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L’ego : dilemme de la méditation ?

L’ego : dilemme de la méditation ?

Par Simhananda

Pour répondre à cette question, voici les Enseignements de Simhananda, Maître de Sagesse occidental au service de la Grande Hiérarchie Blanche, conférencier émérite et auteur. Reconnu pour transmettre la Vérité sur un ton résolument moderne, unissant de ce fait la Lumière de l’Orient à celle de l’Occident, il nous invite ainsi : « Allez à Dieu d’une façon ou d’une autre, mais allez-y ! » Et la méditation est l’une des clés pour y parvenir.

Fruit d’une suite bien orchestrée de programmations issues de nos aïeux biologiques, de nos parents, de l’environnement et des expériences passées, l’ego a pour rôle de faire naître, en développant notre psychisme, notre sens de l’individualité, la conscience de « soi », du « je ». Néanmoins, d’un point de vue bouddhiste, la notion de « soi » est sans substance. Le fait que nous attribuions l’idée de « soi » à ce « bricolage » constitué de nos expériences et de nos mémoires du passé est, selon la doctrine bouddhiste, vide d’essence. Cette grande illusion crée un sentiment de séparation de notre Source, et cela devient ainsi la cause principale de toutes les souffrances que nous vivons.

Pris dans l’engrenage de nos activités, nous ne nous rendons pas compte que l’ego n’a aucune existence propre : il ne vit que parce que nous existons. Il demeure toutefois enchaîné à nous tant que nous n’avons pas compris, assimilé et transcendé les lois physiques gouvernant notre nature humaine, lois auxquelles nous sommes assujettis. Lorsque cela est fait et que nous devenons entièrement divins, l’ego perd sa raison d’exister. Il peut alors être modulé et utilisé de façon très consciente, selon les circonstances du moment.

Aussi, l’ego, qui n’ignore rien de tout cela, a très peur de disparaître et de mourir à cette transformation qu’un jour il devra subir. C’est pour cette raison qu’il acquiert, au fil des siècles, de plus en plus de pouvoir sur nous, dans l’espoir de retarder au maximum notre évolution et de prolonger, par le fait même, sa propre existence.

L’ego se nourrit de croyances;
l’âme se nourrit de vérité.

Par sa vision individualiste et restrictive, l’ego isole et coupe l’homme de sa vraie nature qui est divine, omniprésente et inclusive. Comme il aime bien se juger afin de préserver son « pouvoir », l’ego véhicule des sentiments d’incompétence, de désespoir et d’humiliation qu’il cache soigneusement sous une apparence hautaine et arrogante. De nature souvent agitée, il déteste l’ennui et le silence : cela le fait même paniquer. C’est ce qui explique que nous sommes souvent si mal à l’aise dans le silence. Or, le silence est nécessaire pour que l’amour naisse au sein de notre cœur. La méditation est ici une clé importante pour conquérir la mer agitée de nos émotions et pour neutraliser le responsable de cette agitation. Dieu sait que cette discipline est difficile à intégrer dans nos vies !
La méditation…
Plusieurs livres portant sur la méditation ont été écrits, vantant ses innombrables mérites qui vont d’une simple réduction du stress à la réalisation divine. Mais, la méditation détient-elle vraiment ce pouvoir ?

Mentionnons avant tout que l’individu qui commence une discipline de la méditation entreprend de retirer sa conscience de l’emprise des sens afin d’entrer en contact avec sa source intérieure. Pourtant, il ne se rend pas compte que tout ce processus se fait par l’entremise du « je » personnel. C’est ce « je », ce « moi », « l’ego », qui se polarise vers l’intérieur. Aussi, tant qu’il y a un « méditant », ou quelqu’un qui médite, c’est encore cet ego contracté dans le temps et l’espace qui agit. Cet ego qui force la conscience à créer un état objectif purement illusoire par la concentration sur un mantra, une divinité, un vide… vise, en fait, à rester aux commandes. Même s’il provoque un état altéré de conscience, qui n’est rien de plus qu’un autre état, l’ego reste le roi. Quel dilemme !

Devons-nous méditer alors ?

Oui et non. La méditation peut nous aider à atteindre la réalisation de soi si nous la combinons à d’autres approches. Mais, à quoi bon méditer si nous reprenons ensuite, sous la gouverne de l’ego, nos activités habituelles ?

