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La joie, le plaisir et la détente !
Par Deva Broncy
En ces moments difficiles de crise liée à la COVID, nous avons, plus que tout, besoin de ressentir de la joie. La tristesse, la dépression nous figent et nous risquons d’être manipulé-e-s et opprimé-e-s. Le tantra est une voie spirituelle dont l’un des objectifs est de restaurer la liberté et cela passe par la joie. Non pas une joie circonstanciée : je suis joyeux-se parce que je possède : un travail, la santé, des biens, ou que je vis des moments agréables, etc…, Non je suis joyeux-se parce qu’à l’intérieur de moi il y a une source illimitée de joie, de liberté qui est ma nature ultime, et ceci quelles que soient les circonstances. Voici donc quelques réflexions et humbles connaissances qui me viennent de ma pratique du tantra et de mon enseignant, le regretté Sudheer Roche. Je les partage volontiers avec vous.
La joie
Dans les quelques rares stages de tantra que j’ai pu proposer dernièrement, ce qui semblait le plus merveilleux pour les personnes qui y ont assisté, c’était la joie de la rencontre, du contact humain chaleureux, des câlins et embrassades. Dans le Vijnana Bhairava Tantra il est dit que lorsque l’on éprouve une joie intense en revoyant une personne très chère, il faut se saisir du premier frémissement de cette joie qui jaillit pour remonter à sa source et s’y absorber complètement.
La source de cette joie est notre nature profonde, notre soi qui par essence est extatique. Le tantra nous propose des expériences pour y goûter. Un stage de tantra comporte souvent des moments propices à la joie : la danse, la méditation du rire et toutes les fois où, en intensifiant notre vitalité nous nous rapprochons de nous, nous augmentons l’intimité avec nous « m’aime ». La pratique du tantra vise à la joie sans objet. Il ne s’agit que de vivre la vie, laisser les émotions et l’énergie se libérer d’elles-mêmes, sans interpréter, pour accéder à la présence d’être tout simplement. Il est possible que, si vous n’avez jamais fait de tantra, ceci vous semble du jargon ou du charabia. Pourtant vous en faites peut être l’expérience régulièrement dans l’orgasme. A ce moment si particulier, vous êtes totalement absorbé-e-s- dans la source car vous vivez pleinement le moment sans que votre égo ou le mental n’interviennent. Il est difficile de penser ou de se regarder jouir (sauf dissociation). Le tantra prône le plaisir en ce qu’il alimente notre joie.
Le plaisir
Bien sûr il y a toutes sortes d’approches du plaisir. Il ne s’agit en aucun cas de prendre, d’objectiser, de prédater, de consommer, non, il s’agit d’accueillir, d’être sans attentes, de s’ouvrir à l’expérience avec une curiosité d’enfant et surtout d’être en conscience. La lenteur, la ritualisation nous aident.
Le plaisir des sens est lui aussi source infinie d’extase, si en mangeant un plat raffiné ou en buvant un vin délicieux nous portons notre attention sur la plénitude et le plaisir qui se manifestent, nous pouvons accéder ainsi à la joie d’être l’être que nous sommes. Il en va de même pour la musique ou le chant, le Vijanana Bhairava Tantra conclut : partout où il y a plaisir des sens en conscience, en lenteur avec une écoute fine et attentionnée, il y a la joie de la paix éternelle. C’est le rituel d’éveil des sens souvent proposé dans les stages.
Et le plaisir selon Abhinavagupta est cette goutte de l’océan de félicité qu’est le divin, la conscience, le soi, appelons-le comme il nous convient. Y goûter, le savourer, s’y immerger nous amène à faire l’expérience de l’union avec la délectation et la jouissance, à devenir délectation et jouissance comme dans l’orgasme mais peut être plus intensément et plus longtemps encore. Le plaisir devient le centre, le cœur du divin où le tantrika s’absorbe, se dissout pour ultimement faire l’expérience de l’un, de la non séparation, de la reconnaissance de l’autre comme identique au soi qui efface les frontières du moi, de l’individu. Il faudra pour cela renoncer à la performance, au commerce, à la recherche de résultats. Il faudra ralentir, se poser en conscience, y mettre toute son attention et son intention, bref s’impliquer totalement et sans effort, oui sans effort, à cette délectation de tous ces moments de « petits bonheurs » que la vie nous offre : le chant d’un oiseau, un moment partagé avec un-e ami-e ou amant-e, le rire d’un enfant, la pluie qui tombe, le soleil qui brille.
