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Un autre son de cloche :
Overdose médiatique et bilan critique du pape sur la sexualité !
par Emmanuel
Dès que la santé du Pape Jean-Paul II s'est dégradée, toutes les télés et journaux se sont consacrés presque exclusivement à cette actualité. Entre chaque sujet, on prenait bien soin de nous dire "le pape est dans un état très critique, très grave..." ce qui voulait dire en gros, en langage télévisuel "restez avec nous ! le pape va sûrement mourir en direct !" Puis avec la mort du pape, ça a été la "papamania" généralisée. Et ironie du sort...le pape est mort le week-end du SIDACTION sur TF1 et du coup le programme de prévention contre le SIDA a été éclipsé par celui qui ne veut pas qu'on porte de capotes !
Les médias ont essayé de donner une image du pape et de l'église qui soit hautement spirituelle, très positive. Je sais bien comme dit ma maman, les morts sont toujours des « hommes extraordinaires », mais tout de même, les journalistes n'ont-ils jamais lu les philosophes des lumières, Marx, Freud, Jung, Nietzsche ou encore Sartre ?
Je suis toujours étonné comment en 2005 des gens éduqués, diplômés qui savent d'habitude réfléchir sont capables d'oublier leur esprit critique et encensent un homme comme le pape. Ont-ils oublié par exemple que le Pape fait partie de ces hommes « religieux » qui considèrent qu'il ne faut pas s'opposer au contrôle des naissances ? Cet homme, au nom de la vie, est contre la pilule, contre l'avortement. Il les considère comme je cite « un crime abominable » ! La pilule est peut-être pourtant une des plus grandes révolutions du 20ème siècle qui a eu lieu en Occident. Elle a permis une grande libération sexuelle pour hommes et femmes et de faire évoluer la relation amoureuse, me semble-t-il.
Dans les pays pauvres, le non contrôle des naissances entraîne inexorablement une paupérisation croissante. Et puis, le SIDA se propage dramatiquement. Je vous rappelle que 40 millions de personnes sont infectées dans le monde, les 2/3 en Afrique sub-saharienne, et que la pandémie gagne l'Asie du sud et de l'Est (Thaïlande, Cambodge, Indonésie, Inde, Chine). Et ce n'est pas moi qui le dit mais bien les associations de terrain qui ont vraiment du mal à faire de la prévention. Sans parler du fait que cette pauvreté crée ensuite une immigration incontrôlable dans le monde entier lourde de conséquences. La planète fait face à une surpopulation : on est 6 milliards et on aurait certainement besoin pour vivre en paix, en harmonie et dans l'abondance de réduire ce nombre. Qu'est-ce qui est important la doctrine religieuse ou le bien-être du monde ?
En fait, selon moi, c'est toute la vision de la sexualité et de la vie que prônait le pape Jean-paul II qui est complètement dépassée et inadaptée au 21ème siècle. Le célibat n'est pas quelque chose de naturel...l'homme a besoin de vivre sa sexualité pour être pleinement en vie, pleinement épanoui et heureux. La sexualité c'est une des choses les plus importantes dans la vie et elle a été complètement condamnée par Jean-Paul II et l'église. Faut-il rappeler que même une relation sexuelle entre deux personnes qui ne sont pas mariées est un pêché pour l'église ? Allô !!! Il faut se réveiller !
