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Femmes et Hommes face au désir
par Christine Goury et Patrick Houpert, TANTRACOEUR
LE DÉSIR, sujet essentiel au Coeur de notre incarnation humaine. Émotion présente tout au long de la vie et que l’on ne sait pas toujours gérer de manière paisible. Émotion qui peut même parfois devenir un vrai fardeau tant on ne sait par quel bout le prendre.
Christine Goury
Le désir est toujours quelque chose qui met en vie, en mouvement. Qui permet à toutes les cellules de pétiller, au cœur de battre la chamade, à l’être de sentir la vie en soi. C’est un état de grâce et de joie, un excitant, une montée d’adrénaline, un moteur qui colore tout notre quotidien et qui permet souvent de nous surpasser dans tout ce que nous faisons ou créons. Parfois aussi, il est source d’anxiétés, de peurs car il nous plonge dans l’inconnu de l’autre, dans la peur de ne pas arriver à le satisfaire, de ne pas être suffisamment aimable ou bien dans des peurs de lignée. Cet état peut-être ponctuel et régulier dans une relation établit ou bien nous surprendre au grès d’une rencontre. Mais dans tous les cas, si il y a absence de désirs on n’est pas complètement en vie, car on n’a pas d’envies.
Le désir pour moi en tant que femme, va être généralement réveillé par un homme qui peu me sembler peu accessible. Soi parce qu’il est trop beau, trop intelligent, trop de tout…dans tout les cas, mieux que moi. Soit parce qu’il va incarner des valeurs, des idéaux, une manière de vivre qui porte en moi l’admiration. Et pour ce faire, je vais mettre en place des stratégies conscientes et inconscientes pour faire en sorte que cet homme me regarde, s’intéresse à moi et au mieux, me désir lui aussi. Si dans cette interaction, l’homme, objet de mon désir n’y répond pas, alors je me dévalue à mes propres yeux et cet état de frustration peut devenir obsédant. Je rentre alors dans l’imaginaire de la rencontre possible par tous les moyens et seul le temps va permettre une mise à distance de cette émotion et finalement la faire taire. Si je regarde un peu plus à l’intérieur de moi de quoi est fait ce désir, je me rends compte qu’il est lié d’une part à la partie de l’autre que je ne crois pas avoir en moi, et qui me tente, mais aussi à ma propre reconnaissance et acceptation. Et pour que ce désir se révèle et s’amplifie il me faut le faire vivre, lui donner du temps, le « rêver ». Il faut aussi dès le départ, une approche subtile de l’homme ou son propre désir, afin qu’il n’absorbe et n’étouffe pas le mien.
D’une manière génèral, le désir de la femme est complexe et évolue en fonction de sa maturité.
Lorsqu’elle est adolescente, la jeune fille cherche à plaire, à confronter l’image qu’elle a d’elle-même, à celle que va lui renvoyer l’homme. Elle teste son pouvoir de séduction et cherche à travers le regard de l’autre comment séduire, attirer, plaire…c’est au début la relation avec le père, puis plus tard avec celle de ses petits copains. Ainsi peu à peu, elle construit sa personnalité. Son désir de l’autre est plus narcissique. C’est un désir qui l’amène à se trouver elle-même, à s’aimer.
Plus tard, la jeune femme cherche toujours à plaire à l’homme mais son désir va évoluer. Elle peut avoir envie à ce moment de sa vie de construire une famille et va chercher alors le bon père pour ses enfants. Elle rêve au prince charmant dont elle a toujours entendu parler à travers les contes de son enfance. Cet homme parfait pour elle et pour sa futur progéniture, qui saura l’aimer et la mettre en sécurité. Mais il s’avère que ce prince charmant est aussi un homme sexué qui peut lui faire peur dans ces attentes et demandes sexuelles. Et là, la rencontre peut se compliquer si la femme n’est pas suffisamment bien plantée et mature.
Dans les premiers moments de la rencontre, sous le coup de la passion et du désir, chacun des deux partenaires va pouvoir rencontrer l’autre sexuellement. Puis, peu à peu, un décallage dans les besoins respectifs peut parfois commencer à poindre. La femme ayant souvent moins de désirs sexuels à la base et plus de désirs de tendresse, peut subir peu à peu le désir de l’homme sans trop oser en parler de peur de le perdre ou qu’il n’aille voir ailleurs. Ce désir, qui a pu être fort à un moment donné peut aussi s’effacer à la naissance de ses enfants qui vont lui apporter la tendresse tant recherchée. Plus tard, après avoir été mère et en avoir parfois oublié d’être femme, celle-ci va à nouveau tester son pouvoir sur l’homme pour se rassurer inconsciemment qu’elle est toujours désirable. Mais dans tout les cas, la recherche de l’autre restera le plus souvent une recherche d’affection, de tendresse ou le sexe aura sa place, mais pas la première place. Et c’est là, la vraie différence avec l’homme. Le sexe de la femme étant plus intérieur, il peut rester endormi pendant longtemps, sauf si cette dernière a trouvé un vrai épanouissement et que sa sexualité est un vrai plus dans sa vie de femme.
