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Rencontre avec Patricia Menetrey

Patricia Menetrey

Interview par Emmanuel Moulin

Patricia Menetrey (Anutosha) ne laisse pas indifférent. Lumineuse et tranquille, cette femme a « réalisé » quelque chose en elle. J’ai voulu lui poser quelques questions pour revenir sur son cheminement et savoir ce qu’elle transmettait aujourd’hui à travers ses stages de méditation, de reiki et ses groupes de femme…

E.M. : Tu pratiques la méditation depuis plus de trente sept ans, et lorsque je parle de "méditation" je ne parle pas de "s'asseoir en tailleur" ou d’aller pratiquer une séance de pleine conscience chaque jeudi. Je parle de ta pratique, de ta vie (12 années dans la commune d'Osho). Elle représente un engagement total, une immersion dans sa vision. Tu as également été mère avec tous les défis et cadeaux que représente une vie de famille.
Aujourd’hui tu proposes de nombreuses techniques comme des massages aux huiles chaudes, du Reiki, du rééquilibrage énergétique, des lectures d'aura, un oracle Zen, des soins avec les bols tibétains.
En tant que correspondante de MeditationFrance, tu as rencontré les figures majeures de la spiritualité contemporaine avec lesquelles tu as échangé et approfondit ton expérience. Quand tu regardes tout cela rétrospectivement, qu'est-ce que cela t'évoque ? Est-ce que c'est la rencontre avec le maître éveillé Osho dans les années 80 qui a transformé ta vie et ta destinée ?

P.M. : Waouh, quelle question ! Ma vie est la résultante d’un engagement total : celle de ma jeunesse aventureuse et rebelle, déjà impérativement guidée par la quête.
Et aujourd’hui, la sensation de vivre pleinement chaque instant, un art de la présence que je décrirais comme l’expérience de l’infini.
Il n’y a pas d’ouverture de conscience sans la sensation d’appartenir à un TOUT qui l’englobe. Cette sensation d’unité vécue par moments avec l’ENERGIE PRIMORDIALE m’offre de vivre des expériences indescriptibles, dans d'autres niveaux de conscience.
Les longues années passées en Inde au contact d’Osho ont constitué le socle fondateur de tout mon chemin initiatique, de toute mon aventure spirituelle. Poona était un lieu magique. Osho a créé une école des mystères unique au monde. En occident, on le connaît surtout pour ses livres. Ses paroles si elles demeurent fortes ne transcrivent en rien l’immersion dans son champ énergétique. Osho n’enseignait pas, au sens commun du terme. Il nous poussait sans cesse à explorer, à nous immerger dans la pratique afin d’accéder au noyau de la CONNAISSANCE, dont certaines traditions évoquaient le pouvoir. En commentant les textes sacrés, il les a dépoussiérés au passage. Si mon désir avait été d’accéder à une forme d’érudition, à un savoir emprunté, je me retrouvais dans un dépouillement total et absolu qui m’invitait à la découverte de ma propre vérité. C’était un creuset fabuleux. Tout était possible, j’ai construit dans sa commune les fondements d'un socle solide. Ses méditations sont d'une rare efficacité. Je suis persuadée qu’elles résisteront au temps.
Cette période m’a transformée au delà de ce qui est imaginable. J’en éprouve une gratitude infinie. Le voyage ne fait que commencer. La présence d’Osho demeure vivante. II a allumé une flamme qui n’est pas prête de s’éteindre.

E.M. : Ce que j'aime beaucoup avec toi (et je crois que c'est aussi ce que ressentent beaucoup d'autres personnes) c'est que tu as à la fois les qualités de « méditante » et aussi toute la sensibilité et toutes les qualités d'une femme authentique. Quelle est pour toi la vision spirituelle de la femme, la "nouvelle femme" ni dominée, ni guerrière.

P.M. : Merci (Rires) J’ignore ce que doit être la nouvelle femme. En ce qui me concerne, la séparation entre le spirituel et le profane s’est peu à peu dissoute. En tant qu'ex- rebelle, j’ai renoncé au combat après des années de lutte. Une force d’une puissance incroyable s’est alors libérée. En déposant les armes j’ai réalisé la beauté d’être une femme.
Le temps de la transmission est venu. La méditation éradique les racines de l’identification à notre conditionnement. C’est un processus radical qui demande engagement et courage. Nous ne sommes pas dans le monde des bizounours où vous ressortirez zen comme dans la pub qui vous vend du bien être.
L’aventure mondiale du festival du féminin dans laquelle je me suis engagée est une initiative qui offre un espace de transformation, c’est une des réponses possibles à toutes celles qui sont en quête de la nouvelle femme. Tu as évoqué l’expérience de la maternité, est-elle un passage obligé pour une femme ? En ce qui me concerne, je l’ai vécu dans toute sa beauté et sa puissance, une extraordinaire étape sur mon chemin initiatique.

E.M. : Que penses-tu des Femen, un activisme choc pour dénoncer l'oppression des femmes qu'elle soit politique, religieuse ou sexiste ?

