Les archives de Meditationfrance
SATSONG* Yoga de la voix
* de Sat, la Vérité en sanscrit et Song, le chant en anglais
Postures et impostures
Pour une majorité de personnes, qu’elles le pratiquent ou non, le «Yoga» est généralement perçu comme une méthode de relaxation du corps, une gymnastique orientale (chacun fait comme il veut) ; celui-ci fera sans doute bientôt partie des Jeux Olympiques, en regard des nombreux championnats de postures qui voient le jour ici-bas.
Mais nous-mêmes, quel idée nous faisons-nous du Yoga ? Quel intérêt cela suscite t-il en nous et pourquoi le pratiquons nous ?
Dans son sens initial, Yoga signifie Unité, c’est-à-dire union de toutes les valeurs séparées de nous-mêmes, et de notre environnement avec notre essentiel, le Soi, non manifesté et béatifique. Selon les textes de référence (hors religieux) ayant trait à la spiritualité vivante, tels que la Bhagavad Gita, le but ultime des pratiques du Yoga va beaucoup plus loin que la simple relaxation, il consiste à développer un état plus élevé de conscience, jusqu’à atteindre notre plein développement, à déchirer le voile de nos limites, de nos croyances en le « fini », y compris aux concepts spirituels, à sonner le glas de nos hautes considérations et certitudes envers ou contre l’Absolu et à s’éveiller à la Cause du rêve phénoménal que nous vivons. L’expérience directe de la Conscience transcendantale où le mental agité n’interfère plus et où l’on peut gouter la paix tout en étant dans le monde, amène cette révélation.
À partir de là, les maitres authentiques affirment que le véritable travail commence, que l’aventure de la Conscience continue ainsi que son ascension vers des degrés de réalisations supérieures. C’est pourquoi il est recommandé à ce stade d’avoir un guide averti, ou d’avoir une connaissance solide pour ne pas se perdre, se fourvoyer dans des pièges et se croire au dessus de la mêlée. A ce degré de l’éveil, même s’il est stabilisé, les vasanas encore présents (les tendances inscrites dans le vital) agissent toujours avec force et peuvent nuire au comportement de la Conscience et de la compréhension du subtil. L’égo peut encore s’avérer féroce, et les dérives que nous pouvons constater autour de nous parmi les néo-gurus sont innombrables. Nous devons plus que jamais user de discernement, qui est un des outils principaux recommandé par le Vedanta pour faire la part des choses sur le marché spirituel, et distinguer la corde du serpent. Nous devons choisir entre la posture et l’imposture. Les textes du Yoga nous apprennent qu’il n’y a que la Vérité, pas la mienne, ni la tienne, seulement la Vérité.
Aux âmes citoyens !
C’est cette Vérité, qui ne s’oppose à rien, que nous cherchons à découvrir dans le Yoga de la Voix, avec une joie et un goût de l’effort certain. Personne ne fera le travail à notre place, nous devons avancer à notre mesure, et rendre ainsi le miracle possible. Dans cette approche de la musique sacrée, le Guru n’est autre que celui qui pratique. Nous nous confrontons donc avec notre propre Ministère de l’Intérieur pour cheminer dans la voie où les expériences participent à l’évolution, où l’auto-référence est un gage de la transformation.
On n’a pas tous les jours 20 ans (Apologue de la sagesse indienne) *
Un jour, le bien-aimé souverain Triguna qui aimait parcourir seul son royaume pour chasser l’ennui, fut attaqué en chemin par des brigands. Lançant son cheval au galop dans la forêt, le roi, intrépide cavalier, sema ses assaillants mais perdit sa route dans la cavalcade. Essayant de retrouver une piste, il aperçut au loin une lueur, et comme la nuit s’annonçait, il se dirigea tout heureux vers la lumière. À sa grande surprise, Triguna s’engagea dans une petite clairière, où une assemblée d’hommes et de femmes, assis autour d’un grand feu, écoutait religieusement les paroles d’un vieil homme. Celui ci alimentait de temps à autre le brasier, jetant une buchette dans les flammes sans rompre son discours. Ce que disait cet homme,Turyatita, résonna si fort dans le cœur et dans la tête du roi, que ce dernier fut pris de vertige. Turyatita, cet illustre inconnu disait la Vérité, la Vérité toute nue, et le Maharaja eut la certitude que c’était la Vérité elle-même qui lui parlait par la bouche du sage. C’était prodigieux ! Turyatita reconnut très vite son souverain et lui proposa généreusement de partager son maigre repas et sa cabane pour dormir. Triguna accepta avec joie, mais une fois affalé sur sa couche de paille, il ne trouva pas le sommeil. Le lendemain il passa toute la journée dans la clairière avec le groupe d’hommes et de femmes à écouter les questions des uns et des autres et les réponses inspirées du sage. Il fut à nouveau bouleversé, et il lui fut encore impossible de fermer l’oeil cette nuit-là.
