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Le Qi Gong, une poésie du mouvement
par Frédéric Volle
Les chinois se sont inspirés de la poésie de la nature, des éléments, des animaux pour créer le Qi Gong : qi gong de l’oie sauvage, deux dragons jouent avec une perle, ouvrir la montagne…autant de noms qui inspirent l’harmonie de leurs mouvements.
Cultiver l’art de la présence
Revenir au corps c'est revenir à soi, au Soi, à sa nature fondamentale.
Grâce à des personnes comme Frédéric Lenoir, Christophe André, ou encore Mathieu Ricard le principe de pleine conscience, du « Ici et maintenant », du moment présent se diffuse en Occident. Mais la pleine conscience ne suffit pas si elle n'est pas reliée au corps.
L'union corps et esprit est vitale et devient concrète dans le Qi Gong. Grâce à la lenteur car nous allons prendre le temps de sentir ce qui se passe dans notre corps, de localiser nos intentions de façon précise. Nous nous reconnectons ainsi à nous-mêmes, nous revenons à la respiration qui se synchronise naturellement au mouvement.
Investir la Sensorialité
Dans le quotidien je suis totalement attentif à ce que je fais quand je prends mon déjeuner ou ma douche. Ainsi jour après jour je retrouve la douceur et l'agilité du corps. Je marche, pas à pas, je suis attentif au choc du pied sur le sol. Je modifie ce contact, je prends l'habitude de déposer le pied moelleusement sur le sol, de laisser la cheville se dérouler. J’habite mon corps, j'écoute sa bienveillance, son impétuosité.
Se relier avec la Nature
S'immerger dans le vert. Accompagner le vol de l'oiseau dans sa légèreté, totalement uni avec son mouvement dans le ciel, soulevé par le vent, emporté. Toucher le tronc de l'arbre, sentir les aspérités de son écorce, l'odeur humide de l'humus, être surpris par le bruissement si doux et vivant de ses feuilles. Sentir la chaleur du soleil sur ma peau. Croiser les couleurs du ciel infini, des fleurs émouvantes »
Dans cette relation profonde, le mouvement de la nature inspire celui de notre corps et l’emplit d’une poésie qui s'inscrit profondément dans notre façon de vivre.
Chez les taoïstes, pour Lao Tseu, cette union avec l’univers conduit l’être humain à être en harmonie avec la nature dont il accepte la dimension non contrôlable, en suivant le cours naturel et parfois chaotique des choses, en étant dans la présence à la réalité. Pour lui Homme et Nature ne font qu’un alors que le monde dit moderne se positionne en dominant par rapport à la nature, il veut la maîtriser, l’asservir car il a peur de la subir, aussi il ne peut la respecter.
Respirer le monde
En relâchant le corps et l’esprit je libère la respiration et vice-versa. Cultiver et apprivoiser le souffle est vital, comme dans le hata yoga, la respiration et le corps vont retrouver leur amplitude et nous notre quiétude fondamentale. La qualité d'un mouvement se fait par son harmonisation avec le souffle. Les enchainements réalisés avec une respiration spontanée vont faciliter l’ancrage et la puissance alors que ceux où la respiration est hasardeuse vont être coupés de l’intention créatrice. Et ainsi notre corps et notre esprit vont pouvoir s’ouvrir au monde.
Revenir à Soi
En revenant à la conscience corporelle nous développons notre état de présence à nous-mêmes et au monde. Ainsi nous nous relions à notre nature profonde et donc à notre sagesse fondamentale.
La nécessité de revenir à soi devient une évidence, comme les temps de ressourcement ou de méditation.
Chez moi je peux dédier un espace à se temps de retour à Soi. J'y dépose une bougie, une fleur, un objet qui inspire le recueillement. Et là, régulièrement je m'assieds, je prends soin de moi.
Comment le moindre de nos actes peut devenir poétique
Que ce soit dans les actes les plus simples de notre vie quotidienne ou dans les pratiques professionnelles des danseurs, chorégraphes, pratiquants d’arts martiaux, la présence aux sensations ouvre un univers plus vaste.
Quand nous devenons fluides, à certains moments apparaissent des « états de grâce ». L’harmonie et la joie que nous ressentons s’expriment dans la beauté du mouvement qui prend ainsi une dimension artistique. Et c'est aussi le cas dans notre quotidien, si nous marchons, si nous mangeons en présence c'est tout un univers de perceptions qui s'ouvre. Les moindres moments de notre vie deviennent source de réjouissances.
« J'ai appris qu'écouter le corps a bien plus de sens que de lui dicter ce qu'il doit faire. Danser peut conférer un sens aigu de la pureté, de l’explosivité et de la délicatesse tout en nous permettant d’aller bien au-delà de nos limites. »
Ohad Naharin - Batsheva Dance Company au Festival Montpellier Danse.
Frédéric Volle.