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Le Centre international de méditation Osho à Pune en Inde
par Yasmine Kaplun
Premières impressions et déambulations
Sur les conseils d’un ami, je décide de me rendre au centre international de méditation OSHO à Pune (Poona) en Inde à 160 km de Bombay, alors que je devais normalement rester sur Bombay pour mon projet humanitaire lié aux enfants indiens défavorisés mais que les choses ne se passaient pas comme prévu.
Le premier sentiment à l'arrivée au centre de méditation est plutôt mitigé, il me faut deux jours pour obtenir mon badge d'entrée puisque les ordinateurs sont en panne, que le monde afflue et l'Inde éternelle un peu désorganisée au début, se révèle pleine de règles plus ou moins utiles par la suite...
Lorsque enfin munie du papier intermédiaire qui peut me permettre de découvrir le centre de méditation et de sortir finalement du «Welcome Center» (centre d’accueil) où j'étais restée confinée depuis mon arrivée, j'entre pleine de curiosité, d'entrain et d'enthousiasme à l'assaut de cet endroit mystique dont j'ai tant entendu parlé et à nouveau s'impose la règle!
Il s'agit d'acheter les robes sans quoi, on ne déambule pas dans le campus.... Décidément me dis-je, entrer dans le centre d'Osho se mérite, se gagne et se savoure. ... Après les robes (une blanche, une bordeaux), il est question de prendre un vestiaire, de mettre son passeport et sa carte de crédit au coffre, je craque !
A cet instant précis, je me demande où est Osho dans tout cela ? Et je me braque un peu sur le système lent, laborieux et à première vue « peu logique ». En effet, les vestiaires sont à l'opposé de la pyramide (l'auditorium) où se déroulent les méditations principales. Après avoir traversé tout le centre pour arriver aux fameux vestiaires, je me rends compte que le cadenas ne fonctionne pas, il faut retourner vers la pyramide (quatre aller/retour seront nécessaires, le sport c'est chouette).
Toutefois au fil du temps (et grâce à la méditation sans doute), j'apprécie de marcher d'un bout à l'autre du centre à travers la verdure luxuriante. Cela me permet aussi de voir qui est là et qui n'est pas là, soyons honnête.
La beauté du lieu est indéniable, ici et là, des gens en robe bordeaux s'enlacent de très prêt, se prennent par la main. Lorsqu'au bout de quelques jours je n'arrive pas à m'habituer à ce corps à corps langoureux et prolongé, on me reproche gentiment d'être un peu trop « Mère Térésa » et pas assez ouvert…je me détends et essaye de m'ouvrir...
Restent les méditations, la « kundalini meditation » est la plus populaire, cela permet d'alterner le défoulement (la danse, énergie), le silence (calme, statique) et enfin la relaxation. La méditation soufie m'a spécialement attirée, étrange sensation lorsque l'on tourne et tourne et tourne encore sans repère, sans direction, un moment magnifique pour se perdre dans le mouvement continu et lâcher prise. Enfin la méditation Nadabrahma si apaisante, où les mains semblent lisser l'univers, paumes vers le haut puis paumes vers le bas, un moment de paix intense et de calme intérieur.
Je retiendrai incontestablement la méditation du soir en robe blanche accompagnée de musique live de très bonne qualité que j'apprécie tout particulièrement.
Ce moment d'exception dans la pyramide donne une énergie folle même lorsque l'on est au bord de la fatigue. En effet après s'être douché, une danse intense s'entame suivie de temps de silence et d'un discours vidéo d'Osho. Pendant 2 h, le centre s’arrête et tous les visiteurs qui le souhaitent viennent participer à cette méditation. Chacun porte une robe blanche et le mantra « Osho » qui signifie « océan de conscience » est crié trois fois pour nous amener dans « le hara ». Les discours d'Osho chaque soir, me rappellent que nous ne sommes pas ce corps, nous ne sommes pas nos pensées ni nos expériences. A force de l'écouter tous les soirs durant un mois et demi, je me surprends, dans certaines situations difficiles, à revenir à cette vérité. Chaque soir également une blague pour terminer et se souvenir que rien n'est vraiment sérieux dans cette vie. Je ressors de la cette méditation du soir, pleine d'espoir d'être et de vivre pleinement cette nature de Bouddha que nous avons tous en chacun de nous-même.
