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Éveil au chamanisme

connaissance

par Gislaine Duboc

Comment est-ce possible que le savoir, la connaissance, ont aussi peu d’impact sur la nature profonde de l’Être humain ?

Les découvertes scientifiques, les prouesses technologiques au cours des siècles ont obligé les hommes à acquérir de nouvelles aptitudes, de nouveaux comportements et d’intégrer de nouveaux savoir-faire.

Pour autant, ces évolutions successives, essentiellement matérielles, n’ont pas eu d’impact sur la nature profonde des hommes. Car si on observe derrière les lumières de la civilisation, on découvre que l’homme du 21e siècle n’est pas si différent de ses ancêtres.

Nous savons aller sur la lune, mais on ne sait toujours pas s’aimer ni aimer son prochain. Nous savons détruire, l’énergie atomique est le fleuron de ce savoir-faire, mais on ne sait pas se respecter, préserver ce qui existe, il suffit de regarder l’état de la planète. Nous savons diviser mais on ne sait pas vivre ensemble, tous les prétextes sont bon pour enfanter une nouvelle guerre. On vit toujours dans la peur de soi, de l’autre, de l’amour, de la souffrance, de la mort et surtout on ne fait pas confiance à la vie. On a inventé la mort qui nous terrifie et on tourne le dos à la vie qui nous épanouit. Incroyable construction mentale qui appelle « mort » le processus de transformation nécessaire à la danse de la création.

L’homme reste au stade de l’enfant qui ne veut pas grandir par peur de la transformation. Il s’accroche à ses images, ses objets, il veut retenir le temps, la vie dans l’immobilisme. Ce rêve de figer, de posséder pour l’éternité ce qui existe, domine toujours la conscience de l’individu et le sépare de la danse de la vie où tout se transforme à chaque instant. Le ver n’a pas peur de devenir papillon ! Nous avons inventé la mort et nous construisons le monde qui va avec.

Rien n’a changé chez l’individu depuis des siècles et les connaissances acquises n’ont pas su libérer l’homme de la peur de mourir. C’est donc une réalité schizophrénique car à chaque évolution technologique, scientifique, il faut trouver comment intégrer cette transformation du monde extérieur sans modifier son rapport, à soi, à l’autre, à la vie, à la mort, au monde. Il semblerait impératif que ce que le cerveau conçoit ne modifie en rien la construction psychologique de l’humanité. En conséquence : « Je sais, mais je ne sais pas » pourrai en être la devise.

carrefour

Nous sommes à un carrefour qui peut nous permettre de rencontrer la lumière ou de retourner à l’obscurantisme.

L’évolution technologique, scientifique est telle, qu’elle ne permet plus aux peuples d’intégrer ces connaissances, cette  technologie et de maintenir ce précieux immobilisme psychique ce précieux immobilisme psychique. L’ordre social est menacé, mais l’équilibre interne aussi ; d’où un mal-être au niveau individuel et une société qui s’achemine vers le chaos comme elle l’a déjà fait par le passé. C’est la distance entre le monde matériel et l’âme qui engendre une telle peur, qu’elle réclame (comme dans le passé) le retour à l’obscurantisme.

La première des conséquences est le retour en force de la dynamique fondatrice : « diviser, cloisonner, encore et encore ». Elle favorise l’individualisme, la vision à court terme, le besoin de nommer, de s’approprier, sa patrie, ses lois, ses ressources, ses brevets, ses populations, etc. La vibration du « possessif » domine le monde aujourd’hui. Les valeurs telles que : le partage des richesses, le goût de la différence qui enrichit, de l’amour du prochain qui nourrit, le désir de faire évoluer le monde dans la paix, de protéger le monde vivant et la biodiversité s’effacent devant les bottes de la dictature, du profit, de la prédation, de la peur de l’autre et surtout de l‘isolement.

Les connaissances trop difficiles à intégrer dans notre psyché.

Les expériences sur l’ADN étudiées à travers les différents peuples unissent les hommes et révèlent leurs parentés étonnantes et dérangeantes, mais aussi unissent l’homme à l’ensemble du monde vivant, comme nous n’avions jamais osé l’imaginer. Nous sommes réellement, physiquement, des enfants de la terre, de l’univers et nous sommes tout simplement, une expression de la vie au même titre que tout ce qui nous entoure.

La physique quantique bouleverse la réalité de l’univers et nous sommes à présent dans un monde appelé multivers. Notre conception de l’espace et du temps sont aussi remises en question. Le monde est illusion et l’intention est créative. Autant de croyances nouvelles qui déstabilisent la vision enfantine d’un monde pensé en bon père de famille avec le bien et le mal comptabilisés dans un cahier d’écolier.