Le temps passa et la barbe du roi s’allongea. Triguna après maintes hésitations, se décida un soir à oser parler à son hôte. Dès qu’ils furent entrés dans la cabane, n’y tenant plus, le roi demanda au sage de lui révéler les secrets de cette Vérité énoncée sans répit tout au long des jours. Comment atteindre cette absolue perfection de l’être dont il spéculait avec tant d’aisance et d’amour ? Le maitre, après un large sourire, lui apprit tout d’abord qu’il n’y avait rien à atteindre et lui enseigna le Yoga de la Vérité, celui qui perce le grand mystère, le mystère du centre qui est à la fois partout et à tous les instants. Au matin, Triguna, remercia le vénérable Turyatita et suivant son injonction, s’en alla au plus profond de la forêt, sans se retourner. Il trouva vite une grotte à sa convenance près d’une source joyeuse et s’y installa.
Le roi pratiqua chaque jour le yoga de la Vérité, avec intensité, avec foi, sans questions ni doutes, tant et si bien qu’après seulement 20 ans, au fil des hivers rudes et des printemps légers, la Grâce lui rendit visite et il reconnut la Vérité en lui et en tout. Dans l’ivresse délicieuse qui ne le quittait plus, le yogi décida alors de reprendre sa route, de revenir s’occuper de son royaume pour en prendre le plus grand soin. Traversant à nouveau la forêt, se faufilant d’un bon pas entre les arbres et les taillis, Triguna, par le jeu de la volonté divine, déboucha sans y avoir songé dans la clairière de son maitre. Là, il aperçut Turyatita qui oeuvrait, majestueux tel un soleil. C’était extraordinaire ! Le vieux sage répétait mot pour mot les paroles que lui, Triguna, avait entendues en ce lieu, il y tant d’années, ce jour béni où il s’était perdu dans la jungle. Il reconnut aussi le même groupe d’hommes et de femmes autour du feu qui écoutait religieusement les réponses du vieux sage à leurs questions. Les mêmes questions que celles qu’ils avaient déjà posées au maitre 20 ans auparavant...
* adaptation Adam, pour le Yoga de la Voix.
Il était une fois…
Le Yoga de la Voix n’est pas exclusivement une pratique de chant, c’est un Yoga intégral composé de Hatha-yoga, de Karma-yoga, de Bhakti-yoga, et du Jnana-yoga. L’élément moteur principal étant la musique Hindustanie, appelée Ghandarva Gita à l’époque lointaine des Vedas. Les Gandharvas, dans la mythologie indienne, sont des musiciens célestes apparentés aux anges des diverses religions. Ils jouent leur musique magique dans un monde situé dans l’atmosphère.
Il est important de comprendre que la musique classique indienne aussi belle et raffinée soit-elle, découle avant tout d’une science véritable, la science des vibrations. Pourquoi est-il dit que la Ghandarva Gita est la musique éternelle de la nature manifestée ? Tout simplement parce qu’elle reflète les variations de celle-ci.
Nous savons que l’univers vibre en permanence, mais nous n’entendons rien de cette symphonie. Les Rishis, les voyants de l’Inde antique, qui eurent accès aux rythmes et fréquences des différents niveaux de la création, transmirent cette musique pour favoriser l’ordre et la paix au monde ainsi que la santé parfaite pour tous les hommes. Cette musique a traversé les âges et demeure toujours, par nature, inaltérable. Personne ne peut croire inventer quoi que ce soit concernant le pouvoir de la musique et s’approprier les effets qu’elle procure. Nous ne pouvons que découvrir ses lois, expérimenter et recueillir les bienfaits.
Cette science du son contient et révèle des secrets à qui veut les découvrir. Ses harmonies subtiles sont une force en mouvement, une énergie créatrice et transformatrice qui agit dans tous les degrés de l’être et de son environnement jusqu’à l’infini. Elle agit de façon holistique, le travail énergétique se fait où il doit se faire dans les centres subtils, tout naturellement. Le système nerveux est régénéré, libéré des stress, pacifié. L’état de méditation survient de façon quasi automatique après une séance de chant et cela prouve bien que cette condition de tranquillité consciente imprégnée de silence pétillant, (révélée par le Yoga), est un état naturel de l’être. Cela peut sembler énigmatique à quiconque ne s’intéresse pas de près à la chose, le mystère pourtant dévoile sa réalité concrète à tous ceux qui pratiquent ce Yoga de l’harmonie universelle. Une influence nourrissante commence à remplir l’atmosphère avant d’harmoniser le petit singe mental, et plus si infinité.
