Les archives de Meditationfrance
Chamanisme, Constats, Intention et Autonomie
par Olga Brix
En ce moment du monde, beaucoup se trouvent démunis, ne sachant comment vivre mieux et apporter leur pierre …
En ce moment du monde, tout bouge, tout se transforme, les peurs pointent leur nez et la sagesse populaire nous dit que la peur est mauvaise conseillère, c’est vrai, (sauf quand elle nous permet de courir assez vite pour nous éloigner d’un tigre affamé).
Comment faire pour ne pas avoir peur, plus précisément, comment faire pour gérer nos peurs ?
- Les ignorer contribue à alimenter un stress caché.
- Ne pas les ignorer pousse certains à se rendre dingue en écoutant sans répits le babil incessant de notre mental, imaginant les pires scénarios possibles (ce qui donne du grain à moudre à beaucoup d’extrêmes).
Dès que la question se pose en soi, il semble essentiel de trouver les techniques qui nous conviennent personnellement. Aucune n’est meilleure qu’une autre, il s’agit de trouver Celle qui nous convient.
Avant de vous parler de celles que je pratique, je voudrais vous rappeler que nous sommes des arbres. Des arbres qui marchent, c’est à dire, des liens énergétiques entre le ciel et la terre. L’enfant ne le sait pas : il le vit… il se nourrit sans arrêt de cette énergie qui monte en lui, de la terre vers le ciel et de cette énergie qui descend par lui, du ciel vers la terre. Il s’en nourrit jusqu’à ce qu’il soit confronté à ses premières contrariétés et là, peu à peu, il va fermer ces chemins. Pourquoi ? Parce que personne ne lui a dit comment les rouvrir, tout simplement. Et nous voyons partout des luttes sans fin pour acquérir de l’énergie, généralement en se nourrissant des autres.
On trouve cette technique dans pratiquement toutes les traditions avec quelques variantes, la voici :
Debout, les pieds au niveau des hanches, bien campés sur le sol, les mains le long du corps. Ressentez votre présence là où vous êtes, soit sur la Terre Sacrée, soit en haut d’un immeuble.
Fermez les yeux et visualisez des racines qui plongent dans la terre (n’ayez crainte elles traverseront les étages). Une fois que vous les sentez, ouvrez en vous une colonne ascendante et à chaque inspiration, faites monter l’énergie de la Terre au travers de cette colonne, au-delà de vous, vers le ciel.
Cette colonne ascendante maintenant en mouvement, visualisez des branches partant de votre tête, de vos épaules montant vers le Ciel. Visualisez une autre colonne descendante, à côté de l’autre et à chaque expiration, faites-y descendre l’énergie vers la terre. L’énergie de la Terre va vers le Ciel, l’énergie du Ciel va vers la Terre, vous devenez un canal entre les deux et faites alors partie intégrante de l’univers. Pendant ce temps-là, tout votre être s’emplit d’une énergie (gratuite) laquelle va irradier bien au-delà de ces deux colonnes.
Si vous faites cela tous les jours, puis à chaque fois que vous y pensez, la connexion se mettra en place de plus en plus rapidement. Vous pourrez le pratiquer assis, allongés, dans le bus ou le métro. Une personne vous agresse au travail ? Elle est en manque d’énergie. Ouvrez une porte au niveau du plexus et envoyez-lui de cette énergie-là au lieu de vous faire prendre la vôtre. Et se rappeler qu’à chaque contrariété, nous coupons le flux jusqu’à ce que ce rituel entre dans notre vie.
Alors que nos sociétés occidentales sont engluées dans les culpabilités, que nous avons tous appris à nous culpabiliser d’un rien et que nous culpabilisons facilement les autres… il est une technique que je trouve pratique : Constater… nous nous trouvons dans une situation qui éveille notre culpabilité ? Constatons la situation… juste constatons-là. Nous nous mettons facilement en colère ? Lorsque la colère pointe, ou qu’elle s’est exprimée, au lieu de le regretter simplement, constatons-le… etc. constater bloque le jugement et nous permet de comprendre nos schémas. Comprendre est la première porte ouverte à nos solutions. Nos solutions, car selon nos tempéraments, nous n’avons pas forcément les mêmes avancées vers nos solutions.
Un des outils chamaniques permet d’atteindre les racines de nos blocages, lesquels se manifestent par des « systèmes » de défense inconscients et perturbants. Cet outil s’appelle le Recouvrement d’Ames. (Les chamanes partent du principe qu’à la plupart des chocs de notre vie, on laisse des bouts d’âme. Ces chocs remontent parfois très loin et il est essentiel de récupérer nos bouts d’âmes afin de redevenir complet, afin de récupérer l’énergie d’avant les chocs).
Dès que l’on appréhende les processus qui nous lient depuis le début de notre histoire, nous pouvons partir en quête de cette personne spéciale que nous sommes, celle qui s’est cachée à l’arrière des influences de notre entourage, proche, lointain et de notre milieu social. Commencer à saisir ce que nous sommes nous demande de partir de ce que nous percevons de nous même dans l’ici et maintenant, d’accepter ce que nous considérons comme le pire tout autant que le meilleur. Deux volets nécessaires à nos avancées.
