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Retraite de méditation Vipassana
Interview de Dominique Vincent et Leela Berchot
Vous proposez une retraite Vipassana de dix jours (il est aussi possible de venir trois jours) en novembre 2024, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous vous lancez dans une telle aventure ?
Dominique : Pour offrir aux participants quelque chose de rare et de précieux, un temps de retraite silencieuse dans un climat de bienveillance et de joie profonde. Je constate ce besoin, qu’il soit pleinement conscient ou latent, chez tant de personnes que je rencontre : aller au cœur de notre être là où nous sommes en contact avec notre essence, paix, bonheur, amour. Quel défi de demeurer au centre du cyclone dans ce monde en devenir, dans ce monde secoué par tant de vents et marées !
Leela : L'envie de proposer une retraite plus longue a mûri depuis plusieurs années, et cette envie se renforce à chaque fois qu'une retraite Vipassana de trois jours s'achève. Car c'est après trois jours, plus ou moins, que les résistances du corps et du mental cèdent, que l'observation s'installe et que beaucoup de choses deviennent fluides et claires. On aurait voulu continuer, mais c’est le moment de rentrer dans l’agitation du quotidien… Aussi quand Dominique a partagé avec moi son rêve d’organiser une retraite Vipassana de dix jours en France, je n’ai pas hésité un seul moment pour le joindre dans cette aventure.
Pouvez-vous nous donner les grandes lignes de cette retraite ?
D- Vipassana signifie vivre en pleine conscience de tout ce qui survient, en percevoir l’aspect continuellement fluctuant et transitoire, trouver ce centre qui permet de tout vivre à fond sans se cramponner ou sans refuser quoi que ce soit. Les séances d’assise forment le cœur du processus. D’autres méditations qui permettent au corps de bouger et aux émotions de circuler seront proposées pour faciliter, bonifier, la pratique des assises.
L- La technique de base de la retraite, c’est la méditation Vipassana - la vision profonde - créée par Bouddha il y a plus de 2500 ans. Ainsi, l’assise et la marche Vipassana sont le fondement de la retraite. Les piliers qui vont nous soutenir tout le long de ces dix jours sont les méditations actives d’Osho - des techniques spécialement conçues pour nous aider à évacuer le stress accumulé, les émotions refoulées - techniques qui préparent le terrain pour que la fleur de la méditation puisse éclore en temps voulu.
Vous parlez d'une retraite néo-Vipassana, inspirée par Bouddha et Osho. Quelle est la différence avec une retraite bouddhiste plus traditionnelle et ce que propose Osho ?
D- La saveur ! Vipassana a été offerte au monde par Bouddha il y a vingt-cinq siècles dans un milieu d’ascètes et elle a toujours gardé un parfum de rigueur ascétique. Cela peut d’ailleurs plaire à certains dont à moi-même. Il restera toujours un aspect rigoureux dans cette pratique qui demande une véritable décision, une grande implication, un engagement total. On ne peut pratiquer Vipassana à moitié ! Chaque enseignant qui a dispensé Vipassana y a ajouté son parfum spécifique et ce n’est pas la même chose de pratiquer cette méthode dans un monastère tibétain, dans un centre de méditation « Goenka » ou dans des groupes qui se réclament d’Osho.
A la suite d’Osho, on peut vraiment parler de Néo-Vipassana parce qu’il apporte quelque chose de nouveau, presqu’un point de rupture. Il a comme transgressé un tabou par rapport aux émotions. Traditionnellement les Bouddhistes considèrent que les émotions se transforment en s’en désidentifiant, en les regardants apparaître, occuper le champ de la conscience, puis s’estomper et disparaître comme des nuages dans le ciel. Peu à peu grâce à cette position de témoin, les émotions vont s’apaiser et le pratiquant va trouver la paix intérieure. Et c’est, selon eux, dans l’immobilité de la posture que cette transformation s’opère.
Osho part d’un point de vue différent : il est nécessaire, surtout pour les hommes d’aujourd’hui, qui vivent très différemment d’il y a plusieurs milliers d’années, de vivre leurs émotions et de libérer leurs répressions. Vipassana et les méthodes traditionnelles peuvent renforcer les occultations et conduire de nombreux pratiquants vers des troubles psychologiques graves. C’est pour ces raisons qu’Osho a vivement conseillé des méthodes de méditation qui intègrent la danse et la catharsis émotionnelle en tant que préliminaires à la pratique de Vipassana. Il a intégré ses méthodes actives au sein même des retraites Vipassana de dix jours, de trois semaines ou plus. Dans l’approche Néo-Vipassana, le corps est pris en compte, les émotions se libèrent et le résultat est une immense et contagieuse joie de vivre.
En dernier recours, l’important, c’est la pratique et chacun est responsable de trouver le milieu et l’approche qui correspondent à ses besoins, dans lesquels il se sent bien, profondément contenté, nourri, transformé.
L- Vipassana, dans la vision d’Osho, est une expérience savoureuse, elle n’est pas aride.
C’est cette vision de vipassana que je voudrais partager - où le corps et ses besoins sont respectés - des chaises ordinaires seront proposées pour les assises, il y aura trois repas par jour… Et le mental doit être aussi respecté - c’est un mécanisme merveilleux quand il est notre serviteur. Le problème est qu’il a usurpé la place du maître et nous devons la lui réclamer avec bienveillance et persévérance !
La méthode traditionnelle Vipassana avait été créée pour un autre type d’être humain. Les gens d’aujourd’hui ne sont plus capables de simplement s’asseoir et de rester en silence – leur mental ne le leur permet pas ! Aussi les méditations actives d’Osho sont indispensables pour une retraite Zazen ou Vipassana.
Il existe déjà tellement de festivals spirituels, de stages de méditation et de développement personnel ! A quels besoins spécifiques pensez-vous répondre avec cette retraite Vipassana ?
