Les archives de Meditationfrance
Rencontre avec Marie Jésus Sandoval
Marie Jésus, qui êtes-vous, quel est votre parcours ?
Ce qui me caractérise dans cette incarnation, c'est ma rencontre à plusieurs reprises avec la mort, et ce, depuis ma petite enfance. J'arrive au seuil, et je reviens, sans que j'en comprenne le pourquoi. C'est comme si l'on me demandait à chaque fois : "Alors c'est oui ou c'est non ?"
Je suis née en Espagne en bonne santé, puis tout s'est rapidement dégradé. A 9 mois, alors que je devais recevoir l'extrême-onction, je suis revenue à la vie. Il faut croire que des esprits veillaient déjà sur moi.
Jusqu'à 4 ans et demi, je n'étais ni morte ni vivante, vivant dans un "entre-deux", à la fois ici, mais également sur d'autres plans. J'y suis encore par moments aujourd'hui, mais différemment.
J'ai très peu de souvenirs de mon enfance ou même de ressentis intérieurs. C'est comme si j'avais déployé de telles "antennes", que je me retrouvais constamment projetée à l'extérieur.
Comme je ne mangeais pas, je devais être alimentée par piqure. Malgré les nombreux spécialistes que mes parents m'ont fait consulter, ma santé restait très fragile, toutefois, j'ai survécu. Mon père a décidé de nous faire émigrer en France parce qu'il ne voulait plus travailler dans les mines avec le risque de mourir de silicose. Il souhaitait probablement aussi m'offrir de meilleures chances.
L'hiver 62 a été très froid et notre voisine alertée par ma toux, a appelé les secours. A l'hôpital, mon père a dû signer une décharge, car j'avais une chance sur 100 de m'en sortir (à 4 ans et demi, je pesais 9 kilos !). Pendant l'opération, mon cœur s'est arrêté, j'ai fait une NDE- ce que j'ai compris ultérieurement - puis je suis revenue.
Mes parents et moi avons appris beaucoup plus tard que le médecin a dû ôter 3/4 de mon poumon gauche pour atteindre un kyste qui oppressait mon cœur.
Je dois beaucoup à ce grand professeur qui a fait une opération urgente très délicate et aussi à cette voisine qui m'a non seulement sauvée, mais a avancé les frais d'hospitalisation.
Je crois que la spiritualité et la guérison ont trouvé leur ancrage déjà dans ces 2 premières expériences de mort imminente.
Mon enfance n’a pas été mais simple et quand j’ai eu 22 ans, j’ai pris des cours de danse. Je découvre que le fait de danser me permet d'avoir des visions, d'entrer en transe.
La danse va me garder vivante dans un travail qui ne me plaît pas vraiment.
C'est là que je me fais des amis, une sœur de cœur et qu'une famille se constitue autour de moi.
Peu après la naissance de mon fils, j'ai traversé une phase chaotique et douloureuse où je travaille pour survivre en faisant plusieurs métiers.
Vers 35 ans, je décroche un travail dans l'événementiel, où mon intuition et ma créativité sont reconnues et valorisées. Puis je deviens Directrice d'une Maison de la Jeunesse et de la Culture et organise différents évènements. Dans ce cadre, je rencontre Swami Yoga Anand Bharati, moine shivahiste sanyasin, yogi et vaidya ayurvédique, puis un peu plus tard Loup Blanc, autour de l’éveil du corps de Lumière dans la vibration christique, taoïste et chamanique. Ces deux rencontres résonnent aux plus profonds de moi comme des retrouvailles d’autres vies. Une réponse aux dimensions mystiques et ésotériques liées à mon expérience de mort imminente enfant.
A 40 ans le Tantra viendra à moi, comme la résultante de toutes ces années d’introspections, de pratiques et de questionnement autour de la sexualité consciente. La rencontre avec la pionnière du Néo-Tantra Margot Anand me gardera dans cette voie pendant 10 ans en devenant tour à tour participante, assistante puis co-animatrice certifiée de son école.
A partir de 42 ans je deviens massothérapeute je crée l’Association Amrita qui propose des ateliers Bien-Être autour de l’ayurvéda avec la cuisine, les massages pour adulte, femmes enceintes, nourrissons, yoga, méditation kundalini et mudra....
A 54 ans, en mai 2012, j'ai à nouveau rendez-vous avec la mort : je chute dans un canyon en Espagne lors de mon premier séminaire Tantra et Chamanisme niveau avancé avec les femmes, et en ressors miraculeusement vivante.
Qu'est-ce qui vous a donné l'impulsion de suivre cette voie ?
A la base, il y a eu ce questionnement : "Et la sexualité dans tout ça ?"