Un autre outil vous met en rapport avec les énergies qui vous conviennent. Ces énergies prennent souvent la forme d’un animal, c’est la raison pour laquelle on part à la recherche de notre Animal de Pouvoir. (Personnellement je ne parle pas d’Animal Totem ce qui, selon ma compréhension est un terme spécifique aux clans. Les amérindiens faisaient parti du clan de l’Ours par exemple, c’était le Totem du clan. Lorsqu’un enfant naissait, le chamane lui donnait son Animal Totem. Hors, nous ne vivons rien de tout cela dans nos villes). Dès que l’on arrive à communiquer avec notre Animal de Pouvoir, on prend conscience de la qualité de l’énergie dans laquelle on pénètre. Et peu à peu, nous découvrons une réelle différence entre les voix de nos guides et celle de notre mental (ce babil incessant dont je parlais au début de ce mot). Notre mental aime à entretenir les doutes, les peurs, les certitudes par son bavardage. L’origine du mot mental est d’ailleurs intéressante : elle vient du mot latin, mens, mentis - esprit, intelligence - et du verbe mentiri – mentir. Si une partie de notre mental nous est essentielle, le rapport à l’esprit, à l’intelligence, l’autre déteste avant tout les changements, déteste l’incertitude et ce mental-là met souvent tout en œuvre pour nous empêcher de changer, jusqu’à nous mentir pour nous garder dans ce qu’il connaît. Il nous est donc nécessaire d’apprendre à le remettre à sa place, à nos ordres, tout comme son grand ami, l’Ego.
Ces outils sont simple, ils font appel, entre autres, à un registre que nous connaissons bien, que nous utilisons rarement hors de son expression la plus commune : l’imaginaire. Nous rêvons de voyager, réussir, trouver le ou la compagne idéale etc., et, avouons-le, nous nous en servons souvent pour fuir le quotidien. Pourtant, si nous remettons cet « Imaginaire » entre les mains de l’Univers nous pénétrons dans le grand « Rêve », l’un des outils les plus efficaces des chamanes, qui nous révèle bien des secrets. Cet outil est ce que l’on appelle « Le Voyage Chamanique ».
Nous sommes des parts d’éternité, et en dehors de ce qui fait notre vie de tous les jours, nous faisons également partie de cet ensemble merveilleux qu’est l’univers, partie de chaque famille de vie qui habite notre planète. Et pour pouvoir avancer dans ces domaines, nous mettrons en œuvre un autre registre, celui de l’Intention. Je ne parle bien sûr pas de l’intention d’aller au cinéma, de partir en vacances ou de faire un taboulé ce soir. L’intention … force que nous utilisons parfois contre nous-mêmes lorsque nous nous baignons dans notre soi-disant médiocrité en nous traitant nous même de tous les noms possibles ! L’Intention… une des plus grandes forces dont nous disposons… L’intention, cette tension de tout notre être vers… Les chamanes disent : « une fois l’Intention envoyée, tout l’univers conspire à sa réalisation. » D’où la nécessité de devenir les maîtres de nos pensées ! Sandra Ingerman* nous avait raconté qu’elle avait fait une liste de toutes les pensées négatives qu’elle pouvait avoir. Puis, elle en a écrit la balance positive sur des post-its qu’elle avait collé autour de son ordinateur afin de s’en souvenir pour ne plus être victime de ce type de pensées.
Nous avons tous quelque chose à faire ici, là où nous sommes… sinon, nous ne serions pas là. Et si nous pensons que nous devrions être ailleurs, alors allons ailleurs… après s’être assuré que ce n’est pas une fuite.
Nous avons cette chance de pouvoir devenir acteur de nous même. Et je constate que plus les personnes « deviennent », plus elles rayonnent alentour, plus elles aident d’autres à désirer « devenir », à « être ».
En fait, quel est le but d’une vie ? Gagner de l’argent ? Réussir ? Que veut dire réussir ? Penser à lier l’harmonie à ses intentions permet d’allier le nécessaire vital à la réalisation intérieure, sans limites.
Tout a changé dans ma vie le jour où j’ai compris pourquoi mes livres ou films favoris avaient été du fantastique ou de la SF… pourquoi mon premier livre de chevet avait été « La Quête du Graal ». De cette conscience j’ai senti à quel point notre vie peut être exceptionnelle si on la vit, au quotidien, comme une quête…
Je voulais être artiste… j’ai fait du théâtre, du chant, du dessin… la vie est drôle, bizarre… à chaque fois j’ai arrêté, à chaque fois, j’ai peu après rencontré sur mon chemin des personnes qui auraient pu m’aider si j’étais restée dans tel domaine. Que me disait la vie ? – tu vois, tu aurais pu, ce n’est pas un ratage… il y a autre chose pour toi. - Oui, mais quoi ? Alors j’ai regardé mon chemin et vu comment j’ai sauté sur chaque opportunité en confiance, quitte à me « planter » en pensant : c’est une partie du voyage, oui, même les passages les plus noirs. Et pour la petite histoire, comme mon intention d’enfant a dû être forte, le théâtre est venu me retrouver, pour le plaisir.
En sus de l’harmonie, j’ajoute l’intention de l’autonomie… s’en approcher au plus près possible, approcher et goûter l’alliance de ces deux états pour soi-même et pour celles et ceux qui le désirent. Devenir autonome permet de ne plus attendre de solutions de l’extérieur et l’on constate vite, qu’elles arrivent les solutions, par des biais auxquels nous n’aurions jamais pensé. Alors on commence à mieux vivre le moment présent, mieux y déceler les opportunités qui s’ouvrent à soi et on trouve le courage de s’y engager. Tout cela m’est arrivé en grande partie grâce à un maître soufi, Omar Ali Shah et depuis vingt ans, grâce à la pratique chamanique. Pour certains autre ce sera par le soufisme, le yoga, la méditation, le bouddhisme, le tantrisme, que sais-je, en tous cas, ce que je sais c’est que c’est un « boulot » continu et un « boulot » passionnant.
* Sandra Ingerman : Chamane, auteur de plusieurs livres dont « Médecine pour la Terre ».
Olga Brix