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Interview de Marie-Pascale Noël et Sylvain Chauvicourt

Formés dans la lignée de Osho par Mahasatvaa Ma Ananda Sarita.

Interview par Emmanuel Moulin

Qu'est-ce qui fait la spécificité du Tantra pour vous par rapport à d'autres voies spirituelles ? 

Le tantra est une voie spirituelle qui passe par le corps, par l’expérience corporelle. Toutefois, une des grandes différences par rapport à d’autres voies du corps est qu’elle inclut toutes les dimensions de celui-ci, y compris la sensualité et la sexualité. Cette voie inclut également des pratiques qui mettent en jeu la relation à l’autre et plus particulièrement, le jeu des polarités féminine (Shakti) et masculine (Shiva), à la fois entre les individus et à l’intérieur même de chaque individu.

Sur votre site web vous citez Osho :  Les tantras ne nous donnent pas les réponses, ils nous donnent une technique pour atteindre la réponse ».
Quelle est cette technique ? 

On a beau lire les « réponses » offertes par les sages et les mystiques par rapport aux questions existentielles, tant que nous n’avons pas intégré ces réponses en nous, que nous n’en avons pas fait l’expérience concrète, dans « nos tripes », ces savoirs sont de peu d’utilité. Le tantra propose de nombreuses techniques visant notamment à apaiser le mental. Une fois que le flot des pensées se ralentit, la splendeur de notre Essence se manifeste. C’est l’expérience de la pure béatitude. Dans ces moments-là, dans ces expériences conscientes de l’état d’Etre, les « réponses » s’offrent à nous naturellement ou mieux encore, les « questions » disparaissent.

De manière concrète, les techniques utilisées sont variées. Il peut s’agir de jeux, d’interactions dansées, de rituels, de méditations, etc. Dans beaucoup de ces pratiques, le tantra tisse une alliance entre des polarités opposées. Par exemple, dans les méditations, il est assez rare que l’on propose aux personnes de s’asseoir sans bouger en ne « pensant à rien » pendant une heure. En effet, un grand nombre de méditations tantriques sont constituées de plusieurs phases. Les premières phases sont souvent actives. Elles peuvent inclure des pratiques respiratoires, des exercices physiques intenses, de la danse, des productions de sons, etc. Elles visent à activer l’énergie vitale et à apaiser le mental. A la suite de celles-ci, des phases plus calmes comme des moments d’assise silencieuse par exemple, sont proposées. Le calme du mental, associé à cette immobilité, ouvre naturellement la voie vers l’état de méditation.

Vous avez suivi les enseignements de Mahasatvaa Ma Ananda Sarita qui est une des enseignantes de Tantra les plus connues dans le monde, qu'est-ce qui caractérise ses enseignements ? 

Mahasatvaa Ma Ananda Sarita a vécu près de 30 ans dans l’ashram de Osho, un grand maître tantrique contemporain. Elle a appelé son école « tantra essence » parce qu’elle cherche à transmettre l’essence du tantra, c’est-à-dire une vision du tantra dans sa globalité et pas seulement des pratiques sexuelles tantriques. Dans ce sens, le tantra est vu comme une voie d’acceptation totale et d’amour de qui je suis, de l’autre, une voie d’union avec la vie dans toutes ses dimensions. Il n’y plus de séparation entre moi et le divin. La vie qui me traverse, qui pulse dans mes mains, dans mon sexe, dans le corps de l’autre, dans celui des animaux, des plantes, de la terre est Une et sacrée. La séparation s’efface et fait place à la gratitude et à l’adoration de ce qui est.

Beaucoup de personnes ont l'impression que le Tantra est lié au sexe car le Tantra ne dénie pas la sexualité mais si je comprends bien c'est  plutôt de considèrer le corps comme sacré. Et dans le rapport sexuel, c'est plus un orgasme "méditatif" par rapport à l'excitation habituelle de l'orgasme.Donc il y a du sexe mais ce n'est pas du tout dans la même optique. Est-ce que vous comprenez le Tantra comme cela ? 
Et n'avez-vous pas l'impression que certains tantrikas l'oublient cet aspect "méditation" ou ne l'ont jamais compris ? 