Je pouvais être abstinente sans problème, mais lorsque la sexualité était présente, je n'arrivais pas à comprendre ce que l'autre attendait de moi, ce que moi j'attendais de lui, de quoi était faite la relation. Je trouvais cela compliqué et complexe entre sentiments, sensations, projections, fantasmes, idéalisations. Déjà comme enfant, je ne comprenais pas les relations humaines, moi qui étais si facilement connectée à l'invisible. Je ne retrouvais pas chez mes pairs les fréquences fluides et légères que je captais.
Avec l’approche du Tantra, J'ai réalisé que je trouvais dans cet espace une réponse profonde de l'ordre d'un oui à la vie et les relations parlaient de cela. Cela m’a permis de mettre de la clarté dans ce que je vivais, poser mes limites, revisiter des espaces souffrants de mon histoire et célébrer ma joie d'être en vie.
Parlez-nous de vos différentes approches, de ce qui les caractérise
Le point commun de toutes ces enseignements c’est la mise en Conscience de la réponse du corps physique, émotionnel et énergétique. Ces trois plans sont interactifs et demandent une harmonisation et un alignement.
Les séminaires que je propose, permettent de faire des expériences dans un cadre respectueux de tout à chacun. Il s'agit de trouver un moyen de faire alliance avec soi, l’autre dans cette invitation à la fois de verticalité, d’enracinement et d’expansion de la Terre vers le Ciel et du Ciel vers la Terre.
Pourquoi avoir constitué des groupes sur le Féminin Sacré ?
A la suite d'une rencontre avec une femme qui avait été agressée et qui ne pouvait voir un homme que comme un agresseur potentiel, je me suis demandé s'il ne fallait pas d'abord faire ce travail magnifique qu’entre femmes.
Cette rencontre a coïncidé avec ma quête de vision chez les Cherokee durant laquelle j'ai entendu : " Tu commences à rassembler les femmes".
J'ai débuté avec des cercles tout d'abord sur un plan plutôt ésotérique. Nous nous retrouvions à la pleine lune à jouer du tambour en connexion avec la Terre. Puis des participantes ont commencé à parler de leur vécu. Un groupe de parole s'est constitué et a grandi peu à peu. Ensuite, nous avons abordé la dimension corporelle par le massage.
Pour moi, il est fondamental que les femmes prennent responsabilité de leur corps mais aussi de leurs organes génitaux. C'est là que se trouve le chakra racine, cette reliance entre tantra et chamanisme : la force de vie liée à la Terre, mais aussi le siège de nombreuses mémoires cellulaires (le regard posé à la naissance sur le sexe de l'enfant, attouchements, accouchement, césarienne, visite gynécologique, …). Cette partie du corps étant la plus maltraitée, il s'agit donc de ramener les femmes dans la conscience du corps, de la présence et de l'énergie.
Vous enseignez aussi à des couples
J’ai rencontré dans l’univers du Tantra des façons d’aborder le couple et la relation dans des constellations de groupe mixte. La jalousie était souvent interprétée comme une notion toxique pour la relation voir non spirituelle. J’avoue qu’avec mon besoin profond de sécurité j’ai souvent eu de la difficulté avec cette vision et cette direction. C’est pourquoi j’ai créé des week-ends, puis des semaines spéciales couples afin de prendre soin de la relation dans un environnement qui ne souffre d’aucune ambiguïté
Ma direction est très claire : la dimension échangiste, libertine, ce n'est pas ma couleur.
Comment en arrivez-vous ensuite au Masculin Sacré ?
A un moment, il s'est évidemment posé la question des hommes.
En fait, tout s'est fait en parallèle. Les questionnements ont passé d'un groupe à l'autre et cela leur a permis de grandir ensemble.
J'ai toujours animé mes groupes seule, avec des hommes porteurs d'une expérience (hommes-ressources), qui faisaient le lien entre les participants et moi. La vie m'a toujours envoyé les personnes dont j'avais besoin pour être soutenue. C'est ainsi que Jean-Gabriel est entré dans ma vie. D'homme-ressource, il est devenu un partenaire en co-animation et maintenant qu'il a suffisamment d'expérience et de maturité, il accompagne des groupes d'hommes.
Nous avons évidemment fait chacun un travail personnel et de couple pour ne pas amener nos propres histoires dans les séminaires, bien qu'elles puissent aussi servir d'outils de compréhension.
Que diriez-vous pour la fin ?
Je remercie le hasard pour toutes ces rencontres déterminantes dans mon parcours de vie comme autant de retrouvailles : Swami-ji, Loup blanc, Margot Anand et Nuptul Tenpei Nyima Rinpoché, Karma Minyur Dorji Rinopché avec la source des enseignements bouddhistes Tantrique du Vajrayana.
Je continue à chercher quel sens a la vie, quel sens je lui donne. On en revient à l'impermanence des choses. Nul ne sait quand son heure viendra. Il est important de célébrer la vie tous les jours, comme si chaque jour était le dernier.
Site internet : https://www.tantra-chamanisme.org
Biographie
"Et tu seras chamane"
Marie Jésus Sandoval-Amrita, Jean-Luc Nusbaumer
Ed. Véga, 2021