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Le séminaire intensif Qui suis-je ?
par Brigitte Roussillon
A la croisée des traditions orientales de méditation des approches occidentales de communication, ce séminaire porté par la question immémoriale Qui suis-je ? donne l’occasion, en seulement trois jours, de se rencontrer dans sa nature essentielle. Pas besoin d’une pratique préalable de méditation : bonne volonté et détermination suffisent.
Comment, dans le même mouvement, méditer et communiquer ?
Quand on médite, habituellement, c’est dans le silence : on se retire en soi et on évite l’interaction avec autrui.
Quand on communique, habituellement, on parle : on interagit avec autrui, et on ne peut donc être dans le silence qu’exige la méditation.
Le séminaire intensif Qui suis-je ? propose pourtant de combiner l’un et l’autre : improbable chimère ! C’est pourtant bien la rencontre de ces deux approches qui fait l’originalité de la démarche, et surtout sa rapidité : en trois jours, elle permet bien souvent d’aller plus loin qu’on ne le ferait avec la seule méditation. Des milliers de personnes, à travers le monde, en ont bénéficié depuis 50 ans que cette méthode, qui n’est hybride qu’en apparence, a été conçue par Charles Berner.
Berner connaissait bien les traditions millénaires de méditation léguées par l’Inde et l’Extrême Orient.
Par ailleurs, étant américain, il était sensible au fait que l’Occident moderne a élaboré des approches fines pour nous exprimer au plus près de nous-même, et aussi pour écouter sans juger, ni gauchir ce qui est exprimé, ni rebondir en conseils qui, bien souvent, encombrent au lieu d’aider.
Berner a pressenti que l’alliance des deux -- méditation et communication – allait être particulièrement productive.
Comment se passe concrètement un tel séminaire ?
Il se déroule à la campagne, au calme, sans écrans, selon un horaire strict qui ressemble à celui d’une retraite de zen ; mais au lieu de rester silencieux chacun sur son coussin, les participants sont assis par deux, face à face, pendant des sessions de 40 minutes.
Voici la proposition :
- Chacun des deux, à tour de rôle, tente, ici et maintenant, instant après instant, de faire l’expérience de qui il est vraiment, -- c’est le temps de méditation, habituellement silencieux, avec la fameuse question Qui suis-je ? -- et de communiquer ce qu’il est en train de vivre, au fur et à mesure qu’il s’expérimente lui-même, à son partenaire qui l’écoute en silence.
- Toutes les 5 minutes, les rôles s’inversent : celui qui parlait va écouter, et vice-versa.
Chaque jour, il y aura au moins 12 sessions, avec des partenaires différents. En dehors de ces sessions, chacun reste en silence.
Ce dispositif est d’une telle simplicité qu’on serait tenté de dire « mais ça ne peut pas fonctionner : c’est bien trop simple ! ».
Et pourtant, cela marche : en trois jours, beaucoup de participants vivent ce qu’on nomme communément l’éveil, temporaire sans doute, peut-être très furtif, mais effectif.
Qu’est-ce qui fait que « ça marche » ?
Quelques coups de projecteurs croisés donneront une idée de ce que peut apporter de particulier ce tandem méditation-communication.
Mettre des mots sur ce que l’on est en train de vivre en méditant
• La méditation, c’est connu, apporte de l’apaisement. La communication, elle, permet de « vider le mental », d’évacuer au fur et à mesure des pensées qui nous viennent et nous encombrent. On se décharge, en l’exprimant, ce qui pèse, tourmente, limite, et on dégage de l’espace intérieur sans avoir à lutter pied à pied contre des pensées récurrentes qui, dans une retraite de simple méditation, peuvent devenir obsédantes.
• Les mots fraient un chemin qui entraîne plus loin : à partir de ce que je suis en train de vivre, des mots surgissent en moi, des mots vivants qui disent la vérité de ce que je traverse maintenant, qui peuvent m’étonner, révéler ce que je ne savais pas encore vraiment.
Une fois ces mots posés, je peux aller plus loin. Ainsi se produit peu à peu un déconditionnement, une transmutation.
Patiemment appliquée, heure après heure, cette technique opère progressivement comme un forage en nous, ouvre des brèches bien au-delà d’un mental ressassé.
• Il ne s’agit pas simplement de prendre du recul, de savoir « mettre de côté », ni de « faire taire le mental ». Ce qui s’élève dans notre esprit et que nous communiquons au partenaire, c’est souvent d’abord un fatras d’émotions, de jugements sur soi, de douleurs physiques ou psychiques, de confusion, ce qu’on pourrait appeler « notre bourbier intérieur ».