Un autre exemple, nous avons construit une toile virtuelle où chacun peut s’exprimer et accéder aux connaissances multiples qui existent dans le monde. Pour la première fois, l’humanité a construit l’outil qui permet à chacun de s’exprimer et d’offrir ainsi une unité issue de ces multiples visions. Grâce à cet outil magique, la démocratie pourrait enfin s’incarner et donner la voie à chacun pour que la richesse des visions partagées donne naissance à un rêve nouveau, à un nouvel ordre du monde. Hélas au lieu de chercher à pratiquer ce nouveau vivre ensemble, qui est la structure sociale de certains peuples premiers, la peur de perdre notre précieux héritage psychique ouvre la voie aux dictateurs pour sauver l’ordre ancien.

Enfin, cela pourrait être la fin de la faim : les merveilleuses découvertes en biologie, géologie, en sciences naturelles en physique pourraient permettre d’éradiquer la faim, la pauvreté, de préserver le monde vivant et de nous préparer avec bienveillance à la transition climatique.

Or toutes ces connaissances sont captées, brevetées, protégées, par un petit nombre qui affame les peuples et détruisent l’environnement nécessaire à leur survie, à celui de la planète.

L’évolution technologique scientifique biologique aurait pu nourrir une nouvelle spiritualité (proche de celle des peuples racines). Les deux visions du monde qui sont à leur apogée auraient uni l’humanité dans son rapport au monde, à l’univers, à la vie.

Au contraire, c’est une réalité religieuse enfantine qui reprend du service, qui divise et abêtit les hommes. C’est cela la tragédie qui nous conduit à ce proverbe « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Nous en sommes là car nos connaissances notre savoir reste à l’extérieur de celui qu’on appelle l’observateur. On ne sait pas qu’on détruit l’arbre sur lequel on est assis. Même ceux qui sont leaders, au sommet de ce suicide collectif, ne savent pas ce qu’ils font. Ils sont comme nous, tous conditionnés pour être des observateurs et les garants du système immuable construit il y a des centaines d’années. C’est cela la tragédie de notre époque : nous n’avons pas su grandir avec nos découvertes.

Comment sortir de cet engrenage mortifère et oser donner naissance à l’homme spirituel ?

Les origines

Vous êtes conditionné pour rester dans l’immobilisme. Ainsi, vous êtes le garant d’une réalité verticale, pyramidale, patriarcale, sociale, qui conduit les hommes à se répéter, quelle que soit l’époque, avec un manque d’imagination affligeant.

Tout a commencé par cette croyance transmise depuis des millénaires à nos enfants : « les parents font des enfants, la mère donne la vie. »

Pour l’enfant, les parents ainsi nommés sont les créateurs. L’enfant est donc un objet qu’il faut construire à son image. La science a prouvé que la vie s’incarne quand elle veut, comme elle veut. Les parents font l’amour, mais « ne font pas un enfant » dans le sens littéral du terme. Cependant, la réalité émotionnelle du rapport filial reste inchangée, ainsi que les croyances qui en découlent. Elle se manifeste ainsi : « ma mère m’a fait, elle est responsable de ce que je suis, imparfait ». Ou encore le désir sexuel se confond avec le désir d’enfant. Les conséquences s’expriment par « je n’ai pas demandé à venir au monde, c’est elle (ou ils) qui me voulait… » et aussi par cette croyance « si on ne me désire pas, je n’existe pas... »

Pour les parents, il y a moins d’une vingtaine d’années, l’enfant naissait sans passé. Il était une coquille vide à remplir conformément aux caractéristiques et à l’histoire de sa lignée. Ils devaient lui apporter les connaissances nécessaires à son éducation. On pourrait comparer ce formatage à un programme informatique construit à partir des caractéristiques psychologiques, sociales et religieuses de la lignée. On implante certaines croyances et on veille à ce qu’elles soient parfaitement appliquées. Ces petites phrases en témoignent. « Mais d’où sors-tu cette phrase, ce mot ? D’où te viennent ces idées ? Je ne t’ai jamais enseigné cela ». Ou encore : « mais comment tu te tiens ? Chez nous, on ne fait pas ça » etc. Chacun devient le gardien de l’autre et le substitut de la génération précédente.

Plus tard, le programme sera amélioré par l’école, qui l’éduquera à sa réalité du monde, plutôt que de lui apprendre à le penser par lui-même. L’école sélectionnera les mieux conditionnés pour devenir les garants, les gardiens, les plus aptes à reproduire la même réalité du « vivre ensemble ».

