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Deux livres de Tantra que j'ai aimés
Slow sex et Laisser faire l’amour
par Emmanuel Moulin
Vous n’en avez peut-être pas conscience mais selon certains anthropologues et psychologues le concept de « couple» semble être une invention assez récente. Avant, peu de gens cherchaient à fonder une famille et à travailler tout en continuant à avoir une sexualité épanouie et une vraie intimité. L’espérance de vie s’est aussi allongée. Les mentalités ont évolué (on fait moins d’enfants, on peut divorcer, moins de culpabilité etc.).
Les priorités ont clairement changé. Il est devenu naturel d’être à la recherche d’un certain bonheur, d’un plaisir global de vivre qui passe par le bien-être corporel et une sexualité satisfaisante et donc prolonger une sexualité satisfaisante est je crois de nos jours, le désir et l’aspiration de beaucoup d’hommes et de femmes.
Or, il est évident que ni les religions, ni les spiritualités traditionnelles ne peuvent vous aider si vous souhaitez associer sexualité et pleine conscience. L’enseignante Amma demande par exemple dans son ashram de séparer les hommes et les femmes dans la piscine et le maillot de bain est interdit pour les femmes. Il est interdit de partager une chambre si vous n’êtes pas un couple durable. Quel conservatisme ! N’est-ce pas là le signe d’une spiritualité indienne, dépassée et répressive qui n’a pas grand-chose à apporter aux occidentaux ? Les calins (hugs) c’est « gentil » mais il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas une réponse sérieuse à la question que beaucoup de couples (hétérosexuels ou homosexuels) se posent : Comment prolonger une sexualité épanouissante dans le couple ?
La question est d’autant plus importante qu’aujourd’hui de plus en plus de gens vivent un niveau de stress aigue qui affecte la vie intime. Tensions au quotidien = tensions dans les relations amoureuses = une sexualité bloquée ou ennuyeuse. La relation amoureuse amène souvent de la frustration et de la colère. Les années passant, les rapports sexuels sont moins nombreux et moins satisfaisants. Les statistiques parlent d’eux-mêmes : il parait que la durée moyenne d’une rencontre sexuelle est estimée à environ deux à trois minutes. L’éjaculation précoce est parait-il beaucoup plus répandue qu’on peut l’imaginer. C’est la conséquence d’une vie mentale, d’une vie terne et d’une sexualité mécanique et inconsciente tournée vers l’orgasme génital.
Les deux livres : « Slow sex » (Almasta Editions) de Diana Richardson et « Laisser faire l’amour » (Editions Path of love) de Stephen Vasey proposent à peu près la même voie : « faire évoluer la sexualité vers l’union méditative et aimante de deux énergies complémentaires ». Dit autrement par Stephen Vasey : « En faire moins…ralentir…se détendre…se relaxer ».
Le secret d’une sexualité épanouissante et intense serait en fait la lenteur, la conscience, « laisser faire ».
Ces deux thérapeutes expérimentés l’affirment à partir de leurs expériences et des centaines de personnes (jeune amants ou couples durables) qui ont travaillé avec eux : si un couple vit la sexualité avec plus de conscience, plus d’authenticité, la satisfaction est plus grande. La solution est de changer d’état d’esprit par rapport à la sexualité. La spiritualité ne se vit pas qu’en dehors du lit, dans les cours de yoga ou de méditation…mais aussi au lit. Il existe ce qu’on peut appeler une « sexualité douce », il suffit pour cela de spiritualiser notre sexualité qui va nourrir notre relation amoureuse.
Je ne peux pas résumer les deux livres mais disons que quand on apprend à se relaxer dans l’instant présent en faisant l’amour, une transformation se passe et elle nourrit notre corps et notre être. Etre plutôt que faire. Pour cela, il faut déjà identifier et comprendre nos conditionnements, nos désirs et nos attentes enfouis dans l’inconscient. Il faut aussi se désencombrer et être à l’écoute à ce qui se passe dans le corps, dans le cœur et dans les énergies.
Il ne s’agit pas de tuer la sexualité ou la passion, ce n’est pas répressif…au contraire, malgré les apparences, c’est notre société qui est anti-orgasmique, antisexuelle . Il faut au contraire « lâcher notre contrôle », « se reconnecter au plaisir », revenir à la notion de « jeu » et « réveiller les énergies ».