L’UN connu
On retrouve le concept des vibrations de la Création dans d’autres cultures philosophiques. La musique des sphères, d’après la théorie héritée de Pythagore, serait produite par la perfection de l’univers. Elle serait l’ensemble des vibrations qui émanent des astres et des rapports qu’ils entretiennent entre eux, et deviendrait le modèle que l’homme veut atteindre. Malgré l’origine païenne d’une telle conception, les théoriciens médiévaux ont perpétué l’idée que les distances entre les planètes représentaient des intervalles et des modulations musicales et que, finalement, à chaque planète correspondait une note de la gamme de sorte que « aux huit tons terrestres répondent les huit tons célestes ». Ceci implique, dans ce point de vue, que l’émission d’une note peut mettre en relation l’émetteur et la planète visée et que cette musique confère à chaque son une spécificité et un pouvoir particuliers susceptibles de se manifester dans la vie quotidienne des humains. (D. Gregorio « La musique dans l’astromagie alphonsine »).
Pour Saint Augustin, (Livre VI, ch. XIV) la science musicale, qui permet à l’âme de goûter à l’harmonie, à la cadence et à l’ordre présents dans le monde physique, est davantage un moyen de s’élever vers Dieu et de comprendre sa perfection que d’obtenir une quelconque reconnaissance culturelle ou sociale.
Vous avez dit modal ?
La musique modale est avant tout monodique (chant à une voix), accompagnée rythmiquement ou non, et soutenue par un bourdon (note fixe tenue). Le raffinement peut être tout aussi riche qu'en musique tonale, nuances subtiles et variations savantes, improvisations époustouflantes, séquences rythmiques complexes. En musique tonale (moderne) ce sont l'enchaînement des accords créant l’harmonie, et les superpositions mélodiques (contrepoints), qui la différencient principalement de sa soeur modale.
Eléments pratiques
La musique que nous pratiquons n’est pas un objet, elle est partie intégrante du sujet, elle résonne dans l’intimité du temple intérieur et révèle le silence qui y siège depuis toujours. Le Silence d’or. Dans cette pratique le sujet n’est pas passif, mais actif. Comme dans tout Yoga, la concentration douce est à l’honneur. Nous partons d’un centre et revenons nous poser sur le fil du Soi, tel un oiseau insouciant sur une branche de l’arbre de l’éternel printemps. Qui a dit qu’il ne fallait rien faire ? (ce qui est autant un concept que vouloir faire), que nous dit notre petit doigt spirituel, à ce propos ?
Ne rien faire, cela est possible dans l’état de sommeil profond. Or nous ne passons pas toute notre vie à dormir. Ce monde est un monde d’action, et le corps qui nous sert de véhicule est conçu pour cela. Comment agir au mieux selon les préceptes du Yoga ? Dans la Bhagavad Gita, Lord Krishna nous dit que l’état d’âme sous-jacent à l’action est ce qui importe, et non l’action elle-même. La seule chose nécessaire est que l’esprit soit fermement ancré dans un état d’équanimité (égalité d’âme), sans désirs.
Avec un peu de lucidité, on s’aperçoit que notre vie est une répétition des mêmes choses, et que nous nous projetons sans cesse dans les objets. Nous prenons même nos semblables pour des objets. Celui qui s’est suffisamment tourné vers les objets et qui en a fait le tour, se tournera naturellement vers le sujet, vers le Divin en lui, et il évoluera au fil de son existence dans ce sens. La vie continuera et sera appréciée à l’aune du calme intérieur généré par les pratiques, au gré de la quiétude qui s’intégrera de plus en plus, jusqu’à l’avènement du coup de Grâce. Alors le monde changera enfin, délivré des trépidations incessantes du petit singe mental. L’état de Conscience transcendantale est un premier pas vers la réalisation de l’être, vers le but de toute existence, se connaitre fondamentalement, et rayonner l’Unité dans la diversité.
Happy end
Dans nos séances de chant, nous utilisons, entre autres, le mantra « NARAYANA» qui est un terme générique pour désigner l’Absolu. Voici une des significations de ce mot sanscrit. : Nara veut dire homme, en tant qu’âme incarnée et Ayana, le chemin. Narayana c’est donc le but de l’évolution dans la vie, la destination ultime de l’âme. C’est un mantra universel que vous pouvez psalmodier sans risque, au réveil dans votre lit, quelques minutes, et même chose au coucher. Concentrez-vous sur le souffle, dans la formulation qui suit :
Om Namo Narayénaya (dernier a+long) et inspirez par le nez. Mélodie simple, soit : sol solsol solsol la fa sol ou Sa sa sa sa sa re ni. sa
Pour conclure, nous avons la joie de vous annoncer la naissance de la transFORMATION YOGA DE LA VOIX. Cette Formation certifiante ouvre sur un certificat d’animateur (2 ans) ou de professeur de Yoga de la Voix (4 ans).
Toutes les Informations concernant nos programmes sont sur le site www.yogadelavoix.com
Gratitude à l’Inde, et aux maitres authentiques. Om Shanti.
Adam S. Callejon et Nathalie Nichanian