Les parents en tant que « Créateurs » incarnent un conditionnement primordial pour construire la réalité d’un Occidental. Si les parents sont des créateurs d’enfants, ils sont à l’égal de Dieu. L’homme est ainsi dissocié de son créateur et de tout ce qui l’entoure. Il se sent le droit de créer un monde à son image, il rentre dans le monde du Fer du « savoir-faire ».

Chaque individu se construit dans les yeux d’un monde extérieur à conquérir, à comprendre, à dominer, à transformer, à séduire, à comprendre. Mais ce monde extérieur est perçu comme un objet. C’est ce que me disait un de mes patients chercheurs au CNRS : « le problème dans la recherche, c’est que seul l’observateur est vivant ». Ce n’est, hélas, pas seulement dans ce domaine. Faites le test : ressentez votre lien à l’autre, aux plantes, aux animaux au ciel. Prenez le temps de vous poser et regarder, ressentez ce fossé. C’est de là que naît le sentiment de solitude, la peur d’être seul, la sensation perpétuelle du manque.

Cette construction psychologique du départ nous conditionne pour être éternellement isolé-e, éternellement mendiant-e, d’objet, d’affection, de gestes, pour remplir ce fossé, ce vide sans fin. D’où le développement de cette société de consommation, qui détruit l’équilibre du monde vivant.

Pourtant, la vie est bonne mère et il y a eu un miracle. Les connaissances scientifiques, biologiques, moléculaires, physiques, technologiques ont su mettre l’homme face à la réalité de l’univers. Le monde est « un » ni temps ni espaces, l’univers est multiple et la conscience est la dynamique de l’évolution. Nous sommes tous connectés, notre toile virtuelle est une pâle copie de celle qui est réelle, nous avons créé un monde extérieur qui aurait les moyens de nous emmener à la conscience du tout, si nous pouvions relier ce que nous avons appris à ce que nous sommes. Si nos découvertes scientifiques s’incarnent dans la graine de vie qui dort en nous alors le monde s’éveillera à une conscience plus grande.

C’est donc notre chance aujourd’hui, car les Indiens ont fait le parcours inverse. Ils ont nourri la graine qui est en chacun et après l’avoir fait fleurir, ils ont su voyager à l’intérieur de la toile. Ils ont appris à s’y harmoniser. L’homme a trouvé sa place, comme le bourdon ou l’abeille qui pollinisent les fleurs et donnent les fruits. Il ne connaît ni la solitude ni la mort, il est le monde.

Comment est-ce possible ?

Pour les peuples racines, le monde extérieur n’existe pas. Leur vision de la naissance est juste une expression de la vie qui s’incarne dans le corps d’une femme, suite à un rapport amoureux. À la naissance d’un enfant, on le présente aux arbres, aux animaux, aux quatre éléments à la terre et à la communauté. Il est une manifestation de la vie, une part de l’ensemble qui existe autour de lui, au-dessus de lui, au-dessous de lui, en dedans de lui comme le dit la chanson d’Isis. De fait, le monde extérieur n’existe pas, il n’y a pas d’observateur et donc l’homme fait partie du tout en naissant, il a l’âge de l’univers. 

Le souci de l’Indien est de se connecter le plus possible aux éléments pour élargir sa conscience. De goutte d’eau en goutte d’eau, il devient l’océan. C’est ce que j’appelle l’art du « savoir-être ». En partant de l’individu, dans un voyage intérieur, l’homme est une clé de l’univers.

Pour comprendre leur démarche, il vous suffit de vous allonger. Commencer par prendre conscience des parties du corps que vous sentez, puis portez votre attention sur celles que vous sentez moins bien, imaginons que vous passiez des heures et des heures dans se sentir toujours plus présent à vous ; peu à peu, vous pourriez sentir vos organes, puis le sang, l’eau, puis vous pourriez sentir les effets du soleil sur votre métabolisme, du vent, de l’oxygène et ainsi de suite. Peu à peu, vous seriez relié à tout ce qui vous entoure, car votre corps et aussi le monde. C’est un voyage de l’intérieur, il ne laisse pas des traces dans le monde manifesté, pas de monuments, pas de pollution, il apporte à l’homme la conscience d’un monde éternellement en mouvement. Leur voyage a été tellement fabuleux, dans la connaissance de l’univers qu’ils sont arrivés, à peu près, au même résultat que nos chercheurs en physique quantique en biologie en connaissance de l’ADN, etc. 

Nous avons la chance aujourd’hui que les deux visions du monde, l’une acquise à l’extérieur, l’occidentale et l’autre à l’intérieur, l’indienne, soient en plein accord sur la réalité du monde. Dans ma vision, c’est un signe. Il est venu le temps des épousailles pour chacun de nous. L’éveil des consciences où enfin la science aura rejoint l’âme et épanouira l’humanité.

Gislaine Duboc