La détente
Je dis souvent que dans le tantra tout est sexuel et rien n’est sexuel car si nous restons dans cette absorption au plaisir et à la jouissance, d’abord par des micro-pratiques, puis avec l’entrainement plus longtemps, petit à petit, nous en venons éventuellement à un état orgasmique prolongé où « je fais l’amour à la vie » Finalement, le but du tantra, c’est d’accéder à un autre plan de conscience où il n’y a plus de séparations, si nous sommes totalement absorbé-é-s, il n’y a plus de limites, de bien de mal, de début ou de fin. Nos identifications sont reconnues et nous pouvons percevoir à partir de ce plan de conscience de l’illimité, de l’éternel, de l’unité. Cela ne nous empêche pas de vivre notre vie tranquillement mais nous ne sommes plus en posture de quémander moins de douleur, plus de plaisir. Une fois cet espace de conscience touché, nous sommes comblé-e-s et dans la plénitude, nous traversons la vie dans une posture d’empereurs ou d’impératrices en partageant, en donnant, en échangeant, nous cessons de nous agripper, de nous crisper sur quelque chose en particulier (une pensée, un attachement ou autre). Cela procure la détente et la simplicité nécessaires pour nous pousser à avancer sur la voie. Nous devenons des chercheurs/chercheuses au sens mystique du terme. Nous sommes en quête. Cette soif ou aspiration est indispensable pour s’engager pleinement sur la voie du tantra. En chemin, nous allons nous confronter à nos ombres et sans cette aspiration nous pouvons être englouti-e-s car le tantra est une voie transgressive et rebelle, une voie périlleuse où le poison ou du moins ce qui a été diabolisé par nos cultures comme le sexe, le plaisir, la folie, l’excès d’intensité, la colère deviennent nectar et source d’éveil, à condition que l’énergie et l’intensité du plaisir, de la folie, de la colère soient couplées à la conscience, la présence à soi, l’accueil le non jugement. Cela demande pratique et implication, curiosité et engagement. Bref le tantra est bien une voie ardue qui réclame la qualité dite du héros (vira en sanskrit). Et l’une des qualités de « Vira » souvent associé à la guna Raja c’est l’énergie, le corps énergétique avec ses nadis et chakras, celui qui intéresse plus particulièrement le tantra. Ce qui est intéressant c’est que cette action est l’antidote de l’activité, cette maladie du faire (discours d’Osho) qui empêche la détente. Entre chaque action, engendrée naturellement par les circonstances auxquelles je réponds, il y a la détente, la relaxation. Tilopa le disait, soyez détendu, simple et naturel, il n’y a pas d’autres enseignements. La joie, le plaisir et la détente sont, selon le tantra, indispensables à la quête spirituelle, et la quête spirituelle nous amène joie, détente et plaisir. Par quoi commencer ? Par ce qu’il y a de plus facile à contacter pour vous, que ce soit la joie, le plaisir ou la détente et se tenir totalement immergé-e dedans grâce à la conscience et l’énergie.
Ce frémissement, cette accueil des énergies de vie dans leur liberté la plus totale, cette célébration gratuite engendre gratitude et émerveillement Ce sont les meilleurs moyens de consumer, détruire dans l’œuf les angoisses existentielles. Je vous souhaite de tout mon cœur de pratiquer quotidiennement cette délectation et de savourer en conscience tous les plaisirs… car mon cœur vous espère dans la félicité de la joie et du plaisir sans objet.
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