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Etre en colère ? Et pourquoi pas ?
par Geraldyne Prévot
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise colère. Toute colère est émotionnellement justifiée. La colère est l'émotion mal-aimée par excellence ; viennent ensuite la tristesse et la peur.
Mais pourquoi la colère n'est-elle pas acceptée dans notre société comme une émotion comme les autres ?
Tout d'abord beaucoup d'entre nous faisons aisément la confusion entre colère et violence. A partir de quels critères peut-on dire qu'il s'agit de violence ? Dès lors qu'il y a violence dans les propos : « tu es un salaud ! » « tu es une salope ! ». Dès qu'il y a des objets cassés puis, bien évidemment, dès qu'une personne en frappe une autre.
Une des clefs qui peut vous permettre de ne pas être emporté par votre colère puis par votre violence est de prendre l'entière responsabilité de votre émotion. Pour y parvenir, une seule règle : parler à la première personne « JE » plutôt que le « TU ».
Un simple exemple : vous attendez votre bien-aimé depuis plus d'une heure. Pas de nouvelles, vous fulminez, prête à rugir dès son apparition. Le bien-aimé finit par arriver au rendez-vous et bien évidemment vous explosez: « ça fait plus d'une heure que je t'attends. T'aurais pu au moins me prévenir, me passer un coup de fil !!! Pour qui me prends-tu ? En plus tu joues les mecs surpris ?!! »
Et si vous vous souveniez de ces petits conseils, vous diriez : « Je n'aime pas attendre comme ça sans nouvelles. J'aurais aimé que tu me téléphones, que tu me préviennes de ton retard. Sinon, je suis en colère ; je ne me sens pas respectée ! J'aimerais que la prochaine fois tu me préviennes. »
La colère doit toujours être exprimée ; réprimée, elle se transforme en violence.
Nous n'aimons pas la colère car nous pensons à tort qu'elle ne fait pas bon ménage avec l'amour. Cette conception provient probablement de phrases parentales telles que « Maman ne t'aime pas quand tu es en colère » ; « tu es ridicule quand tu cries… sois une petite fille sage sinon ça va mal se passer ». C'est ainsi que nous ne nous autorisons pas l'expression de la colère dans notre couple par peur de ne plus être aimé.
Dans les milieux professionnels aussi la colère n'a pas sa place, essentiellement pour les femmes. Une supérieure hiérarchique conserverait son autorité même si elle pleure mais la perdrait si elle se mettait en colère. Inversement, un patron ne serait plus crédible s'il rendait sa tristesse visible mais resterait crédible en exprimant sa colère.
Pourquoi se met-on en colère ?
Dès que quelqu'un franchit certaines limites nous avons une réaction instinctive, presque animale : la défense de notre territoire. La colère est alors l'émotion qui se manifeste spontanément. Si notre corps est menacé, si nos proches sont agressés, si notre maison ou notre voiture sont envahies, nous réagissons immédiatement avec colère afin de défendre notre territoire.
Cette colère est saine et indispensable pour notre survie.
Derrière la colère il y a parfois la peur. Peur de ne pas être reconnue, peur des autres, peur de ne pas être respectée, entendue, comprise.
La colère peut aussi être une accumulation de stress qui se décharge d'un seul coup.
Un corps en colère
Que se passe-t-il physiquement lorsque nous sommes en colère ?
L'onde d'excitation de la colère remonte le long du dos et se répand dans la mâchoire (mordre) et les bras (se battre). Le dos se courbe comme pour attaquer.
La colère réprimée va entraîner énormément de tensions dans le dos, les épaules et les mâchoires. La personne aura alors la partie supérieure du dos légèrement incurvée. Le corps d'une cliente colérique est un corps relativement rigide surtout au niveau du dos et des mâchoires. Mais attention aux conclusions hâtives.
Quelle colère ?
Il en existerait trois sortes :
La colère contre soi : dans ce cas il est conseillé de l'exprimer sur le mode de la colère intérieure plutôt que de se ronger et de se culpabiliser.
La colère contre les autres : cette colère est souvent un moyen de s'affirmer ou de se faire respecter. Il peut-être utile de trouver un moyen pour exprimer sans agressivité.
La colère contre le monde, contre la vie : cette colère surgit lorsque la réalité ne correspond pas à ce que nous en attendions. Il est ici conseillé de faire un petit travail de recadrage, de maturité et de découvrir que c'est justement ce qui fait le sel de la vie. Le principal sujet de réflexion sera sur l'inattendu et l'impermance.