Or ce n’est pas facile car quand nous sommes pris dans toutes nos obligations de la journée, notre attention est principalement tournée vers l’extérieur de notre corps. Nous nous perdons dans nos buts, dans nos relations et comme l’écrit si bien Stephen Vasey nous sommes « coincés dans l’univers du devoir et souvent obnubilés par la liste des choses à faire, à terminer ».
Bien sur, les auteurs nous rappellent que chaque personne, chaque couple doit trouver ce qui est juste, cela change d’ailleurs avec l’âge et les expériences. La clé c’est le « non faire » ou dit autrement, la pleine conscience, la méditation. Certains ont besoin d’énergies méditatives, d’autres ont besoin d’érotiser leur vie mais dans les deux cas, il s’agit D’ETRE présent à ce qui EST.
Les deux livres donnent beaucoup d’exemples et des techniques concrètes, amusantes parfois et souvent très simples à pratiquer.
Bien sûr, les deux livres ne s’arrêtent pas à la sexualité…c’est de spiritualité, de vie et de bien-être dont il est question.
Simplement, pour eux, comme pour le Tantra, il n’y a pas de division entre sexualité et spiritualité. Il est possible de jouir en conscience.
J’ai fait plusieurs stages de tantra où j’ai déjà pratiqué différentes choses mais j’ai trouvé que les deux livres étaient vraiment une aide précieuse pour intégrer tout cela.
Les deux livres sont complémentaires et j’ai trouvé passionnant de les acheter et de les lire en même temps !
Diana et Michael Richardson
Etonnamment Diana Richardson a (peut-être) une approche légèrement plus rationnelle et scientifique (étonnant car c’est une femme). Diana Richardson (et son compagnon Michael Richardson) sont peu connus en France mais beaucoup d’enseignants tantra les considèrent parmi les plus grands thérapeutes Tantra au monde ! Et quand on lit le livre on comprend pourquoi, tout est très clair, très simple, innovant, holistique. Ce n’est pas du tantra de bas de gamme (comme on peut en voir ici ou là…) c’est vraiment un guide précis pour vivre une sexualité consciente.
Etonnamment Stephen Vasey, l’auteur de « Laisser faire l’amour » a (peut-être) une approche plus « juicy » et « joyeuse » de la question (étonnant car c’est un homme). Ce livre est une hymne à l’amour et à l’intimité. C’est un livre très riche qui dépasse et transcende nos catégorisations. Stephen Vasey s’est engagé dans un chemin de développement personnel et spirituel depuis 1980, il a vécu de nombreuses expériences sexuelles et amoureuses, il a eu aussi des temps de solitude, de vide et de silence et comme je le connais un peu, je crois pouvoir dire que c’est vraiment un livre que seul lui aurait pu écrire. Un livre que seul « un ami » peut écrire. On y trouve de nombreuses propositions et des témoignages pour vivre une relation riche et satisfaisante.
Je ne pouvais pas finir sans une petite blague « tantrique » :
La jeune Shakti fait un nouveau groupe de thérapie Primal qui travaille avec la respiration consciente et les émotions. Et bien sûr après le groupe, Shakti est déjà folle amoureuse du thérapeute Jean-Yves Promental. Mais la règle dans ce séminaire c’est qu’elle ne peut aucun cas avoir une relation avec le thérapeute jusqu’à 1 mois après le stage.
Du coup 1 mois passe…Shakti est de bonne humeur ce matin là. Elle prend sa douche, se fait belle, répète quelques mantras et décide de mettre la robe la plus sexy qu’elle a dans son armoire. Elle retrouve Jean-Yves Promental au Buddha Bar à Paris, espérant le séduire et passer la nuit avec lui. Après quelques cocktails, ils rentrent ensemble chez Shakti.
Shakti s’allonge sur le lit (king size), se tortille de gauche à droite et sourie. Après un long silence, un très long silence – Promental lui dit : « ce que je ressens avec toi Shakti, c’est que tu veux me dire quelque chose mais que rien ne sort ! ». « Rien ne sort ? » s’exclame Shakti frustrée. « Merci pour le partage Promental mais ne penses-tu pas que c’est le moment de faire plutôt rentrer quelque chose ! »
Emmanuel Moulin