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L'alimentation selon les Taoïstes : l'important, c'est QUI mange ?
Par Annie Ollivier
Pour les Taoïstes, l'alimentation n'est pas uniquement axée sur le plaisir des sens, mais surtout sur la prévention des maladies, l'amélioration et le maintien de la santé, et par conséquent la longévité.
Les Chinois ont donc toujours considérés les aliments, ainsi que leur mode de cuisson, comme des médicaments. Autrefois en Chine, les gens consultaient le médecin quand ils ne se sentaient pas bien et pour retrouver leur équilibre (yin-yang). En cas de déséquilibre, le médecin prescrivait tout d'abord la prise d'aliments particuliers avant de recommander des herbes.
Ensuite, toujours pour les Taoïstes, ce qui importe, ce n'est pas tant ce que les gens mangent, mais avant tout QUI sont les gens qui mangent. En effet, la constitution physique (cinq éléments) et le tempérament (six énergies) de chacun sont les éléments dont le praticien chinois tient compte (après observation de la langue, de la peau, des mains, des pieds, du visage, de la physionomie, etc.) pour prescrire des aliments. Nous sommes donc loin de la conception de la diététique européenne où l'accent est avant tout mis sur les aliments et ce que l'on ingère sans tenir compte de l'état physiologique et énergétique réel de la personne qui consulte. Résultat : bien des personnes de constitution physique et de tempérament différents se retrouveront avec les mêmes régimes alimentaires de tous acabits, qu'ils soient carnés, végétariens, végétaliens, Sheltonistes, Aktinistes, Montignaquistes, Weight Watcheristes, Zéroistes, etc. Pas étonnant qu'il y ait tant de problématiques liées à l'alimentation.
Les médecins chinois ne parlent donc pas de glucides, protides, lipides, vitamines, minéraux ou calories dans leur démarche thérapeutique. Ils parlent plutôt des divers impacts des divers aliments sur les divers organes et viscères grâce entre autres à leur nature intrinsèque respective, leurs saveurs, leurs températures et leurs couleurs. Ils parlent aussi des modes de cuisson comme moyens de tonifier davantage les organes. Ainsi divers modes de cuisson (bouilli, étuvé, sauté, frit et mijoté) correspondent au besoin énergétique de divers organes (Poumons, Reins, Foie, Cœur et Rate). Ils parlent des saisons durant lesquelles les gens s'alimentent : on ne mange pas selon les mêmes modes de cuisson en été qu'en hiver, et pas les mêmes choses. Ils parlent de la constitution et du tempérament de la personne : une personne yang (chaud) aura intérêt à manger yin (froid) pour équilibrer son système, et vice-versa.
La médecine traditionnelle chinoise s'attarde donc avant tout sur l'état réel de la personne pour prescrire les éléments, entre autres les aliments, qui viendront rétablir le déséquilibre que des agents intérieurs ou extérieurs auront causé. Ce qui est magnifique, c'est qu'ils considèrent les aliments comme des médicaments (alicaments). Des médicaments qui poussent au cours de certaines saisons, captent les diverses et différentes vibrations de l'univers d'une saison à l'autre. Ainsi, l'énergie (chi qui provient de certaines planètes du cosmos) qui parvient sur la Terre à la fin de l'été vibre en fonction d'un taux vibratoire qui lui est particulier et vient se condenser dans certains légumes et fruits qui eux aussi vibrent en fonction de ce même taux. Les carottes, les panais, les betteraves et tous les légumes-racine et qui courent sur la terre (courges) appartiennent à cette catégorie. Beaucoup d'entre eux sont de couleur jaune ou orange et ils tonifient un organe interne (yin) dont le taux vibratoire correspond lui aussi à cette vibration colorée, cette saison, cette planète. Dans le cas de la saison que les Chinois considèrent comme la cinquième saison (fin de l'été), il s'agit de la Rate (jaune, Saturne).
Donc, une personne présentant des symptômes de déficience de la Rate (envie de sucreries, métrorragie, diarrhée, pensées obsessionnelles, soucis, inquiétudes, fermeture d'esprit, etc.) se verra prescrire par le médecin chinois des aliments (carottes, panais, lentilles corail, betteraves, datte, raisin, etc.) qui viendront tonifier cet organe déficient en l'énergie qui le caractérise. À cela, il fera des recommandations concernant le mode de cuisson (mijoté), le moment de consommation pour davantage tonifier cet organe ou pour en tonifier d'autres.
C'est donc toute cette approche médicinale qui peut expliquer la variété des aliments chinois (légumes, poissons, viandes, fruits), ainsi que la variété de leur mode de cuisson, évidemment selon les saisons et les lieux.
Transparaît sous tout cela la notion de responsabilisation, depuis des millénaires, d'un peuple qui ne se nourrit non pas pour le plaisir uniquement, mais pour la santé. Et ces notions sont ancrées dans les mœurs et les gens savent tous ce qui est bon pour eux. Pour les médecins chinois, et maintenant aussi pour certains spécialistes occidentaux (Colin Campbell dont j'ai traduit le livre qui s'intitule en français Le rapport Campbell), les habitudes alimentaires peuvent donc guérir toutes sortes de maux, y compris les maladies dégénératives comme le cancer.
Vous serez peut-être intéressés de savoir que je suis en ce moment en train de préparer, un livre sur l'alimentation qui comprendra des recettes végétariennes et qui ira dans le sens de la Médecine traditionnelle chinoise tout en apportant la passion de l'alimentation méditerranéenne. Mon objectif est de permettre aux lecteurs de justement davantage s'alimenter en fonction de leurs besoins vrais et aussi pour leur plaisir.
Ce domaine me passionne et j'espère avoir éveillé cette passion en vous, passion qui ne pourra qu'aller dans le sens d'une santé optimale.
Annie Ollivier