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L’ennéagramme sur le chemin de l’accomplissement de soi

Par Luc Blanckaert

Cela fait une douzaine d’années que j’ai rencontré l’Ennéagramme, et il continue de me surprendre à chaque nouvelle occasion. Juste, riche, complexe, capable de décrire notre fonctionnement intérieur et de nous apporter une aide précieuse dans notre cheminement personnel et spirituel comme dans nos relations avec les autres.

Les bases de l’ennéagramme sont simples en apparence :
- il se présente sous la forme d’une figure à neuf points répartis autour d’un cercle ;
- ces neuf points représentent des bases ou profils de personnalités. Chacune de ces bases correspond à une vision du monde particulière, en lien avec un besoin fondamental et l’angoisse que celui-ci ne soit pas satisfait ;
- ces points sont reliés entre eux par des flèches qui traduisent une dynamique, comme un mécanisme interne à chaque type de personnalité, marquant son chemin d’évolution en fonction des situations rencontrées et de ses ressources…

L’idée d’être identifié à un profil de personnalité rebute souvent au premier abord. Mais passé cet obstacle, le chercheur découvre un outil d’une richesse et d’une puissance incomparable s’il accepte de voir le schéma dans lequel il s’est enfermé pour survivre. Ainsi, l’Ennéagramme l’aidera à sortir de cet enfermement et à avancer vers la réalisation de soi et vers de meilleures relations avec les autres.

Il y a des dérives utilitaristes de l’ennéagramme : embauche ou gestion du personnel, organisation de travail d’équipe, gestion de conflits... à partir d’une lecture superficielle et limitée de l’ennéagramme. Malheureusement, ces usages réduisent la portée de l’ennéagramme et le font passer pour ce qu’il n’est pas. L’ennéagramme offre au contraire aux chercheurs, aux personnes en quête de vérité, un guide puissant pour s’observer, se connaître et cheminer vers la réalisation de soi.

Privilégier la découverte en stages ou en ateliers

Pour saisir toute la richesse et la pertinence de cette approche, rien ne vaut une découverte de l’ennéagramme in vivo, c’est-à-dire au cours d’un stage, en groupe, avec d’autres partipants qui témoignent et inter-agissent.

Mon expérience comme participant puis comme animateur de stages Ennéagramme me démontre combien ce co-apprentissage est puissant. Les témoignages montrent comment certains événements qui paraissent anodins pour certains sont difficiles, voire dramatiques pour d’autres, nous faisant entrevoir comment nos constructions internes nous enferment dans des situations et/ou des souffrances répétitives.

Grâce au partage des expériences, du ressenti et des réflexions des participants, nous découvrons à quel point nos vécus intérieurs peuvent être différents malgré des situations proches. Imaginez par exemple un échec professionnel. Un participant explique que c’est une excellente occasion pour lui de se lancer tout de suite dans un nouveau projet. Un autre se sent tellement dévalorisé que c’est la preuve qu’il n’a pas sa place dans ce monde, un troisième s’en veut terriblement car il avait fait le maximum pour atteindre cette place, un quatrième est prêt à en découdre avec les imbéciles qui ne l’ont pas compris...

C’est l’une des neuf « passions » sous-jacentes qui s’exprime ainsi de façon différente. Neuf passions (comme neuf péchés capitaux) que l’Ennéagramme nous montre, avec les neuf familles de personnalités correspondantes.

« C’est plus fort que moi »

Ce dont les participants aux stages témoignent le plus se résume dans la phrase : « C’est plus fort que moi ». C’est-à-dire que des situations difficiles, échecs, souffrances, se répètent sans que la personne ne semble avoir de capacité à les empécher de se produire, même en les voyant arriver. Là se trouve souvent la clé de ce que l’ennéagramme nomme la compulsion. Sa découverte permet de se détacher de ce mécanisme pour l’observer… et apprendre à le transformer.

