meditationfrance, méditation, tantra, connaissance de soi
Les archives de Meditationfrance

Rencontre avec Sahaj Neel

Bancs et sièges de méditation

A l'occasion de la seconde édition du livre « Journal d'une tantrika, ou le doux saisissement de l'amour » Ed. Accarias L'Originel, Paris
Puis de l’ouvrage qui paraitra prochainement chez Guy Trédaniel : « Le livre précieux de la méditation »

MF: Quand je pense qu'on s'est rencontré dans une soirée d'amis au Moyen Orient il y a une dizaine d'années et quelle évolution depuis. Ton premier livre "Journal d'une tantrika, ou le doux saisissement de l'amour" (édition Accarias-l'Originel) et ton second livre sur la méditation qui est en préparation actuellement. Tu t'intéresses en ce moment à la relation entre tradition et modernité, entre la méditation, les neurosciences et la vie stressante moderne... oui cela nous concerne TOUS ! 

Sahaj : L’investigation intérieure est le plus beau des voyages, il est profond car incontournable à qui désire vivre heureux ! De plus lorsqu’on l’entame, on est aidé, par la vie et son énergie de croissance. Oui, les premiers points communs entre les traditions de sagesse et les sciences de l’Homme sont le désir de comprendre et, de se connaitre. Aussi loin que nous cherchons dans le temps et quelques soient les zones géographiques, une civilisation se développe autour de cette dynamique de découverte du vivant. En élargissant la compréhension de son domaine intérieur, parcourir le monde (extérieur) peut prendre des allures plus paisibles, ouvertes. C’est ce que je nomme le passage de la connaissance DE soi à La Connaissance En Soi, Les traditions puis les sciences actuelles (aussi « une tradition » finalement !) se croisent là, quelques fois œuvrent ensemble. Là où les sagesses se démarquent c’est que le cadre éthique (nommé Dharma, ou marga en sanscrit) est inséparable des « pratiques ». Car en fait il y a la Vie, et tout prend place en elle, (ou en le « Divin »)puis en nos intentions, pensées qui crée le récipient où elle se déroule, cela peut être« vivre harmonieusement ». Donc avec sagesse.

Une seconde grande différence c’est le rapport à l’égo. La transcendance que proposent les spiritualités, est, succinctement ici : le fait que ces qualités intérieures et éthiques sont mobilisées dans une perspective plus élargie que celle de l’égo. Elle vise à dépasser- après intégration- ce qui tente toujours de rapporter ou détourner nos qualités et nos états intérieurs vers certaines fonctions telles la répétition ou la limitation de la conscience. Remarquons, même en étudiant des sciences, nous pouvons appliquer le « yoga » qui veut dire relier mais aussi « méthode » en sanscrit,et ne pas nous laisser divertir de la présence à soi, éviter la reconnaissance compétitive…-. Cette dimension transcendante invite à investir une partie de notre énergie vitale vers la conscience de l’unité retrouvée ou ré-apprivoisée, d’un contentement apaisé et incluant le tout. Le regard se porte vers l’incarnation des valeurs élevées telles que l’immuabilité, la bienveillance, l’identité profonde non égotique ou non duelle. On peut en être que joyeuse ou joyeux ! La vie vit d’elle-même, c’est la grande liberté.

statue

MF : Tu proposes différentes stages en lien avec le Tantra de la non dualité ou ce qui s'appelle aussi je crois le Yoga du Cachemire. Quelles sont pour toi les valeurs principales d'une personne spirituelle ?

Sahaj : L’honnêteté, elle permet la profondeur.  Il n’y a pas d’eau superficielle, car elles ne sont jamais séparées de leur profondeur. Etre totalement englobe tout ce qu’on est.

La spontanéité aussi, elle permet d’aimer, de se laisse guider de l’intérieur, elle nous indique qui on est vraiment. C’est comme le jeu du miroir, il se fait dans l’instant sans concession. Cela est un pont vers la Beauté, une autre qualité du quêteur, son attirance pour la beauté, d’un chant, d’une lumière, car il a en lui cette harmonie qui tend à être vue dans le monde qu’il regarde. J’aime citer cette Stance du Vijnana Bhairava.

« De même que par le moyen de la lumière d’une lampe et des rayons du soleil, des portions de l’espace (etc.) sont connues, ô très chère, c’est à travers Shakti que Shiva est connu » .

MF : Qu'est-ce que tu aimes pratiquer comme méditation ou comme yoga dans la semaine ? 

Sahaj : Honorer ce que l’on est sans chercher à le modifier ! Simplicité ! Que ce soit en assise, asana ou danse Tandava.Cela aide ensuite à se réaliser de même dans notre relation avec le monde.

