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L’avortement, reconnaissance et accompagnement de la vie
par F. V. Lemaire
S’il reste un sujet, encore très tabou, dans notre société moderne, c’est bien celui de la mort. Officiellement, l’état de mort est déclaré, lorsqu’un un être vivant subit un arrêt irréversible de ses fonctions vitales et que son corps commence à se décomposer. Pour ceux qui conçoivent que l’âme et le corps ne font qu’un, au moment de ladite « mort », l’histoire s’arrête définitivement. Pour les autres, le corps physique est considéré comme un habit, un véhicule, un temple qui accueille, dés sa création jusqu'à sa destruction, un esprit, une âme, une conscience, une intelligence, une expression de la vie…
Sans les étudier toutes, ce qui serait trop long ici, il me paraît important de rappeler les différentes façons de mourir : avortement, fausse-couche, jumeau mort in utero, enfant mort-né, maladie, accident, vieillesse, suicide, meurtre, disparition. Je choisirai de consacrer cet article à l’avortement, sujet sensible et douloureux, trop souvent occulté ou nié, qu’il est urgent d’aborder, me semble-t-il, d’un point de vue holistique (et non plus simplement physique, émotionnel, ou même, philosophique) afin de faciliter la guérison des traumas qu’il génère trop fréquemment.
Lorsque ce genre de décision doit être pris, la plupart du temps, on a tendance à s’axer sur l’avenir, afin de résoudre le présent, mais on oublie, presque toujours, d’éclairer le passé. Il serait, pourtant, très utile de se poser la question, au plus profond de soi : « Pourquoi ai-je accueilli la vie en moi, à cet instant de mon chemin ? et pourquoi devrais-je choisir d’éteindre ce bourgeon de vie et l’évacuer ? ».
Le véritable chemin de la guérison commence donc, déjà, avec la prise de conscience du terrain qui a généré cela, et l’acceptation avec amour et douceur, de ce qui va se passer en soi.
Le plus important, à mon sens, étant de ne pas dramatiser et de bien scinder les choses dans son esprit. Il y a, d’une part, un corps de chair, sur lequel on va agir de manière physique… n’oublions pas la sagesse naturelle du règne animal, parfois les femelles n’hésitent pas à supprimer certains de leurs petits, pour mieux s’occuper des autres ; et puis il y a une âme, qu’il va falloir reconnaître et accompagner, afin de pouvoir s’en détacher.
Dans la réalité des faits, les choses sont loin d’être aussi simples, et l’on peut se trouver confronté à différents cas de figures, dont voici quelques exemples succincts.
Mises en œuvre d’avortement
1. L’homme et la femme font un choix conscient et réfléchi, ils ont pesé le pour et le contre, par rapport à leur avenir, et surtout par rapport à l’être qu’ils pourraient accueillir, en devenant parents. « Sommes-nous prêts à l’assumer ? En avons-nous les moyens humains, affectifs et matériels ? ». L’acte médical se fait, alors, de manière sécurisée, avec un soutien psychologique efficace et un éventuel accompagnement familial ou amical.
2. Le père ne veut pas garder l’enfant, ou dénigre le sujet. La mère se retrouve seule à gérer la suite. Le choix de l’avortement se fait, dans la solitude et la culpabilité, sans aucun accompagnement, ni avant, ni pendant, ni après.
3. Ni le père, ni la mère ne souhaitent garder l’enfant. Tout se déroule dans le déchirement, les disputes, la solitude. Le couple se sépare, l’expérience restera secrète.
4. La mère est trop jeune, ou célibataire… prisonnière des diktats familiaux ou religieux, l’avortement se fera de force, de manière archaïque ou médicalisée. A ce niveau-là, on pourrait, parler de meurtre et de viol psychique et physique. Ces mots sont très forts, certes, mais la liberté de chacun doit être respecté.
Pour qu’un avortement soit vécu de manière positive, il est fondamental que la femme se sente libre, respectée et protégée en permanence. Ceci constitue le terreau indispensable pour le deuil à venir. Aussi douloureuse qu’ait pu être cette épreuve, au plan physique et moral, il ne faut pas occulter la phase très importante de l’accompagnement de l’âme liée au fœtus, qui doit absolument se libérer de ce plan. En fonction du vécu et de la capacité de chacun à transmuter la situation, il est certain que l’âme aura facilité à repartir d’où elle vient, ou à l’inverse, sera tellement emmêlée dans une sorte de glue émotionnelle, qu’elle restera attachée à celle qui aurait pu être sa mère, sans trop comprendre ce qui lui arrive.
Je retrouve, très souvent une trace vibratoire et des poches émotionnelles très denses, dans le ventre de femmes, ayant eu des avortements, y compris après l’accouchement de plusieurs enfants. Quelques fois la lourdeur de l’expérience bloque tellement la circulation des énergies dans le corps, qu’elle génère chez cette dernière, des états de dépression qui pourront perdurer pendant des années sans qu’elle en comprenne les origines. Plus grave encore, ces miasmes (liés aux souffrances et à la présence de l’âme bloquée dans l’espace vital de la femme), pourront, s’ils ne sont pas libérés, se « cristalliser » en un certain nombre de problèmes pathologiques, tels qu’un cancer de l’utérus et pourront aussi influencer puissamment la sexualité, sur un plan physique et émotionnel.
Afin de ne laisser, en aucun cas, les sentiments de colère et de culpabilité s’enkyster en soi, il est fondamental de se faire accompagner, pour faire la paix en soi, et comprendre les raisons de cet évènement, ses origines conscientes et inconscientes. Il est important que la mère se fasse suivre, avant, pendant et après l’intervention, par une médecine douce telle que la naturopathie, afin d’aider le corps physique à éliminer les produits toxiques et surtout le stress lié à l’évènement. Et que le père ne soit pas oublié car il occupe une place primordiale et peut vivre, aussi, d’importants traumatismes. Tout dépend bien sûr du cas.
Aujourd’hui, les patients et les thérapeutes doivent prendre conscience qu’il est toujours possible et souhaitable d’instaurer un dialogue avec les âmes liées aux avortements, afin de les libérer, y compris lorsque ceux ci figurent dans l’arbre généalogique... un avortement chez les parents ou arrières grands-parents, peut tout à fait influencer inconsciemment la vie des descendants.
Il importe donc de reconnaître l’âme et de l’aimer, en lui expliquant les raisons de cette décision. Il faut comprendre et faire comprendre que l’acte d’avortement ne tue pas l’âme, car elle est par nature, éternelle, même s’il peut la « tuer » psychiquement, sous-entendu, l’éteindre, lui faire perdre sa brillance, parce qu’elle serait devenue une éponge émotionnelle de la situation.
Pour conclure sur ce sujet, que je développerai davantage dans l’ouvrage sur la mort, que je suis en train d’écrire, je dirai qu’il est capital, avant et après un avortement de réaliser un rituel (religieux ou non). L’acte d’avortement lui-même, doit être considéré comme sacré afin d’éviter d’en souffrir. C’est un choix de vie et de mort qui ne doit pas être pris à la légère.
Il est temps aujourd’hui, que les femmes et les hommes concernés par cette question, prennent soin d’eux mêmes et de toutes ces âmes ignorées, afin qu’elles puissent continuer leur chemin en paix. Qu’elles soient toutes remerciées et guidées vers la lumière… car ce sont les enfants de demain.
F. V. Lemaire