Lorsque l’attention est complètement focalisée sur le corps, sur la respiration, sur les sensations sur mes doigts, ma peau, ma bouche …, je suis nécessairement dans le présent, dans l’instant. Dès que je quitte la rumination du passé et la projection dans le futur, je suis dans un état de présence à moi-même et à ce qui est. C’est cette attitude de pleine présence (ou de pleine conscience) que le tantra permet de développer. Cette pleine présence se cultive lorsque je suis avec moi-même, par exemple, quand je danse, que je marche, que je mange, et quand je suis avec l’autre, par exemple, dans le massage donné ou reçu ou encore dans la relation sexuelle. Dans ce contexte, la sexualité n’est plus vue comme l’envie de monter en excitation puis de la décharger dans le plaisir de l’orgasme mais comme un moment de connexion à moi-même et à l’autre dans l’état de présence. Dans cette rencontre, ce n’est plus mon mental qui commande avec ses attentes et ses schémas connus. Les amants entrent dans la danse créée d’instant en instant par leurs corps. Ils deviennent presque les spectateurs de la danse qui opère à travers eux. Cette danse peut être sauvage, fougueuse, ou elle peut être lente et douce. Progressivement, dans cet état de pleine présence et d’ouverture à ce qui est, les deux partenaires peuvent se laisser immerger dans les forces d’énergie de vie et le jeu de leur polarité. L’orgasme génital peut arriver mais il n’est pas recherché en soi. Lorsqu’on est dans cette ouverture complète, dans l’abandon aux forces de vie, un orgasme beaucoup plus nourrissant peut se produire. Il s’agit de l’orgasme du corps entier : une entrée du corps entier en vibration, en résonnance avec celui de son partenaire qui amène à des états d’expansion de conscience dans lesquels une immersion dans le Tout, dans la Vastitude, dans l’Unité est possible. Cette expérience est alors du même ordre que des moments de grâce. Le sexe rejoint alors la méditation.

Pour moi le sexe n'est pas à condamner mais c'est une pulsion animale assez inconsciente et le désir amène du désir...et donc en tournant les choses vers l'intérieur, la sexualité change aussi. 
Est-ce que c'est en ce cens que la voie du Tantra est comme vous dites "une voie de transformation intérieure" ? 

La voie du tantra est une voie de transformation intérieure parce que progressivement elle nous amène à accepter pleinement qui nous sommes dans toutes nos dimensions, et en particulier dans nos dimensions pulsionnelles animales et dans nos dimensions divines, spirituelles. Il n’y a pas à choisir entre les deux. L’idée c’est plutôt d’embrasser les deux. En m’ouvrant à l’énergie de la pulsion sexuelle qui est en fait l’énergie vitale, en l’accueillant en moi, en l’amplifiant, en l’invitant à remplir l’ensemble de mon corps et à monter vers l’espace de la couronne au sommet de la tête, un processus de transformation se produit naturellement. Dans cette montée, l’énergie pulsionnelle brute s’affine progressivement et devient nectar, félicité, vastitude et paix.

La danse, la célébration, le jeu, la magie, vous intégrez tout cela j'ai l'impression dans votre approche du Tantra. C'est important de rester "léger" et "ludique" ? 

Oui, le tantra c’est l’union des opposés, du féminin et du masculin, du pulsionnel et du sacré, du sexe et de la méditation, du rire et des pleurs, du « léger » et du « profond ». En tissant une danse de l’un à l’autre, un processus alchimique opère et permet progressivement de quitter la guerre entre les opposés et de connecter un espace au-delà de la dualité.
Le tantra nous invite à découvrir que la vie est un jeu, le jeu « Leela », la danse cosmique du divin. La vie devient alors un champ d’expérience ludique, léger qui s’explore dans le plaisir et la joie…
Bref, ne nous prenons pas trop au sérieux !

Vous travaillez en Belgique, en Dordogne et parfois à Paris. Pouvez-vous expliquer pourquoi ces endroits ? 

Nous sommes un couple franco-belge : Marie-Pascale est belge, Sylvain est français. Sylvain a vécu la grande majorité de sa vie dans la région parisienne et il s’est installé en Dordogne il n’y a qu’une dizaine d’années. C’est la raison pour laquelle nous proposons nos stages dans ces différents lieux auxquels nous sommes connectés.

Quelle est votre méditation préférée aujourd'hui ? 

Marie-Pascale : Pour ma part, j’aime beaucoup les méditations dansées (comme la « No dimensions » de Osho) et les méditations en couples, en particulier, la « Samadhi breath » qui est extrêmement puissante. Mais je dois dire que recevoir une « méditation de la caresse » c’est comme laisser fondre une exquise praline au chocolat dans la bouche … et ça, pour une belge, c’est vraiment quelque chose !!!

Sylvain : C’est difficile de choisir … Elles ont chacune leur particularité et j’aime varier les plaisirs !
Seul, mon cœur balance entre la « Dynamic Meditation » et la « Chakra Breathing Meditation », toutes les deux de Osho. Elles me redonnent de l’énergie en cette saison d’automne-hiver.
Avec ma compagne, j’ai une préférence pour la « Universal Heart Meditation » de Mahasatvaa Ma Ananda Sarita et une toute dernière méditation que nous avons découverte « Ananda Mithun » de Swami Hariprem et Ma Ananda Kaulika. Ce sont des méditations qui créent une profonde connexion entre les deux partenaires et permettent de se dissoudre dans l’amour du cœur universel.

Site web : www.lavoiedelamour.com