D- Nous nous insérons dans ce vaste champ du développement personnel et des nouvelles formes de spiritualités paradoxalement bien ancrées dans des traditions anciennes. Ce que nous apportons de spécifique, c’est probablement le mariage entre profondeur, recherche de sens, et libération et joie de vivre.
L- Une retraite Vipassana en silence est différente de la plupart des stages de développement personnel et des festivals spirituels car, à mon avis, une retraite Vipassana c’est le non-développement personnel. On simplifie, tout est réduit au rythme de la respiration. Beaucoup de choses, qui ne nous appartenaient pas et que l’on portrait dans notre coeur pendant des années, nous quittent à la fin de la retraite, parce que nous avons eu le temps de voir leur futilité. C'est un temps consacré à la connaissance de soi, en silence, même sans lire, car la lecture d'un livre n'est-elle pas aussi un dialogue où l’on s’oublie ?
Cette retraite s'adresse à toutes celles et ceux qui sont déçus par les cours de développement personnel, ainsi que ceux qui ont un appel impérieux à vivre cette expérience.
J'ai entendu le maître Osho dire que cette méditation Vipassana est celle qui a amené le plus de personnes à s'éveiller ? Comment l'expliquez-vous ?
D- C’est la plus totale, la plus intense et la plus épurée. Vipassana, dit-il, est l’essence même de toutes les méditations, être le témoin au centre des tourbillons de la vie sans se laisser emporter dans la périphérie, accepter de tout vivre dans la conscience et dans l’amour.
L- C’est ainsi que cela devrait être. Chaque technique de méditation est comme une enveloppe, chacune avec un parfum différent, mais la technique nous ramène progressivement, inexorablement au centre, à Vipassana, à l'état de témoin, de conscience. À partir de là, il n'y a qu'un petit pas et, comme l’affirment les éveillées, nous nous éveillerons nous aussi.
Est-ce que cette retraite est adaptée à tous ? Que proposez-vous pour ceux qui rencontreraient des difficultés au cours de leur pratique ?
D- Nous avons tous tellement besoin de présence, d’écoute bienveillante et sans jugement. Au cours d’une telle retraite beaucoup d’émotions occultées, de peur, de colère peuvent revenir à la surface justement parce que la personne se trouve en face d’elle-même sans les distractions habituelles, smartphone, travail, rencontres. Pratiquement, tout le monde rencontre des difficultés dans le processus. C’est normal et guérissant si, au moment opportun, quelqu’un est là pour écouter, aider à comprendre et à accepter ce qui se passe, pour encourager.
Où aura lieu cette retraite, je crois que vous avez eu un coup de coeur pour un centre ?
D- Un paradis de verdure dans un petit cirque montagneux des Pyrénées Ariégeoise, loin de toute l’agitation de la vie moderne, une équipe chaleureuse et bienveillante et à des prix très raisonnables. Que rêver de plus ?
J'ai constaté en vous parlant que vous mettiez beaucoup d'attention sur plein de petits détails, y compris la qualité des repas végétariens, le confort de la salle de méditation et des chambres. Donc si je comprends bien, ce n'est pas une retraite de méditation ascétique et l'idée serait qu'on peut vraiment prendre plaisir à méditer ?
D- Je ne crois pas qu’on puisse se faire du bien en se faisant mal. Plaisir et bien-être sont tout autant porteur de conscience que les aspects douloureux de la vie. Le défi est de mettre de la conscience dans tout ce qui survient et c’est beaucoup plus facile quand le corps est en santé et dans un milieu où il est bien traité. Le corps est le temple.
Vous êtes passionnés par la méditation Vipassana. Leela, tu as animé, entre autres, de nombreux stages de Vipassana en Angleterre et en Ariège. Dominique, tu as complété deux retraites Vipassana de trois semaines dont une en isolation. Tu guides régulièrement des séminaires de méditations variées depuis ta rencontre avec Osho en 1979. Auriez-vous un petit message amical pour les lecteurs de Meditationfrance qui hésitent à faire une retraite si longue ?
D- A première vue dix jours ça peut paraître long. Ce sera possiblement perçu comme tel par certains participants s’ils ne sont pas prêts. C’est une question de timing. D’abord vivez à fond vos émotions, donnez-leur de la place, transformez-les grâce aux méditations actives d’Osho. Plus vous êtes jeunes, plus vous êtes tendus, ankylosés, paralysés, sous le choc de ce qui arrive dans le monde, plus vous avez besoin de bouger, de chanter, de danser. Un moment vient où un autre besoin, une autre aspiration se fait jour, l’aspiration au silence, à la paix, à la compassion… L’heure de Vipassana a sonné ! Attention, vous pourriez en devenir addict. Pour moi, je ne peux plus m’en passer.
La pratique de Vipassana vous prépare à recevoir un grand cadeau, une véritable nouvelle naissance. Vous découvrez peu à peu ce que c’est que de vivre aligné en votre centre et non pas secoué dans le manège incessant de vos pensées. Sentiments de libération, de liberté, de spontanéité ! Entendez l’appel ! Bienvenue…
L- Je voudrais partager les mots de Shunyo, une des personnes qui a vécu plusieurs années toute proche d’Osho, qui résonnent encore à l’intérieur : « À la fin de notre vie, il ne nous restera que la respiration, tout le reste va nous quitter. » Cela vaut la peine d’apprendre à l’observer bien avant que ce moment n’arrive !
Retraite de méditation VIPASSANA du 8 au 17 novembre 2024 (ou seulement 3 jours du 8 au 11 novembre),
infos : https://oshofrance.com/fr/events/vipassana-silent-meditation-retreat/
Interview réalisée par Emmanuel Moulin pour Meditationfrance