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Que faire quand je me sens blessé et affecté
par une situation ou une personne?
Comment guérir une blessure psychologique et
gérer mes émotions par la thérapie et la méditation?
Par Emmanuel Moulin
Dans la vie, quand nous nous identifions à certaines choses, nous perdons la connexion à cette paix intérieure si importante pour notre équilibre. Il y a notamment une situation qui m'est difficile c'est lorsque je me sens blessé, verbalement ou énergétiquement agressé par quelqu'un (que ce soit au niveau amoureux ou au niveau du travail par exemple).
Les groupes de thérapie et la méditation m'ont permis de développer une partie féminine, une sensibilité, ce qui est une bonne chose mais qui devient un défi lorsque je fais face à de la dureté, à une manipulation ou une forme de cynisme par exemple.
Quand je me sens blessé, ou dit autrement, lorsque « mon cœur » a mal, il est très facile de me perdre dans la colère ou dans d'autres émotions et la tentation de se fermer (à l'autre) devient forte.
Au début de mon cheminement spirituel, la thérapeute Deva Ambu qui a longtemps travaillé à la Osho Mystery School de Pune en Inde et qui a l'expérience de la méditation m'a donné une clé : « Sens la blessure. Il faut que tu sentes la peine, sens la douleur, ne t'échappe pas ! »
Cela a pris du temps mais aujourd'hui, je suis souvent capable de sentir la blessure, de rester avec la douleur. Cela prend un certain courage mais c'est aussi un tel soulagement ! Quand je suis blessé « psychologiquement », je sais qu'il va falloir que je prenne un moment pour moi, pour sentir la tristesse et la peine, et donc peut-être pleurer, car derrière la blessure se trouve le cœur et les pleurs sont le langage direct du cœur.
Pleurer nettoie en quelque sorte…c'est une guérison et c'est aussi une méditation qui nous rapproche de notre être intérieur.
Parfois je me suis demandé si je ne pleurais pas trop car en tant qu'homme… Je ne le crois pas. L'an passé j'en ai parlé à Prem Shunyo, une femme qui a dédié sa vie à la méditation et en qui j'ai grande confiance et elle m'a dit : « Non, c'est très bien que tu puisses pleurer. Surtout pour un homme c'est une bonne chose.»
Je le pressentais au fond de moi mais j'avais besoin de ce petit coup de pouce pour vraiment l'accepter. Et je vois bien qu'à chaque fois que je pleure, quelque chose devient plus claire et plus mature en moi.
La vie m'a appris que nous avons tous un enfant intérieur blessé quelque part en nous (à l'exception peut-être des rares personnes éveillées dont l'ego a disparu).
Alors que j'écris cet édito, le N°3283 (15 au 21décembre 2012) de Télérama titre « Le déclin de l'empire masculin » et les deux femmes qui dirigent Télérama (une rareté parait-il dans la presse française) crient dans leur édito avec une certaine satisfaction « Vive les hommes qui pleurent ! »
L'enseignant spirituel Osho parle ainsi de la voie du cœur, de la différence entre les femmes et les hommes :
« La femme est plus aimante parce qu'elle ne vit pas à travers la logique, par la raison mais par l'émotion pure et le cœur.
La voie du cœur est belle mais dangereuse. La voie du mental est ordinaire et sans risque.
L'homme a choisi le chemin qui offre le plus de sécurité, le chemin le plus court. La femme a choisi le chemin le plus montagneux, le dangereux des émotions, des sentiments et des états d'âmes. Et parce que jusqu'à présent le monde a été régulé par l'homme, la femme a souffert immensément. Elle n'a pas s'ajuster à la société que l'homme a crée car cette société est crée selon les principes de la logique et de la raison.
La femme veut un monde de cœur.
Dans la société crée par l'homme, il n'y pas de place pour le cœur. L'homme doit apprendre à être plus aimant, plus dans le cœur car la raison mène le monde vers un suicide global. La raison a détruit l'harmonie de la nature, l'écologie. La raison a permis d'obtenir des belles machines mais elle a détruit la belle humanité. Un peu plus de cœur est nécessaire dans chaque chose. »
D'après mon expérience, ce n'est pas seulement une question homme-femme, il s'agit des qualités féminines. N'est-il pas temps de donner dans nos sociétés modernes de l'espace non pas aux féministes mais aux énergies féminines ?
Osho dit « qu'il ne faut jamais avoir honte de nos pleurs ». Il a d'ailleurs crée à la fin de sa vie une thérapie méditative « La Mystic Rose » où on peut se laisser pleurer autant qu'on veut. C'est une forme de méditation absolument nouvelle qui n'a jamais existée avant dans l'histoire de l'homme.