Patrick Houpert
Pour ma part, c’est bien le sujet qui a le plus coloré ma vie d’homme jusqu’à ce jour. La chose à laquelle peut être j’ai le plus pensé tout au long des jours…. Ce mot si puissant qui fait aussi si peur…. La zone de moi même que j’ai eu et que j’ai encore parfois le plus de mal à accepter et à gérer.
Adolescent, c’est l’apparition du désir, il faut alors découvrir son corps, ses réactions, ses émotions. Ce désir de découvrir aussi l’autre sexe hante tous les adolescents et adolescente. Comme si la réalisation de ce désir allait nous faire devenir Homme, devenir Femme. Et une fois vécu….que d’incompréhensions!!
L’Homme, qu’il le veuille ou non est confronté tous les jours, plusieurs fois par jour à son désir. Ce sexe, extérieur qui lui rappelle sans cesse son existence. Qui se dresse quand il veut et pas toujours quand on le veut, qui a une sorte de vie autonome!!! C’est une grande tension qui entraine aussi à souvent désirer ce que l’on ne possède pas. Pour rassurer à la fois son égo et son coté chasseur, ce qui fait peur à la femme. C’est très présent dans la sexualité, mais c’est vrai aussi pour de nombreux autres aspects de nos vies qui nous rendent jaloux de ce que l’on ne possède pas. Une nouvelle voiture, un autre job, des vacances lointaines, l’attente du weekend, de la retraite…. L’Homme peut passer sa vie à vouloir ce qu’il n’a pas ou pas encore. On est alors bien loin de vivre dans l’émerveillement de l’instant.
Le chemin, pour l’homme en tout cas, mais je crois pour la femme aussi, c’est d’oser regarder ce désir, pour comprendre qu’il n’y a pas forcément quelque chose à en faire. Le désir n’est pas obligatoirement là pour être assouvi, il est juste une énergie aussi vitale que la respiration!. Car cette tension liée au désir, si elle est subie, peut alors se transformer en fantasme, en obsession même. Et quand l’Homme est dans cet état de manque, il subit ce désir et peut alors, dans le domaine de la relation à la femme, devenir un prédateur. La pulsion devient urgence à vivre, à prendre. L’homme sort alors de son masculin pour entrer plus dans l’animal. Aucun jugement dans ce propos. Cette réalité dont je parle, je crois que tous les hommes l’on déjà sentie. Moi le premier. Et je n’en suis pas fier. Il n’est jamais facile d’accepter cette part d’ombre tellement puissante et exacerbée par le besoin d’être aimé.
Pourtant, il est essentiel de regarder cette part prédatrice qui parfois est tapie au dedans de soi, pour la reconnaitre et pouvoir petit à petit, lorsqu’elle survient, non pas la rejetter ou la nier, mais au contraire la transformer et en faire une alliée, une force. Nier nos parts d’ombre, c’est chercher à les fuir et la vie se chargera bien de nous y confronter encore et encore jusqu’à ce que nous ayons fait la paix avec ces parts de nous même que nous n’aimons pas. En fuyant, on subit, on reste passif. Alors que comprendre, permet de devenir intelligent de soi-même et de sortir de son animalité brute pour commencer à entrer dans sa divinité. Apprendre que ce désir peut simplement être transformé en énergie, notamment par la respiration, lui permet de retrouver son axe, son centre. Et le désir obsession peut alors se transformer en Amour.
J’ai rencontré un jour un homme qui faisait professionnellement des massages. Il me disait que jamais il ne ressentait de désir pour les femmes qu’il massait. Je lui ai dit: « quel domage! Car alors lorsque tu masses, tu es donc coupé d’une part de toi même. Tu ne donnes pas complètement, tu retiens une part de toi, car tu en as peur. Le mieux, c’est de faire la paix avec ton désir. L’accepter, non pour l’imposer à l’autre, mais pour pouvoir donner tout de toi en transformant ce désir en amour ».
Donner sans rien attendre, ce n’est pas gommer la ou les parts de soi que l’on a pas envie de voir, c’est oser accepter qui l’on est et l’offrir en cadeau sans rien vouloir d’autre. Dans ta joie de donner, ne te précoccupe pas du don, entre simplement dans ta joie et laisse la rayonner au travers de toi. Alors, dans cet espace qui se crée, tu reçois autant que tu donnes. Ne cherche pas à donner, car, lorsque tu veux donner, tu n’es déjà plus dans le don, tu es dans l’attente.
Le désir peut alors quitter le sexe de l’homme pour entrer dans son Coeur. Et c’est là que la rencontre avec la femme devient possible. C’est alors que la femme peut s’ouvrir au désir de l’homme sans en avoir peur. Juste parce que ce désir est dans le Coeur de l’homme. L’énergie de l’homme part du sexe vers le Coeur, celle de la femme part du Coeur pour aller au sexe. Si l’homme ose faire ce chemin d’amener son désir dans son Coeur, alors la femme, peut être, pourra ouvrir son sexe et entrer dans son désir. C’est le seul chemin possible, me semble t il, pour qu’une rencontre sans peur puisse avoir lieu.