La communication non violente – CNV
C'est Marshal Rosenberg, psychologue clinicien américain qui à mis au point cette technique de communication non violente : « CNV ».
Cette technique est surtout efficace pour les personnes ayant déjà accomplit un travail psychothérapeutique et qui ont « brûlé leur propre bois », qui ont déraciné leur colère (d'adolescence, d'enfance…) et qui ont guéri leur enfant intérieur.
Marshal Rosenberg invite à s'exprimer en « langage girafe » plutôt qu'en « langage chacal » :
La première des attitudes serait l'expression de la circonstance qui déclenche la colère. En reprenant l'exemple cité précédemment cela donnerait :
1. facteur déclenchant :
« Lorsque je t'attends au café pendant une heure » (facteur déclenchant)
2. les émotions :
Vous devrez ensuite exprimer ce que vous ressentez : « Lorsque je t'attends au café pendant une heure, je me sens en colère et triste…»
3. les besoins :
Vous pourrez en profiter pour communiquer à votre bien-aimé ce qu'il ne sait pas encore ou qu'il a oublié : « Lorsque je t'attends au café pendant une heure, je me sens en colère et triste car dans mes relations j'ai besoin de confiance … »
4. la demande :
Vous pourriez continuer et bénéficier de la situation pour obtenir certaines choses de sa part comme par exemple savoir ce qu'il ressent : « Lorsque je t'attends au café pendant une heure, je me sens en colère et triste car dans mes relations j'ai besoin de confiance. J'aimerais que tu me dises , juste maintenant, ce que tu éprouves lorsque tu entends cela ?
Comment maîtriser la colère ?
Pour devenir maître en la matière, vous devrez avoir reconnu les événements qui déclenchent fréquemment vos colères.
Pour cela il est utile de remonter dans le temps, avant l'éclat de colère et de trouver le mot, la scène, le signe déclencheur. Ainsi chaque fois que cela se reproduira vous resterez de plus en plus consciente de ce qui se passe en vous. Ensuite vous pourrez trouver pourquoi certains évènements vous mettent en colère. Cela fait-il référence à une blessure du passé ? Quelle croyance erronée ? Quelle peur ?
La phrase magique que vous pouvez dire quand vous sentez que la colère monte, est : « Là, ça va pas, ça m'énerve ! »
Une autre solution consiste à quitter la pièce mais il est préférable d'en avertir la personne avec qui vous êtes en conflit afin qu'elle ne le prenne pas pour un affront : « Je suis en colère, je ne vais pas réussir à parler, je vais dire des bêtises, je vais faire un tour puis je reviens et si tu le veux bien, on parlera… »
Comment recevoir la colère de l'autre
Si la personne en colère après vous devient violente, un seul conseil : vous PROTEGER !
Vous devez fuir ou mettre de la distance entre la personne et vous. Il est inutile de chercher à la raisonner, c'est VOUS que vous devez aider.
Si la personne en est au stade de la violence verbale :
a. Restez centrée sur vous. Ne focalisez pas sur les propos de cette personne. Restez en contact avec vos émotions et pensez à respirer profondément.
b. Dîtes-vous que vous n'êtes pas responsable d'une telle violence. Que, contrairement à ce que dit la personne, vous n'y êtes pour rien.
c. Si vous êtes une colérique, ATTENTION ! Restez calme !
d. « Calme toi », « ça suffit », « tu dis n'importe quoi ». Ces phrases sont à éviter absolument, la situation ne ferait qu'empirer.
Si la personne colérique n'est pas violente, il vous suffit simplement de rester neutre et d'entendre ce qu'elle veut exprimer.
Voici donc quelques conseils qui vous permettront de mieux gérer une cliente colérique ou agressive. Ainsi vous pourrez dépasser vos craintes et ne pas être bloquée par votre peur ou votre propre colère. Vous pourrez immédiatement trouver la solution adéquate, la phrase qui désamorce la situation.
A retenir :
Que faire lorsqu'on est colérique ?
1. Accepter sa colère et être responsable de ses émotions
2. Exprimer autrement sa colère, mais l'exprimer quand même
3. Observer et accepter ses ressentis
4. Trouver les causes inconscientes de la colère
5. Détendre le corps
6. S'entraîner à la communication non violente
7. Et garder le sens de l'humour !!
Geraldyne Prévot
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