin alors que, enfant, j'ai été battu par mon père,et que, adulte, j'ai senti ma mort venir ayant été attaqué, battu et blessé par un groupe d'hommes au cours d'un voyage en Amérique latine.
Le simple fait d'oser participer à un séminaire d'hommes, de se regarder mutuellement, de se parler, de se toucher, est déjà réparateur indépendamment de toute technique ou activité particulière.
Je discerne trois aspects fondamentaux à explorer. Le premier est d'ordre généalogique. Il s'agit de retrouver la connection fondamentale avec nos ascendants masculins, le père d'abord, les grands-parents, arrière-grands-parents. et les oncles aussi. On peut comprendre ce qu'ils ont vécu, jusqu'où ils sont allésm et comment nous avons une tendance inconsciente à revivre leur histoire qui pourtant n'est pas la nôtre. Il est nécessaire de mettre un terme aux conflits avec notre père. Il n'a pu donner que ce qu'il pouvait, mais il nous a fait le plus grand des cadeaux possibles, celui de la vie. Cette vie en lui l'a poussé à faire l'amour avec notre mère et à nous engendrer dans le plaisir. Quand nous reconnaissons cela, notre père cesse d'être perçu en face de nous comme un obstacle sur notre chemin ; il passe ainsi que tous nos ascendants derrière nous. Ils nous soutiennent et nous poussent en avant.
Jung a mis en évidence que, malgré toutes les défaillances paternelles et maternelles, nous portons en nous des images formatrices de ce que c'est que d'être un homme, ce qu'il a nommé les archétypes. J'utilise principalement les archétypes du roi, du guerrier, de l'artiste et du magicien. Il est possible d'explorer de façon très concrète comment nous les incarnons et notre degré de maturité par rapport à chacun d'eux et ainsi de retrouver notre propre pouvoir. Cela permet des transformations radicales, en particulier sur le plan professionnel. Une de mes prises de conscience est que ces archétypes font comme partie de notre corps et se découvre dans les attitudes et les postures. Nous pouvons beaucoup apprendre par exemple du père et du roi tout simplement en nous tenant bien droit et en prenant conscience de notre dos, en particulier de notre axe vertébral.
Les hommes se définissent beaucoup par leur vécu sexuel. Toutes défaillances à ce niveau les atteint très profondément dans leur estime d'eux-mêmes. Dans ce domaine toute une exploration est possible pour trouver le sens de nos pannes sexuelles. Un aspect essentiel est de se décharger de responsabilités exagérées, comme celle de : « Je suis responsable de l'orgasme de ma partenaire. » Par contre beaucoup d'hommes se posent légitimement la question de savoir comment faire durer le plaisir pour eux comme pour leurs partenaires. Tout est possible par la relaxation, la respiration, une meilleure présence à son corps et à celui de sa partenaire. Que de plaisir à explorer les techniques sexuelles taoïstes.
Hommes, chacun à notre manière nous sommes tous des aventuriers. Nous avons besoin de voyager, de bâtir, d'aimer, de participer à l'élaboration de ce monde qui ne manque pas de défis. Nous vivons-nous comme victimes ou comme acteurs responsables ? Sommes-nous prêts tel Socrate à risquer même notre vie pour ce que nous percevons comme juste et désirable ?
Dominique Vincent est psychothérapeute et animateur d'ateliers depuis plus de 20 ans. Après une formation classique en France et au Canada il a fait de nombreux voyages en Orient où il a exploré la méditation Zen, le Tantrisme et le Taoïsme. Actuellement il s'installe dans le Sud de la France où il construit une maison écologique tout en continuant son travail de thérapeute. Il est coauteur du livre : Le Couple sur la Voie Tantrique aux Editions A.L.T.E.S.S..
Pour voir ses stages et en savoir plus
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