La vision d’Osho est pour moi un bon complément de l'enseignement bouddhiste tibétain de la lignée Kagyupa que je suis en Europe. Je ne puis m'empêcher de constater plus de joie, d'extase, de chaleur, de mouvements du corps dans ce centre de méditation OSHO plutôt que dans un institut bouddhiste. Dans un centre bouddhiste, c'est plutôt l'intellect qui prime, les effusions chaleureuses ne sont pas de mises puisque les émotions perturbatrices sont source de souffrance....
Voilà... ma vie ici se résume à des choses très simples : Danse énergie, chants, méditations, danse bollywood... Quel bonheur ! Le départ arrive... et je reprends l'avion pleine d'envie d'y retourner malgré les débuts fastidieux.
Un mois et demi plus tard...
Ne tenant plus, je suis de retour au centre de méditation OSHO de Pune. J'entre dans le centre beaucoup plus facilement et non sans un petit regard condescendant vers les nouveaux arrivants qui s'agglutinent au « Welcome Center », je passe directe avec mon badge, ma robe et tout le tralala. Mon attitude démontre que je connais bien l'endroit, « à moi on me la fait plus.... » (aïe l'ego énorme se révèle insidieusement à ce moment là, j'ai encore du travail... ).
En entrant libre et heureuse dans le sentier qui mène à la Plazza, là où se trouve la fameuse « multiversité » pour la thérapie et la méditation, je me dis que si j'avais dû dessiner le paradis, je l'aurais peints ainsi. La beauté du lieu à nouveau me frappe.
Jamais dans ma vie, je n'ai autant dansé, chanté, laissé libre cours à la créativité et ressenti ce sentiment profond de liberté.
Liberté face aux conditionnements, à l'éducation, ce qui se fait, ce qui ne se fait pas, ce que la société, la famille attend ou non de nous. Rien de tout cela, personne pour juger, personne pour dire quoi que ce soit, être simplement.
Expérimenter vraiment « the man of no mind » (l’homme du non mental) dont Osho parle tellement. Ne plus tourner mille fois et mille fois encore des choses dans sa tête. Ne plus être dans les problèmes, être au-delà, comme le vent dans les réseaux, passer simplement, sans faire de vagues... être comme un océan.
Lorsque l'on est capable d'expérimenter cela ne serait-ce qu'un cours instant, c'est enivrant, on souhaite recommencer à tout prix.
Le Kundalini yoga que je pratique depuis six ans me manque parfois et malgré tous les programmes proposés dans le centre, je complète les méditations avec mes pratiques. Ces dernières me semblent complémentaires et se rejoignent dans leur essence avec celles proposées dans le Centre. Les puissants mantras de Kundalini yoga m'accompagnent toute la journée, je les joue sur ma guitare pour apaiser le mental et enrichir les moments de détachement et de non-identification aux évènements.
Les soirées s'enchaînent, je me demande quel soir je vais pouvoir enfin dormir, danser à la Plazza party, danser sur le Ground Groove, danser autour de la piscine, peindre ou voir une projection de film spirituel, chaque soir, une activité. Enfin, la navette du soir, avec son chauffeur irremplaçable, Kumar nous ramène dans la nuit, chacun et chacune dans nos quartiers. Puis je reprends l'avion à nouveau bien malgré moi.
Bientôt je serai en mesure de vous livrer mes impressions pour une troisième expérience car deux mois et demi plus tard, j'y retourne...« centre Osho quand tu nous tiens »... !!
Yasmine Kaplun