P.M. : Ce mouvement me questionne beaucoup. Est-ce que leur combat sert la condition des femmes? Je n’ai pas de réponse. Je respecte leur engagement et les trouve très courageuses, mais la forme qu’a prise leur lutte n'est plus la mienne. Manifester seins nus au risque de me faire molester par les forces de l’ordre, non merci.
Je me sens plus utile en offrant aux femmes un espace de quête intérieure pour une liberté authentique et solide. Néanmoins, j’affirme qu'il faut tout autant de courage pour affronter ses démons intérieurs que pour affronter les forces de l’ordre. (Rires…)

E.M. : Le hashtag #MeToo et cette campagne qui dénonce l’agression sexuelle et le harcèlement des femmes (souvent dans le milieu professionnel), est-ce une bonne chose ? Ne court-t-on pas le risque de « l'heure de la vengeance » pour la femme ? (Sourire) 

P.M. : La parole libérée des femmes a fait couler un torrent de haine. Longtemps niée, la souffrance que vivent les femmes harcelées s’est dévoilée dans un excès qui peut choquer. Mais ensuite, qu’en a-t-on fait ? Vengeance et dénonciation ne sont pas légitimes. Recueillir cette parole dans une écoute attentive offre des moyens et des pistes afin d’échapper à toute cette souffrance. Cela permet de reconstruire son identité. Il faut remettre en question les rapports hommes femmes. Nous avons tous à y gagner. Un espace de pardon et réconciliation peut se mettre en place. Le voir se déployer est pour moi une source constante d’émerveillement

E.M. : Quels stages proposes-tu pour les femmes ?

P.M De la guerrière à la femme sage. » et  «  Le mythe du prince charmant »
Ils permettent d’explorer les voies du cœur et de l'autonomie en offrant un véritable retour à soi, une plongée dans les profondeurs de l’âme, dont la puissance permet de transmuter toute peine. A partir de cette découverte, les femmes peuvent retrouver leur identité originelle. Elles osent enfin se mettre à l'écoute de leurs ressentis, de leur désir. Il faut faire craquer le verni social et redécouvrir les magiciennes, les guérisseuses, les sorcières, les amantes, les louves, les tigresses qui dorment en elles. Enfermées dans un conditionnement séculaire, elles ne parviennent même plus à se reconnaître dans leurs aspirations. Il faut sortir de cette spirale répétitive. Mon travail s'effectue dans une alternance de méditations et de travail sur les mémoires du corps. Nous procédons à une grande lessive : pas celle des chaussettes, mais des croyances et jugements sur le pouvoir dont elles ont été intentionnellement privées. Des prises de conscience, vécues dans toutes leurs dimensions physiques, émotionnelles et spirituelles constituent le plus efficace des outils de transformation. Ces partages intimes sont des instants sacrés, d'une richesse et d’une intensité incomparable. Ils permettent la libération d’une énergie puissante, d’une force nouvelle mise au service de la reconquête de leur souveraineté.

Patricia Menetrey

E.M. : On a beaucoup parlé des femmes mais tu ne travailles pas qu'avec les femmes. Tu es maître de Reiki depuis plus de 22 ans, peux-tu nous dire quelques mots sur tes stages de Reiki et des Bols tibétains ouverts à tous ? 

P.M. : Hou là là ! Osons parler de ces techniques. Les techniques ne sont que des outils. Il ne faut surtout pas les confondre avec la  « Connaissance » que détiendraient certaines traditions ancestrales qui les ont conçues. Les techniques sont bien peu de choses sans l'expérience d'un long cheminement initiatique. Si l’apprentissage est relativement simple, la maitrise reste un art.
Les personnes qui viennent se former avec moi trouveront une grande place faite à la méditation, on ne me refait pas (rires). L’espace de l’observateur permet de demeurer dans le cœur, le plus puissant des guérisseurs. Je propose un temps fort qui est celui de l’initiation avec des rituels sacrés, beaux et puissants.
En ce qui concerne les bols tibétains, j'ai eu le privilège de vivre plusieurs mois à la frontière tibétaine. La transmission de ce savoir ne fut pas chose aisée. Elle s’est effectuée dans le silence et la pratique. La recevoir fut un rare privilège. En assurer la continuité me semble tout naturel. Ce fut long et exigeant, vécu dans la solitude, entourée des géants de L’Himalaya. Le moment est venu de tenir la promesse que je m’étais faite de les relayer un jour à mon tour, lorsque je me sentirai prête.
(Rires…) Merci de me rappeler avec délicatesse que je pratique depuis trente sept ans.

E.M. : Tu me sembles toujours ou, en en tout cas, souvent de bonne humeur, joyeuse et légère, avec un certain détachement naturel, est-ce ta vie est devenue "une célébration" comme préconisait Osho ? 

P.M Le bonheur pour moi  c’est de me sentir vivante, animée d’une joie sans cause, d’un constant pouvoir de m’émerveiller. Cela n’empêche pas de ressentir les événements lorsqu’ils sont douloureux. Mais la lutte est terminée, je me laisse traverser, j’observe et ne m’identifie plus aux pensées. Peut-être que toutes ces années de quête ont été nécessaires avant la réalisation que « tout était déjà là  »
Une de tes premières questions concernait mes rencontres avec les figures majeures de la spiritualité contemporaine. Elles ont été précieuses car elles m’ont permis de réaliser cette évidence : les chemins sont infinis, mais lorsque la quête de Vérité est authentique et le chercheur sincère, ces multiples chemins convergent tous vers la même source.
Reliée au grand TOUT, une voix murmure :
« Regarde tout cela depuis l’espace du cœur ! »
Et invite la Vie dans ta vie.

Merci pour ce partage.
Interview réalisée par Emmanuel Moulin, co-fondateur de meditationfrance.com

Pour visiter la page web de Patricia Menetrey : /medecinedouce/patricia.htm