La condamnation du sexe est peut-être le plus grand mal qu'a fait l'église catholique tout au long de l'histoire : la condamnation du corps, du plaisir, de la joie de vivre. Et cela a influencé toute la société, pas que les catholiques. Les perversions sexuelles, le porno d'aujourd'hui ne sont pas la vraie libération du sexe mais plutôt une réaction à la très longue répression sexuelle de nos sociétés. On est passé de la répression à la perversion, à la domination du sexe dans tous les domaines. Au lieu de la compréhension, on est passé à la licence des moeurs. On est passé de l'idée que le « sexe est mauvais » à l'idée « du tout sexe ». Toutes les télés, pubs, modes jouent sur le désir sexuel. Pour eux, être beau, c'est être sexy et aimer, c'est désirer. Mais cela est complètement inconscient. Renier le sexe est malsain, orienter tout sur le sexe est aussi une forme de maladie ! Aujourd'hui, le sexe est devenu cérébral, et en réalité, c'est encore une forme de répression ! Le sexe est un simple besoin physique et psychologique. Il faut simplement l'accepter comme un de nos besoins essentiels et le vivre naturellement. Sinon, cela affecte l'individu comme l'a montré Freud. Il nous faut encore trouver une spiritualité qui unisse sexe et méditation, amour et désir, homme et femme. Cela est un vrai défi : trouver une voie harmonieuse où on unit une fois pour toute le corps et l'âme et où tout est sacré et accepté.
Les difficultés vécues par les prêtres eux-mêmes pour vivre leur sexualité montre que l'église elle-même devrait être un peu plus humble sur ses prises de position sur la sexualité.
Des enquêtes sérieuses montrent que des prêtres sont pédophiles ou homosexuels, deux choses bien sûr très différentes mais qui sont toutes les deux condamnées par l'église. Lisez cet article du Monde (Controverse au Vatican sur la question des prêtres pédophiles).
Ne faudrait-il pas un peu plus de compréhension et un peu moins de condamnation ?
J'ai été moi-même fin avril sur les bords du lac de Tibériade en Israël, là où Jésus a passé une grande partie de sa vie et je me suis demandé que dirait Jésus, s'il revenait aujourd'hui ? Ses soi-disant représentants seraient sans doute les premiers à le dénier. Il était hors norme et contre les prêtres de son temps. Quand un maître éveillé, un Jésus, un Bouddha marche sur la terre, la vérité y marche pendant quelque temps. Quand il s'en va, la vérité disparaît également. Il ne reste que des empreintes et c'est ce que les gens vénèrent dans les religions. Aujourd'hui, on peut se demander si le christianisme ne propose rien de plus que des croyances infantiles. Jésus le fils unique de Dieu ? Le pape serait infaillible ? Marie aurait donné naissance à Jésus sans Joseph ? (pauvre Joseph quand même !) Jésus aurait marché sur l'eau ? Il aurait transformé l'eau en vin ? Il existe un paradis et un enfer ?
Que nous propose le christianisme ? Est-ce que s'adresser à Dieu change notre vie ? La philosophie du « Il faut être bon » semble très bien, mais tout le monde sait aujourd'hui qu'il y a une différence entre nos intentions et la réalité. L'inconscient, les blessures intérieures, les traumas, le stress, l'ego, le mental influencent nos bonnes intentions. Et comment gère-t-on tout cela ? Qu'est-ce que l'église nous propose de concret ? Ne faudrait-il pas mieux prendre une séance de psychothérapie ou méditer sur soi-meme ou se faire faire un bon massage et puis surtout apprendre ne pas se prendre trop au sérieux !
L'idée que l'homme religieux doit vivre dans l'abstinence est en fait un contre-sens. Prenons le cas de Mahatma Gandhi qui est un bon exemple de « l'homme vertueux ». Il a essayé toute sa vie d'être un homme vertueux mais à l'âge de 70 ans, il avait encore des rêves sexuels. Il en était très bouleversé, il a déclaré dans son autobiographie : « Dans la journée, j'arrive à rester libre et détaché du sexe. Mais le problème, c'est que la nuit, dans mon sommeil, tout ce que je réprime dans la journée rejaillit la nuit. »
Cela montre une chose : il n'a jamais réellement été libre des pensées sexuelles, elles ont été juste enfouies dans son inconscient, prêtes à ressortir dès qu'il se relaxe et qu'il abandonne le contrôle. C'est le problème de « l'homme religieux », il se contrôle tout le temps pour être « bon », et du coup, il est toujours en conflit avec lui-même. Il n'est pas naturel. Il n'est pas en paix avec lui-même. Il ne sait pas ce qu'est vivre, danser, s'amuser, être naturel ! Et au final, l'homme religieux a plein de jugements sur les autres. Tous ceux qui ne se forcent pas comme lui sont des pêcheurs !