La proposition n’est pas de « passer au-dessus de ça », mais bien de le traverser, ici et maintenant, de s’en servir pour aller vers soi-même ; faute de quoi d’ailleurs, le processus se bloque, et l’exercice, faussé, devient ennuyeux.
• Cette approche écarte le bavardage : dans ce contexte, on ne parle pas pour meubler ou éviter le silence. Si j’applique la technique proposée, ma parole ne brise pas le silence, ne s’oppose pas à lui, mais en émane. C’est une parole comme enchâssée dans le silence, même si c’est pour dire des choses triviales qui se présentent, dont on se défausse en les disant, dans cette démarche méthodique vers le cœur de soi-même.
• Cette approche prend chacun là où il est, lui permet de partir de ce qu’il est, de son univers, de ses mots à lui, de danser sa danse à lui dans ce dévoilement de sa nature essentielle. On ne cherche pas à pourchasser et détruire un quelconque « égo » ennemi : il se révèle, est vu pour ce qu’il est et se dépose tel quel; c’est tout.
La précieuse présence de l’autre
• Dans un séminaire Qui suis-je ?, le fait d’avoir face à moi un partenaire attentif et prêt à accueillir tout ce que je vais lui dire, change tout et accélère grandement le processus de la méditation.
• En effet, l’autre est présent, en face de moi, et cela me met tout naturellement en situation d’être présent, moi aussi. En application de la technique, il me demande : « Dis-moi qui tu es », et ne me quitte pas des yeux, attentif à tout ce que je vais lui communiquer. Sa simple présence m’évite de rêver, de planer dans un bien-être diffus, de m’engloutir dans la torpeur, ou dans état d’hébétude sans pensée, ( le « blank state of mind »), toutes dérives fréquentes quand on médite, et dont on n’a pas toujours conscience. Constamment, l’autre me provoque doucement à revenir au centre -- « Dis-moi qui tu es » --, au point que j’en ai parfois la nausée ; mais la nausée se dissipe dès je plonge vraiment dans l’exercice proposé, m’y découvre et m’y transforme.
• Je fais équipe avec mon partenaire pendant les 40 minutes que nous allons passer ensemble. En m’écoutant, il me « prête » son énergie ; en l’écoutant, je lui « prête » la mienne. Cela nous permet, à nous deux, de nous aventurer vers des zones de nous-mêmes où nous ne serions peut-être pas allés autrement. Le regard de l’autre, attentif, fraternel, ses mots lors de son tour de parole, me sont source d’élan et d’inspiration.
• L’autre est là pour moi, accueille mon balbutiement, lui donne existence et espace. Sa seule présence m’épaule et m’encourage à parler vrai. Je ne peux plus me mentir, tricher, prétendre être ce que je ne suis pas, en être là où je ne suis pas : l’inauthenticité sonne faux, je la perçois tout de suite, et l’autre aussi. Je ne peux vraiment pas « me la jouer ». Je n’ai pas à maintenir une image, juste me présenter comme je suis, instant après instant, dans ma simplicité, mon dénuement. C’est direct, parfois décapant, abrasif, mais quel apaisement de ne pas avoir à faire semblant ! Quel réconfort dans l’accueil tranquille de mon propos ! Mon partenaire ne juge pas ce que je dis : s’il y a un jugement qui me dérange, c’est bien celui de moi sur moi-même. Et même cela, je peux m’en servir pour avancer, l’expérimenter et le communiquer, ce qui libère de l’espace vivant.
Moment de grâce
Comme l’intention de se rencontrer dans sa nature essentielle s’est maintenue, (souvent après que beaucoup de couches du mental ont été vues et communiquées), à un moment, peut s’ouvrir une lucarne, un instant de percée, le dévoilement de ce qui est, où il n’y a plus rien entre moi et moi-même. Cela arrive comme une grâce qu’on ne peut programmer, et qui dure ce qu’elle dure.
Mais quoi qu’il en soit, même si cette percée n’a pas lieu, cette pratique en continu, trois jours durant, de méditation-communication, agit comme un grand nettoyage mental : on en sort vivifié, allégé, joyeusement désillusionné, le cœur plus ouvert, plus proche des autres, plus clair sur soi-même et sur ce que l’on veut dans la vie.
Merci aux personnes qui ont bien voulu échanger avec moi avant que je rédige cet article, en particulier des méditants de longue date qui ont vécu des séminaires intensifs Qui suis-je ? et m’ont précisé en quoi ces séminaires avaient été précieux dans leur cheminement.
Brigitte Roussillon
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