Les archives de Meditationfrance
MOUVEMENTS SACRÉS DE GURDJIEFF, UN VOYAGE DE L'ORGANIQUE AU SUBTIL
Par Amiyo Devienne et Chetan Greenberg
"Je travaille, non pas pour faire un discours, mais pour agrandir l'île de liberté que je porte en moi".
Cette citation du grand directeur théatral Grotowski éclaire ce que sont les Mouvements de Gurdjieff.
Cette vie que nous vivons est-elle suffisante ? Nous donne-t-elle du bonheur ? Sommes-nous satisfaits de la vie en nous et autour de nous ?
Aspirons-nous à quelque chose de plus connecté, de plus intense, que la façon dont nous travaillons dans notre vie fragmentée, où nous essayons de combiner des moments de méditation, avec les courses, le travail de bureau et la pression du temps ?
La pratique des Mouvements de Gurdjieff peut nous donner l'occasion de vivre une vie intérieure et extérieure plus harmonieuse.
Ils peuvent nous donner un aperçu de la façon de vivre avec une plus grande liberté intérieure, sans être pris et perdu dans les événements de la vie extérieure, en sachant pleinement et librement ce que nous faisons et pourquoi.
Créés en partie par G.I. Gurdjieff lui-même, les Mouvements sont également liés aux traditions spirituelles, à leur sens de la transcendance de l'ordinaire et à l'importance qu'ils accordent à la musique et à la danse, plutôt qu'à la parole. Ils trouvent certaines de leurs sources dans d'anciens "mystères" englobant le gnosticisme, l'hermétisme, l'Egypte ancienne, le soufisme, le bouddhisme tibétain, qui s'intéressaient à la découverte du "moi" ainsi qu'à la libération du moi mécanique et limité.
La relation avec la sagesse ancienne est concrète, directe, vivante, adaptée à l'homme moderne.
Les Mouvements représentent un échange entre la tradition et le contemporain
Redécouverte de l'expérience ancienne et recherche d'une nouvelle voie pour le monde moderne
La danse en général peut être considérée comme une chaîne de plusieurs maillons : à une extrémité, la danse en tant que présentation, la danse normale, artistique, pour les spectacles et la représentation aux autres, à l'autre extrémité, la danse en tant qu'outil de transformation intérieure. A travers les Mouvements eux-mêmes, Mouvements transformateurs, nous découvrons comment nous approcher pas à pas des valeurs essentielles auxquelles nous aspirons dans notre vie quotidienne, une ouverture vers la compréhension du sens de notre vie.
Les mouvements sont beaux d'un point de vue esthétique, mais ce n'est pas leur but, ils sont liés à quelque chose d'intérieur et de plus profond.
Ils ne sont pas montrés comme un divertissement, ils ne sont pas un produit que l'on exhibe, mais un processus vivant qui nous emmène peu à peu vers une communion avec nous-mêmes, avec les autres et avec les forces supérieures.
Avec nous-mêmes, à travers les sensations physiques et la relaxation, avec les autres à travers une augmentation de notre sensibilité, avec les forces supérieures à travers un raffinement de notre énergie.
Nous vivons une époque de pauvreté émotionnelle. Le mot émotion porte en lui des niveaux très différents jusqu'aux plus élevés chez l'homme, jusqu’aux plus beaux sentiments. Mais l'homme moderne a des émotions très grossières, très pauvres, souvent liées à des instincts très basiques : possession, richesse, confort, territoire, croyances religieuses…
Nous avons la possibilité de nous nourrir d'émotions beaucoup plus subtiles, d'une certaine saveur artistique, par exemple la musique, la peinture, l'architecture, la nature... Avec une perception plus fine...
Les Mouvements aident à l'ouverture d'une qualité plus fine d'émotion et de sentiment qui peut pénétrer à l'intérieur des choses et les mettre en lumière.
La totalité dans la vie apparaît lorsque les 3 centres : sensation, sentiment, vision sont en totale harmonie.
En connaissant et en comprenant le fonctionnement de chaque centre séparément, afin de les réunir en un seul moment, en une seule action.
Cela se produit si nous sommes en contact avec une certaine qualité de silence, qui nous permet de rester distants, détachés, non identifiés à ce que nous faisons, sommes, ressentons, disons et pensons.
Un mot important est "vigilance". Nous devons être vigilants, et pour être vigilants, nous devons être silencieux. Ce silence permet une meilleure observation de soi.
Notre travail est comme un laboratoire dans lequel nous expérimentons une nouvelle intimité avec le corps, une nouvelle façon d'entrer en relation avec notre groupe et notre vie sociale, en allant au-delà du confort et des limitations, en voyant le corps comme un lieu de transformation d'énergie, et finalement, la porte du silence intérieur profond du mental.
