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De la Guerrière à la Femme Sage
Interview de Patricia Menetrey (Anutosha)
J’ai fait le calcul : déjà 42 ans de méditation dont 13 années dans diverses communes d’Osho, et puis à Paris et aujourd’hui dans les montagnes du Jura. Les 21 et 22 septembre, tu proposes un stage pour les femmes « DE LA GUERRIERE À LA FEMME SAGE » où tu vas transmettre ton expérience et tout ce que tu as "appris" ou "désappris" sur le chemin. Quand as-tu découvert la spiritualité et l'enseignement spirituel d’Osho ? Qui était cette jeune Patricia et que cherchait-elle ?
La rebelle que j’étais est un pur produit de mai 68. Je désirais de toutes mes forces créer un monde meilleur et aspirait à une véritable révolution. Mais nous sommes à Genève en 1970. En mode helvétique, la révolution s’est soldée par quelques pavés jetés dans la mare des certitudes calvinistes. S’ensuivirent plusieurs années de militantisme dans une troupe de théâtre engagée politiquement. Pas très efficace pour transformer le monde.
Une vraie vie de bohème, un foisonnement d’idées, d’utopies, d’actes plus ou moins irréalistes, mais rien qui puisse nourrir ma quête d’absolu. Et puis, un jour, la compréhension que seule la révolution intérieure pouvait apporter une véritable réponse. Découverte de la méditation. Ce fut un bouleversement total. Une découverte de l’âme, (un mot inconnu du vocabulaire des soixante-huitards).
Rencontrer le maître Osho m’a permis de lever les voiles pour une aventure dont les rivages demeurent encore aujourd’hui très mystérieux.
Pour ce saut dans l’inconnu, aucune issue de secours. Nul ne peut s’y balader en touriste. La plongée se doit d’être totale. Pour moi, elle fut abyssale. 12 années dans l’école des mystères auprès du maître.
Selon lui, tout processus méditatif doit s’accompagner d’un nettoyage intérieur. Ce fut la découverte des méditations actives, dont la célèbre méditation dynamique qui possède une incroyable puissance cathartique.
Pas moyen d’esquiver. Des mois durant, je la pratique dès l’aurore et le grand nettoyage commence. L’insatisfaction cède peu à peu la place à un état d’acceptation du monde tel qu’il est.
Dans les communautés d'Osho, il y avait de nombreux départements et thématiques, dans quoi as-tu mis ton énergie, qu'est-ce qui t’a parlé particulièrement ?
Je n’ai rien choisi, c’est la vie elle-même qui m’a mise là où j’avais certainement ma place. Évoquer cette période de ma vie me remplit de gratitude. Il se trouve que Waduda, une des thérapeutes de la commune me sollicita pour assurer la traduction au sein de ses groupes. « Sciences Ésotériques ». C’était « la grande prêtresse » de l’univers des chakras, de lecture de l’aura, des vies antérieures. Immersion totale dans les énergies dites subtiles. Nous formions un groupe expérimental. « Chakra Breathing » et
« Darkness Méditation » sont nées de cette expérience.
Il faut imaginer ce qu’étaient nos journées : 6 heures du matin, méditation dynamique, suivie de la traduction dans le groupe, travail d’une rare intensité. Le soir venu, la vraie raison de ma présence en Inde : la rencontre avec Osho. La grâce de ressentir au-delà des mots, l’essence même de sa vision. Après cela, retour dans le groupe. Cela a duré des semaines, jusqu’à ce que ces deux méditations trouvent leur forme actuelle.
Un jour, il m’est demandé de m’occuper de la maison d’Osho. Et puis, Gopal m’invitera à devenir son assistante dans ses groupes. C’est à ses côtés que j’ai été formée à transmettre les méditations actives dans leur forme originelle et authentique.
Au bout du compte, il me semble que je n’ai rien choisi. Le flux naturel de la vie a fait les choses.
En regardant ton cheminement autour de la méditation et de la guérison, qu'as-tu été amenée à abandonner, ou, dit autrement, qu'as-tu finalement gagné ?
Une joie sans cause, celle dont parlent les initiés. Un art de vivre. Et certainement, une sensibilité particulière à l’invisible, que seul notre cœur peut entendre et ressentir. Certain nomment cet état médiumnité, je le définirais plutôt comme notre conscience captant des informations se situant sur d’autres niveaux vibratoires.
Il y a toujours eu plus de femmes que d'hommes dans les centres Osho. Comment expliquer que les femmes sont plus attirées par la spiritualité contemporaine enseignée par Osho ?