La méditation ne sert pas à créer quelque chose de nouveau en nous, mais plutôt à enlever tout ce qui voile notre essence. Il est tellement difficile de nous accepter tels que nous sommes : nous fuyons continuellement notre nature véritable en nous identifiant à notre souffrance, à nos problèmes, à nos sentiments ou à nos possessions. Plus encore, nous passons notre temps à vouloir être vrais tout en continuant à nous identifier à ce qui est faux en nous. Nous voyons la vie et les autres à travers ce mensonge, et employons la méditation pour nous aveugler davantage.

Qu’essayons-nous vraiment de reconnaître par la méditation ?

Si c’est notre « nature véritable », eh bien, sachons qu’elle est inconnaissable : elle ne pourra jamais être appréhendée par le mental ! Notre nature est ineffable, indéfinissable et sans limites. Nous sommes donc dans l’impossibilité de comprendre qui nous sommes véritablement. Alors, pourquoi s’efforcer de méditer ? Parce qu’il est connu que nous n’arriverons à rien sans l’effort de la méditation. Toujours le même dilemme !

Hui Neng, sixième patriarche du zen chinois, disait que la sagesse (prajna) doit spontanément jaillir du mental, qui est essentiellement un « espace vide ». Si le mental est un espace vide, c’est qu’il n’existe nulle part. Dans ce cas, notre monde conceptuel, y compris celui de Dieu, s’efface de notre conscience. En effaçant Dieu de notre conscience, l’ego que nous pensons être ne peut plus dépendre d’aucun concept. Prendre conscience que le mental est inexistant nous enlève toute dépendance envers nos pensées et nos idées. En accord avec sa propre nature, le mental veut toujours s’accrocher à quelque chose, même à l’idée de méditer dans le but d’atteindre la réalisation. Pourtant, il faut se détacher de cet espoir, pour la simple raison qu’il n’y a personne qui doit se réaliser. Nous aboutissons alors sur un « rien » ! C’est au-delà de ce « rien », de ce « vide », que commence finalement la vraie méditation. Le « je », l’ego, se déplace, et nous n’avons qu’à nous asseoir dans le moment présent, sans attente, dans un état de totale ouverture, sans but à atteindre. C’est « être » tout simplement là, sans vraiment y être.

Cet état est tellement proche de nous, plus que nous ne le pensons, alors que tout effort autre que celui d’« être tout simplement cela » nous en éloigne. Pour cette raison, toutes les excuses sont bonnes pour empêcher le calme de s’installer en nous. Et pendant que nous nous activons, l’ego respire, rassuré d’être encore une fois maître de la situation.

Malheureusement, l’ego se renforce à chaque incarnation, formant le Gardien du Seuil, cet ensemble de forces psychiques et mentales que nous devons, à un certain moment de notre évolution, combattre et maîtriser. Tôt ou tard, chaque être humain, afin de poursuivre son évolution, doit affronter et vaincre ce Gardien du Seuil. C’est une bataille incontournable entre les forces de la Lumière et les forces involutives de la matière.

Le découragement, ici, n’est point de mise. Pour alléger un peu la vie de tous les jours, nous pouvons accepter avec le sourire que l’ego existe et qu’il fasse partie de notre existence. Cette condition est une loi humaine, et tout le monde sur cette planète y est soumis. N’oublions pas que l’ego aime être pris au sérieux et que l’humour le désamorce. Il est donc très important, mais surtout très sage, de ne jamais nous prendre trop au sérieux. Après tout, nous ne sommes que les héros ou les victimes de l’histoire que nous avons nous-mêmes mentalement fabriquée. Nous devons traquer l’ego à chaque moment du quotidien avec patience, courage, détermination et vigilance, apprendre à nous observer et à nous épier sans cesse, même si nous n’aimons pas toujours ce que nous découvrons sur nous-mêmes.

Nous devrions être prêts à tout afin de dépister
ce qui nous empêche d’évoluer.

La pratique régulière de la méditation nous amène à observer, sans relâche, nos processus mentaux — pensées, réactions émotives, peurs, stratégies de protection, projections et fuites... — et nous aide à démasquer leur côté illusoire et impermanent. En clarifiant notre mental, nous pouvons enfin arriver à pénétrer le silence de la réalité, réalité telle qu’elle est, c’est-à-dire non conceptuelle, et non celle que nous aimerions qu’elle soit.

Cet article est extrait du livre :
Guide du guerrier spirituel moderne, paru aux Éditions Paume de Saint-Germain.
https://www.palmpublications.com/fr/details_du_produit?id=98

guide du guerrier spirituel moderne