Je vais de plus en plus développer cet aspect-là dans les stages: percevoir la Vie comme La pratique. Renverser la situation, il y a des « pratiques » comme s’assoir en silence, méditer, étudier, des postures, …mais rappelons-nous qu’elles ne sont que des moyens, pas des objectifs. Ainsi, dans les moments que nous partageons, surtout en résidentiel, nous inversons souvent le processus « sprituality for life ! » (comme disait un chaman avec qui j’ai étudié 2 ans) pas l’inverse. Ainsi ne pas hésiter à sortir, aller à l’extérieur, laisser les situations nous mettre en présence de ce que l’on est, nos réactions. Aussi par la beauté d’un chemin, le son d’une eau, … de là, l’intensification de la présence fait naturellement naître « une pratique » que je transmets et précise. Tout est naturel. Par exemple je crée nos enseignements avec les éléments (certains diraient chamaniques mais aucun terme n’est nécessaire) comme l’Eau, et beaucoup le soleil. Rappelons-nous que des pratiques d’immortalités (taôistes et des Maha Siddha) se basent sur le soleil…Mystère se dévoilant ! Illumination !

MF : Tu me sembles très dévouée à ta voie spirituelle, est-ce qu'il y a de la place dans ta vie pour une relation amoureuse, l’engagement ou lien avec la vie sociale, vivre dans une culture particulière.

Sahaj : « Méditer est bien la voie naturelle d’expression de notre conscience ». (ouvrage à paraître). Il n’y a plus de séparation pour moi ! Il n’y en a pour personne en fait !

L’émerveillement du quotidien, celui qui a parcouru les terres des yogas et des assises silencieuses se rend bien compte qu’il n’est pas seul ni isolé, que tout l’univers concours au même mouvement, au même souffle, … au même émerveillement. Oui ! Etre amoureux c’est justement ne pas faire de « sections », privilégier l’inclusion dans la vie, le monde, je suis amoureuse de la pratique, de l’air, de notre parole, de la personne que je prends dans les bras.

J’adore le quotidien par exemple notamment le vivre avec une même personne ne m’inquiète pas. Si l’on ne s’ennuie pas avec soi-même il est impossible de le ressentir dans une autre situation ! Une spiritualité impliquerait que l’homme cherche non seulement à s’inscrire consciemment dans sa propre histoire, puis aussi dans celle de l’humanité ainsi qu’au sein d’une temporalité incluant le « plus grand », l’eau justement comme avec Femme Gardienne D’O !

MF : Tu travailles avec le médecin psychiatre et essayiste qui est engagé dans la tradition hindouiste depuis plus de vingt ans, qu'est-ce que tu as appris avec lui ou désappris ? 

Sahaj : Ce que l’on partage profondément c’est l’assurance que Relier est notre nature propre, apaiser, libérer à tous : ce serait cela finalement une bonne médecine, comme la méditation : libérer !Nous avons construit une belle relation de collaboration, nous sommes « Guru Bhaï » frères-sœurs de dharma depuis longtemps. La convivialité, la patience alliée à a dédicace donnent des beaux fruits, Etape par étape tout se construit. J’apporte dans nos retraites notamment la dimension plus tibétaine, du Maha-yana, puis du corps.

Nous partageons cela dans les transmissions : la primauté du cœur, l’amitié, la sangha. Tout est simple, convivial, ouvert et profond, léger aussi !

MF : Tu travailles parfois avec l’élément Eau, pourquoi ? Il y a par exemple la Fête de l'eau, « eau, l'élément sacré » à Théoule-sur-mer (06).

Sahaj : En fait, tout s’inclue dans ce cycle intitulé : Voie d’éveil.L’eau est venue d’elle-même, j’ai grandi dans une rivière en montagne puis elle m’a « parlé » il y a deux ans. L’eau est dédiée à la clarté. « Tout le monde veut lâcher-prise, mais comment lâcher prise si on ne tient pas les choses, d’abord ».

Nous nous rencontrerons entre femmes surtout entre le 1 et 15 juillet de cette année dans des lieux d’eau magiques tels que la méditerranée dans le Golf de St Tropez où nous préparerons des nages en vortex uniques (tel dauphin), le cercle dansé du Mandala que nous offrirons dans l’eau, c’est magique ! La préparation est un dénuement, avec le Jantsu à 2 : par l’apesanteur on expérimente la liberté totale ; renaitre -non depuis une matrice humaine- mais de la matrice aquatique du cosmos ! Le cercle de la réconciliation guérit des croyances limitatives, le féminin abondanr offre le Mikvé, baptême, toutes nues dans l’eau ! Joie ! Des profonds samadhis sont expérimentés, les yeux devant le large, le libre horizon …..

Extrait du Journal d’une Tantrika :

« La femme et la rivière sont.
« Kanya Kumari, la pointe extrême de l’Inde. Je veux aller y poser mes deux pieds un jour, bientôt. L’un recevra la vague tendre de l’océan indien, l’autre la caresse humide de la mer d’Omam. Tout convergera quand le courant du golf du Bengale entourera ma stature. Une trinité d’eaux confluentes bien réelles pour un esprit de femme universelle
 ».

MF : Un dernier message ?

Sahaj : Chaque personne est unique, il n’y jamais eu dans les millénaires passé une personne comme vous, étant « vous », il n’y en aura jamais. Notre plus grande mission : être pleinement la beauté de ce que nous sommes !