Il y a toujours eu un nombre plus grand de femmes dans les groupes de développement personnel, Est-ce dû à la condition de la femme ? Les hommes ont peut-être plus de difficultés à parler d’eux et à se remettre en question. C’est un fait, et non un jugement !
Le statut de l’homme est profondément remis en question. C’est un total bouleversement. Ils sont probablement les premiers à en souffrir. Trouver sa place entre « machos » et « ultra-sensible » est un réel défi. C’est un sujet qui mériterait d’être plus longuement développé. Je constate néanmoins que beaucoup s’engagent dans un magnifique processus de transformation intérieure. Tout le monde y gagne : femmes et hommes, ensemble, pour une nouvelle vision du couple.
Pourquoi ce nom : « De la guerrière à la femme sage » ?
Il y a quelques années, j’ai fait un rêve visionnaire très impressionnant. Une immense armée de femmes se tenait prête à attaquer. Les guerrières étaient toutes vêtues d’armures, tenant de redoutables armes. Une femme d’un très grand âge apparait alors, les exhortant à déposer les armes. Une forme de la Déesse Mère ? Elle ressemblait à la Sage d’une ancienne légende de mon enfance. Les guerrières déposent les armes dans un fracas indescriptible et apparaissent alors dans toute leur beauté, retrouvant le chemin du cœur et de l’amour. L’idée du nom de ce groupe est née de ce rêve. Pour nous, il est temps d’en finir avec la lutte et de redécouvrir les qualités inhérentes du féminin sacré. Dans ce groupe, les conditions sont réunies pour une ré-émergence de la mémoire d’un temps où nous étions libres. Je me sers d’outils supers puissants dans un cadre intime et bienveillant.
Osho dit qu'avec le Mouvement de libération des femmes (amorcé en 1970), les femmes sont devenues des "hommes de seconde main" (Second hand men). La femme devrait suivre sa nature profonde qui est différente de celle de l'homme. Peux-tu nous parler de ta compréhension du pouvoir du féminin qui semble différent du pouvoir masculin ?
Le pouvoir des femmes est à réinventer, ou plutôt à redécouvrir. Depuis la nuit des temps, la femme est la gardienne du feu. Nous avons perdu ce savoir sacré et ancestral sous des siècles de domination masculine. La femme a oublié le pouvoir qu’elle détient. Elle donne la vie, mais elle en est d’abord la gardienne. Il faut qu’elle retrouve son aspect sauvage, dans le sens noble du terme. Qu’elle réapprenne les cycles naturels en lien avec la lune. Sinon, elle le fait payer chèrement aux hommes. Cette vision devrait être enseigné dès l’enfance, bien loin des clichés papier glacé des magazines.
Tu es aussi mère (d'une jeune femme qui vit maintenant sa vie...), qu'est-ce que cela t'a apporté et en quoi la méditation et les enseignements d'Osho t'ont aidé à vivre pleinement cette expérience ?
J’ai entendu Osho dire que la plus haute fonction pour une femme est d’élever ses enfants. Dans ma compréhension d’alors, c’était très restrictif, comme s’il fallait confiner la femme à la maternité. J’avais trop de choses à vivre dans la commune pour songer à mettre un enfant au monde. J’ai compris ce qu’il voulait dire lorsque ma fille est née, j’avais 41 ans. La confier à d’autres me semblait impossible. Un monde de compétions dès la petite enfance : pas question ! J’ai fait le choix de rester à la maison et de lui transmettre les valeurs qui me semblaient essentielles. Elle a très vite compris que sa maman était un peu différente des autres. Est-ce que ce fut une chance ? C’est à elle de le dire.
Ton stage aura lieu au centre de méditation Osho en Ariège...as-tu un dernier petit message pour les lectrices de Meditationfrance qui te lisent ou qui te connaissent déjà ?
Cet évènement aura lieu à l’équinoxe d’automne, un moment idéal pour renouer avec notre essence et tisser un lien sacré avec la nature. Nous avons tout à partager : rires, larmes, danses, méditations actives, rituels magiques…
Il est dit que les femmes sont plus présentes dans la quête spirituelle, mais beaucoup moins nombreuse à l’arrivée. Peut-être sont-elles simplement plus silencieuses.
À nous de faire entendre notre voix, en mode pacifique, pour une meilleure humanité.
Plus de détails sur ce stage De la Guerrière à la Femme Sage les 21 et 22 septembre 2024 :
https://oshofrance.com/evenements/de-la-guerriere-a-la-femme-sage/
Pour tous renseignements : Tél. 06 98 35 82 25 - anutosha8@gmail.com
Site web : www.patricia-menetrey.com
Interview réalisée par Emmanuel Moulin pour Meditationfrance