Jagran et Anne-Laure Jaffrelo qui animent cette thérapie méditative en France, expliquent que « c'est un processus de trois semaines, trois heures par jour, dans lequel les participants s'immergent dans l'énergie du rire, ensuite des pleurs et enfin du silence et de la détente de la méditation. C'est un processus chimique qui dissout nos conditionnements, répressions et peurs qui ont bloqué notre vitalité et joie. »
Osho explique le pourquoi de cette thérapie méditative :
"Tout ce que le monde a besoin est un bon nettoyage du cœur, de toutes les inhibitions du passé. Le rire et les larmes peuvent faire les deux. Les pleurs libéreront toute la souffrance cachée à l'intérieur et le rire libérera tout ce qui empêche votre joie. Une fois que vous avez appris l'art, vous serez immensément surpris: pourquoi ceci n'a jamais été enseigné jusqu'ici ? Il y a une raison : personne ne veut que l'humanité ait la fraicheur d'une rose, son parfum, sa beauté."
Comment nos blessures guérissent-elles ? C'est tout simple, une blessure est toujours créée par une part inconsciente, un manque de vigilance, une forme de sommeil quelque part en nous. Et lorsque nous sentons consciemment la blessure, cette blessure est alors immédiatement guérie. Je répète : sentir consciemment la blessure est une clé magique.
J'ai déjà fait 3 séminaires Mystic Rose dans ma vie…et je recommande ce travail qui amène guérison, clarté, intégration et joie…on en sort vraiment rajeuni et ouvert !
Face à nos blessures, il me semble aussi important de se poser des questions sur notre personnalité/ego : Quand je me sens blessé, qui est-ce qui est blessé ? Qu'est-ce que j'appelle « mon cœur blessé » ?
La thérapeute Anando explique dans un excellent article en anglais « Healing the heart »
que derrière ce qu'on appelle "le Cœur blessé" c'est une sensation physique causée par certaines pensées. Elle souligne un point important : c'est en fait l'ego qui est blessé. C'est écrit-elle « notre mental qui souvent rumine sans arrêt ce qui nous est arrivé ».
Vous connaissez peut-être cette histoire dans la vie de Bouddha:
Un jour, un homme vint à Bouddha et lui cracha au visage. Ses disciples, évidemment, étaient furieux. Ananda, le disciple le plus proche, s'adressa à Bouddha : ça dépasse les bornes ! Il était rouge de colère et poursuivit : Permettez moi de montrer à cette homme ce qu'il vient de faire !
Bouddha se nettoya le visage et dit à l'homme: MERCI, MERCI, MERCI,
Il ajouta devant ses disciples :
« Tu as généré une situation, un contexte, dans lesquelles j'ai pu vérifier que je ne peux toujours pas être envahi par la colère, que ce n'est pas possible et je t'en suis extrêmement reconnaissant car tu as généré également une situation qui servira d'exemple à mes disciples, et en particulier pour Ananda, mon disciple le plus proche.
Cela lui permet de constater qu'il peut encore être envahi par la colère. Merci beaucoup ! On t'est très reconnaissant ! Tu peux revenir quand tu veux. S'il te plait, à chaque fois que tu ressentiras cette impériale envie de cracher, tu seras le bienvenu parmi nous. »
Pour l'enseignante Anando, à un moment il faut être capable d'agir en adulte et de pardonner à l'autre personne (si cette personne a agi avec inconscience c'est son histoire, elle devra en gérer les conséquences) mais c'est à nous d'ouvrir notre cœur et de nous libérer de cette histoire à laquelle nous sommes devenus attachés.
Au lieu de mettre notre attention sur les qualités négatives de cette personne, pourquoi ne pas regarder les qualités positives ? Avez-vous remarqué que notre mental aime à reprocher des choses aux autres et à continuer à se plaindre ? C'est devenu une habitude !
Anando explique bien que tant que nous avons une rancune ou un ressentiment pour une personne, cette personne continue de nous hanter. D'une certaine manière, en faisant cela, nous lui donnons un certain pouvoir sur nous. Nous ne sommes pas encore libres.
Pour commencer l'année 2013, voici une petite méditation sur ce thème que nous pouvons facilement pratiquer dans la journée:
« Quand quelque chose vous blesse, soyez conscient de votre blessure. Ne la laissez pas grandir, laissez la guérir. Et elle sera guérie qu'à partir du moment où vous irez à la source de la blessure. Moins vous serez dans la tête, moins votre blessure pourra grandir. Sans tête, il n'y pas de blessure. Vivez une vie sans être dans la tête. Avancez comme un être total et acceptez les choses. »
Dans les prochaines 24 h, essayez. Soyez dans une acceptation totale, quelque soit ce qui se passe. Quelqu'un vous insulte, acceptez-le. Ne réagissez pas et voyez ce qui se passe. Soudainement, vous sentirez un flot d'énergie en vous que vous n'aviez pas senti avant. »
Et bien sûr, le sens de l'humour nous aide sur le chemin de la conscience !!!…et pour commencer l'année avec un bon fou rire, cliquez notre rubrique blagues qui a été mis à jour avec plein de nouvelles blagues :
Amour, rire et silence,
Emmanuel Moulin