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Tantra : LE BONHEUR EST DANS L'ENGAGEMENT

Catherine Weissbrodt-Delorme

par Catherine Weissbrodt-Delorme

Ce terme d’engagement me tient à coeur et mes propos partent de mon expérience personnelle ainsi que de ce que je constate au sein des groupes que j’anime. Notre société est ainsi faite que, non seulement on ne s’engage plus car plus rien ne tient la route donc à quoi bon, mais aussi parce que la sur-consommation, les moyens audio-visuels qui stimulent notre fonctionnement plutôt que notre être, font que l’individu zappe, consomme et jette dans tous les domaines y compris le relationnel.

Que signifie engagement : (selon la définition du Larousse) action d’engager, lier, attacher quelqu’un par une promesse, une obligation. Dans un contrat de mariage par ex. car c’est là que c’est le plus fort, il nous est demandé de nous engager par rapport à l’autre jusqu’à ce que la mort nous sépare ! Dans notre société judéo-chrétienne nous somme très imprégnés de cet archétype néanmoins ce genre d’engagement n’est plus d’actualité aujourd’hui pour plusieurs raisons. D’une part parce qu’il place l’engagement à l’extérieur de nous, projeté sur quelqu’un d’autre, avec une finalité qui ne peut être que la mort. Il y a de ce fait contrainte par rapport à cet autre. Nous sommes dans une ère de bouleversements et de changements qui remet en question nos croyances, nos conditionnements, nos conventions, le sens des valeurs ce qui nous donne l’impression d’avoir plus de liberté. Au nom de cette liberté, l’individu préfère consommer, zapper et ne s’attacher à rien ni à personne car l’engagement vu sous cet angle peut entraîner la peur de perdre ce qu’il croit être la liberté. D’autre part, nous vivons beaucoup plus longtemps ce qui fait que nous pouvons avoir 2 ou 3 vies dans une, et l’échéance de la mort étant tellement reculée, la perspective de se lier jusqu’à la fin de ses jours devient impressionnante !

Ce terme d’engagement a besoin de retrouver toute sa valeur aujourd’hui car sans lui nous sommes dans une quête sans fin pour atteindre le bonheur, un peu comme la carotte tendue devant l’âne pour qu’il avance. Dans mon expérience de thérapeute du relationnel je constate que la difficulté de trouver la satisfaction dans sa vie et dans ses relations vient justement de ce manque d’engagement. Comme nous ne voulons plus de cet engagement conventionnel, le balancier part à l’opposé le réduisant à son strict minimum. Mais ni l’un ni l’autre n’est satisfaisant.

L’engagement, à mon sens, signifie : je m’engage d’abord et avant tout envers moi-même ici et maintenant. Je ne me laisse pas tomber, et pour cela il va falloir que j’aiguise ma conscience, c’est à dire que je regarde et que je tienne compte de ce qui est important pour moi. Cela demande de s’arrêter, d’explorer son intériorité, faire des choix et en prendre la responsabilité. Du coup, je vais tenir les rênes de ma vie en main et je me fais la promesse de les tenir.

Dans cette promesse faite à soi de se responsabiliser et de devenir acteur de sa vie, il s’agit de s’engager jour après jour dans un vrai oui, non pas « oui peut-être » ou « oui mais », un OUI à soi. Dans mon expérience personnelle cela me donne une assise, une consistance, un fondement sur lequel je peux m’appuyer. Je ne vais pas me perdre car je ne m’abandonne pas au profit de l’autre je suis à l’écoute de ce qui est juste pour moi et en même temps j’observe si cela s’ajuste avec mon entourage et avec mes actes, avec la réalité. Lorsque je suis en accord avec moi-même et en accord avec la vie à l’extérieur alors je peux m’engager totalement dans ce processus d’accord. Surtout je n’avance pas avec des oeillères droit au but en claironnant « moa je... », j’avance en étant à l’écoute de l’interaction qu’il y a entre l’intérieur et l’extérieur, entre les autres et moi, entre les décisions de mes choix et leurs conséquences parce que je ne suis pas seule en jeu.