C'est en gros l'approche de toutes les grandes religions traditionnelles. Elles enseignent « être bon et vertueux », condamnent le désir sexuel mais au final produisent un grand nombre d'extrémistes.
Tous ces préceptes, sont, aujourd'hui, me semble-t-il à l'antipode de notre vie moderne. Aujourd'hui, le monde a besoin d'une spiritualité sans prêtre, une spiritualité sans hiérarchie, une spiritualité qui ne détruit pas l'individu mais qui au contraire le respecte, une spiritualité qui fait confiance à l'homme et à la femme. Une spiritualité qui fait confiance à notre corps. Aucune religion ne fait vraiment confiance à notre corps. Et, quand les religions ne font pas confiance au corps, elles créent en nous une division entre nous et notre corps. Elles nous rendent ennemies de nos corps, elles détruisent en fait la sagesse du corps. L'approche du Tantra, par exemple, croit en notre corps. Il nous permet d'utiliser nos sens. Le Tantra nous dit d'avoir confiance en notre énergie, confiance en nous -- TOTALEMENT. Le Tantra nous dit : ne déniez rien, mais au contraire transformez tout.
Il nous faut une spiritualité concrète qui puisse nous aider à vivre heureux et vigilant au quotidien. Pour cela, il nous faut savoir prendre la responsabilité pour nos actions, vivre une sexualité harmonieuse, comprendre le fonctionnement de l'ego et du mental, maîtriser nos émotions, développer l'espace du cœur. Il faut en fait entamer un véritable travail sur soi. C'est la voie de la conscience.
Il est vrai que Jean-Paul II n'était pas pape pendant toutes les périodes « noires » de l'église (croisades, inquisitions, chasse aux sorcières, ambiguïté avec les régimes fascistes...) mais enfin, il est quand même le représentant de cette même religion organisée. Certes, il s'est même excusé pour tout le mal qui a pu être fait au nom de l'église. Certains disent qu'il a eu aussi le mérite de réunir et de pacifier les grandes religions. Oui, c'est sûrement un peu vrai, et c'est certainement un pas dans la bonne direction, mais de là encore une fois à vendre de la papamania...j'hésiterais !
Je crois qu'il faut être honnête, Jean-Paul II était aussi un conservateur. Il a refusé de démissionner, arguant qu'il devait «souffrir pour connaître la passion du Christ » ! Ce n'est pas fini ce genre d'apologie malsaine de la souffrance ? Même si c'est vrai qu'on apprend aussi par la souffrance, avant tout la vie est belle et on est là pour y prendre plaisir ! Dieu ne s'approche pas tant par la souffrance mais plutôt par la joie de vivre. Et mon approche est d'ailleurs la même au sujet des chefs hindous, ceux qu'on appelle les shankaracharyas ou des chefs religieux musulmans comme l'Ayatollah Khomeyni ou encore de certains rabbins juifs parce que trop souvent, ils maintiennent l'être humain dans des croyances et des traditions dépassées qui vont à l'encontre de la vie moderne et du progrès humain. On ne peut plus opposer sexe et religion. On ne peut plus opposer le monde du business et le spirituel. Aujourd'hui, on a besoin d'une spiritualité globale, intelligente, naturelle !
N'est-ce pas cela qu'il est temps de réaliser ? N'est-il pas temps de devenir spirituel sans pour autant s'enfermer dans une religion ou un mouvement spirituel ? Les qualités spirituelles sont très simples et universelles et elles appartiennent à tout le monde.
Je finirai en citant le sage indien Sri Sri Ravishankar « Vous n'avez pas besoin d'aller dans une église, un temple ou une mosquée pour prier ou méditer; où que vous êtes, Dieu est là. »
Si simple, non ?
Le nouveau pape ira-t-il dans ce sens ?
Emmanuel