Au cours d’un stage, au-delà des mots employés, il y a toutes les interactions entre participants et les expressions non verbales (regards, attitudes physiques, rayonnement des personnes…) qui nous guident pour ressentir et comprendre comment leur vécu intérieur et leur vision du monde peuvent être différents des nôtres.

Et puis l’expérience de participants dont le vécu a fini par leur montrer qu’au contraire ils avaient le choix, et comment ils s’approprient une nouvelle dimension d’eux-mêmes et apprennent à se transformer. Car un jour vient comme une révélation, une épiphanie : quelque chose en nous réagit contre ce qui a toujours été plus fort que nous. Ce point de rupture est là pour nous montrer que nous pouvons être plus fort. Une révélation qui tend à nous prouver qu’il nous est possible de sortir de cette passion qui nous emprisonne… (cet ego qui nous limite).

Les stages que je propose s’appuient notamment sur l’exploration de la « légende personnelle » de chaque participant, ainsi que sur le recours au théâtre (improvisations à partir de mises en situations) et au cinéma (visionnement de films ou d’extraits) pour saisir les caractérisqtiques d’un personnage et ce qui pourra le conduire à se transformer. Le cinéma offre de belles opportunités de repérer le révélateur ou le déclencheur de changements importants dans la vie des personnages, comme il est également possible de le faire par l’étude de biographies de personnes célèbres et inspirantes,

Se mettre en chemin : les instincts plus importants que les types

Ce qui est souvent retenu à propos de l’ennéagramme est le « type » ou ennéatype, (nommé par un chiffre de 1 à 9 ou un intitulé). Pourtant, chacun de ces neuf types s’exprime selon trois couleurs différentes en fonction des instincts (nommés sous-types), ce qui conduit concrètement à vingt-sept personnalités différentes (et autant de déclinaisons que d’individus, chaque personne étant évidemment particulière…).

L’instinct est le domaine dans lequel notre énergie vitale se focalise en priorité dans toute circonstance. Quelque soit le type dans lequel vous vous retrouvez dans l’ennéagramme, votre instinct reste prioritaire. C’est donc une entrée essentielle dans la découverte de l’ennéagramme.

Vous pouvez déterminer rapidement quel est l’instinct qui domine chez vous. Pour cela, demandez-vous lequel des trois points suivants est prioritaire, indispensable, vital, pour vous sentir détendu, disponible, présent à vous-même et aux autres :
- Survie (ou alimentaire) : relié à la priorité de vous préserver physiquement. Avoir un toît, de la nourriture, de l’argent, le nécessaire pour assurer votre sécurité matérielle.
- Tête-à-tête : la priorité est d’être en relation avec un autre, reconnu par un autre, avoir un ami, une personne avec qui partager. On le nomme aussi sexuel car cet instinct est aussi celui de se reproduire. Les tête-à-tête privilégient toujours les échanges seul à seul plutôt que se fondre dans un groupe.
- Social : ce qui compte c’est appartenir à un groupe, relié aux autres, en interaction sociale. Depuis un an, avec les confinements, couvre-feu et autres restrictions successives, les sous-types sociaux sont certainement ceux qui ont souffert le plus d’être séparés des autres et de leur vie sociale.

Une autre façon de vous questionner, c’est de vous demander de quoi vous ne pourriez absolument pas vous passer : avoir de l’argent ou des réserves alimentaires dans votre cuisine (instinct survie), avoir un ami ou un partenaire (instinct tête-à-tête), ou bien organiser ou participer à des événements en groupes - famille, loisirs, travail… (instinct social) ?

Vous trouvez le domaine qui vous concerne le plus ? C’est dans ce domaine qu’il vous sera nécessaire d’agir pour sortir du schéma dans lequel votre compulsion vous enferme et cheminer vers vos qualités spirituelles.

Luc Blanckaert,
Formateur et thérapeute (Ennéagramme, Jeu du RoiReine, Médecine Symbolique).