Les Mouvements éveillent un désir de communion, un désir d'un monde de réalité totale, qui donne de l'espace à la beauté et à la vérité, aux émotions autant qu'à l'intellect, au corps et à l'esprit, à la joie et à la douleur, où nous embrassons l'ensemble de notre être.
Du point de vue de la circulation de l'énergie, les mouvements sont des instruments très puissants. Nous apprenons à les pratiquer, pour ne pas les modifier, et pour atteindre une plénitude, une totalité. Ils sont une expression de ce que Gurdjieff appelle : l'Art Objectif.
Ils fonctionnent comme un processus de transformation d'énergie qui peut se produire à l'intérieur du danseur : d'une qualité d'énergie, organique, dense et vitale, enracinée dans la matière, vers une qualité très subtile d'énergie et de sensibilité raffinée, proche de l'immobilité intérieure, puis cette qualité subtile redescend dans la physicalité de base, dans notre vie de tous les jours.
Au début, l'apprentissage des mouvements, rythmes, séquences, déplacements dans l’espace exige une discipline organisée et structurée.
Je suis comme je suis, aussi loin de la mécanicité que du chaos. Avec les mouvements, la première impression est souvent ardente, comme une flamme brûlante de passion, d'intérêt, de frustration, d'avidité de réussite, d'impatience... Au fur et à mesure que la conscience s'approfondit et que la relaxation s'installe, le regard s’ouvre. Au fur et à mesure que le processus évolue, nous observons cette transition en nous-mêmes.
Nous laissons la rivière avancer, lentement ou rapidement. Sans discipline intérieure, ce serait le chaos. Mais le danseur doit aussi s'exprimer avec vitalité. La pratique comprend donc aussi des moments d'exercices spontanés et créatifs, de légèreté et d'humour. Toute grande œuvre est l'expression d'une contradiction : ici la discipline et la spontanéité.
Peu à peu, le corps commence à nous conduire -absolument de lui-même- à travers un flux de mouvements qui vient de l'intérieur, un flux d'impulsions qui traverse le corps. Nous sommes un peu détachés, nous l'observons. L'esprit n'est plus en train de manipuler le corps, de lui dire : Fais ceci, fais cela. L'esprit observe et dirige tranquillement, sans manipulation. La liberté du flux mène à la totalité et à l'organicité.
Pour l'acteur Cieslak, un travail théâtral est comme un verre à l'intérieur duquel brûle une bougie. Le verre est solide, il est là, vous pouvez compter sur lui
C'est la structure qui contient et guide la flamme. Mais ce n'est pas la flamme. La flamme est le processus intérieur. La flamme est ce qui éclaire. Tout comme la flamme dans le verre bouge, flotte, s'élève, tombe, réagit à chaque souffle de vent, notre attention varie d'un moment à l'autre. Tout ce que nous pouvons faire, c'est le voir. Dès que nous le voyons, notre attention revient à l'instant présent.
Les deux lignes d'attention : sur les formes extérieures des Mouvements et sur la vie intérieure vont ensemble, main dans la main. Nous allons profondément à l'intérieur et en même temps, nous savons ce qui se passe autour de vous, dans l'espace, dans votre corps.
Le cheminement commence d’abord par l'apprentissage précis des mouvements, afin de se mettre au diapason de la chorégraphie, de la musique, des autres participants, mais nous avons l'intention d'être aussi attentifs dès que possible à la dimension intérieure. Les deux sont nécessaires pour atteindre la plénitude de la présence.
Nous sentons que tous nos sens sont ouverts pour recevoir des impressions extérieures. Mais en même temps, on a l'impression que tout vient d'une source intérieure. Une double flèche clignote en permanence. Elle va de l'intérieur vers l'extérieur et de l'extérieur vers l'intérieur
C'est ce que Gurdjieff appelle le "rappel de soi"
Tout est en mouvement, et à l'intérieur le ciel d’un silence lumineux demeure à l'arrière-plan.
Article écrit par Amiyo Devienne et Chetan Greenberg.
Dates de leurs stages sur 2 ou 3 jours à venir en 2024-2025 :
19 – 20 Octobre 2024 (Paris)
08 – 10 Novembre 2024 (Vienne, Autriche)
14 – 16 Novembre 2024 (Louvain, Belgique)
23 – 24 Novembre 2024 (Roche sur Linotte, France)
21 – 22 Décembre 2024 (Paris)
22 – 23 Février 2025 (Roche sur Linotte, France)
Dates des semaines intensives à venir en 2024-2025 :
23 – 29 Novembre 2024 (Roche sur Linotte, France)
22 – 28 Février 2025 (Roche sur Linotte, France)
Site web : www.gurdjieff-dances.com