S’engager c’est décider : ok je vais dans ma direction. Cette direction me pousse en avant et me ramène à moi, elle donne du sens à ma vie, un but. Je pars à la rencontre de ce que la vie me propose en l’explorant car elle est la meilleure source d’apprentissage que je connaisse. J’apprends à conjuguer avec la dualité : l’autre/moi, le féminin/le masculin, l’intérieur/l’extérieur en cherchant la 3ème voie, celle qui me conduit au centre, dans un espace de paix et de sérénité.

Dans la rencontre amoureuse par ex., si les 2 partenaires s’engagent à faire grandir la relation de couple sans se perdre l’un l’autre, la relation va y gagner en profondeur, en solidité et ils vont avoir la chance de se rencontrer eux-mêmes dans leurs propres profondeurs. Il ne s’agit pas de s’engager dans la compromission, en cherchant à satisfaire l’autre par peur d’être abandonné(e). Dans ce système je me suis déjà abandonné(e) au profit de l’autre que je considère plus important que moi, et je vais créer petit à petit ce dont j’ai le plus peur puisque c’est déjà là. Ou bien considérer que c’est acquis une fois pour toute ; l’autre faisant partie des meubles, il n’y a plus de moteur dans la relation et l’ennui l’empoisonne à petit feu. Dans une relation de couple consciente ou l’engagement par rapport à soi prime, les deux partenaires vont s’engager au jour le jour à être vigilants à tous les niveaux : dans l’intimité et à propos du quotidien pour ne pas qu’il les bouffe. C’est un chemin qu’ils vont faire à 2 pour nourrir le Couple, cette entité à part entière qu’ils construisent ensembles. Ils pourront même régulièrement vérifier où ils en sont dans leur engagement car il est mouvant, comme la vie.

L’engagement peut être remis en question : la mort, la maladie grave peuvent nous surprendre et l’éteindre. Un virage à 180° pris par l’un des 2 partenaires qui n’est plus compatible avec la vie de couple, le désengagement de l’un des 2, la résignation confondue avec l’acceptation, tout comme l’excès de confort, l’usure du quotidien qui nous a rogné les ailes et qui nous empêche de nous envoler vers le renouveau et les remises en questions peuvent mettre fin à l’engagement dans la relation mais nous demander de le remettre en route vis à vis de soi-même d’une manière différente. La puissance de l’engagement c’est d’une part la conscience et d’autre part savoir rebondir et retrouver du sens sans lâcher les rênes.

Et le bonheur dans tout ça ? Le bonheur va venir du fait que dans ce processus, je vais augmenter ma propre estime, m’accorder de l’importance, m’aimer et m’ouvrir un peu plus. Ce rayonnement contagieux va créer dans ma vie des moments délicieux que je vais m’engager à goûter et vivre pleinement et des moments moins drôles que je vais pouvoir aborder d’une manière moins dramatique parce qu’au fond je sais qu’ils ont du sens et qu’ils m’apprennent quelque chose qui peut me faire grandir encore. Si je lutte contre et que je les refuse je vais souffrir beaucoup plus longtemps en attendant que le bonheur vienne me chercher.

Le bonheur devient alors un état intérieur qui fluctue et non pas un substitut venant de l’extérieur qui va me nourrir en permanence. Parfois c’est là et c’est tant mieux, parfois c’est pas là parce que j’ai à me ré-accorder. Même les plus précieux instruments de musique ont besoin d’être accordés pour sonner juste. Imaginez un orchestre dont tous les instruments seraient plus ou moins accordés !

Catherine Weissbrodt-Delorme

Animatrice, thérapeute psycho-corporelle depuis 12 ans, formée au counselling et relation d'aide centré sur la personne (Carl Rogers) auprès de l'AFTCP de Lausanne, en focusing (E.Gendlin, New-York), rêve éveillé, travail énergétique et supraconscience, Tantra, Kundalini yoga.

Contact :
Catherine Weissbrodt-Delorme
Rue Gustave-Coindet 8, CH-1800 Vevey
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