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Pourquoi la critique est le plus grand des cadeaux

par Zen quotidien

Un des effets secondaires étrange de notre paysage culturel hyper tolérant post-moderne est ce que j'aime appeler le «relativisme qualitatif». C’est la conviction que tous les chemins sont égaux, que chaque personne est identique, que nous ne devrions pas nous juger ni juger les autres en fonction de ce que nous faisons, de qui nous sommes ou de la façon dont nous sommes différents naturellement.

D'un côté positif, cela a conduit à une culture d'acceptation et de diversité; les gens sont injustement punis pour des choses qu’ils ne peuvent pas contrôler. Mais cela a également conduit à une culture de l'illusion; nous savons que chaque «cure» a des effets secondaires. L’effet secondaire de l’ouverture d’esprit a été une méconnaissance massive du but et de la valeur de l’ouverture d’esprit elle-même.

Reconnaître les différences objectives entre les individus, c'est pénétrer la vérité; cette reconnaissance n'est nuisible que lorsqu'elle nous conduit à gêner ou blesser les autres en fonction de leurs différences. Mais comme le savent tous les athlètes, organisateurs communautaires ou propriétaires d’entreprise, la force collective provient d’un groupe de personnes qui savent à quoi elles appartiennent, ce en quoi elles sont bonnes et surtout ce en quoi elles ne sont pas bonnes. Chaque personne a sa place, mais seulement si l’individu et les équipes dont ils font partie sont complètement transparents quant à leurs forces, leurs faiblesses, leur type de personnalité et l'endroit où ils s'intègrent le mieux.

D'après mon expérience, ma conclusion fait écho au Tao Te Ching:

La personne qui croit qu’elle s’intègre partout ne s’intègre nulle part; la personne qui refuse de reconnaître ses faiblesses ne peut jamais accéder pleinement à ses forces.

La conviction que la vie s'organisera comme par magie autour de notre individualisme est aussi ridicule que de penser que l'automobile ou les antibiotiques vont s'inventer eux-mêmes; ce sont des dons uniquement humains qui nécessitent notre effort et notre intelligence pour être concrétisés.

Pour cette raison, je pense que l'impulsion la plus destructrice de notre époque est la sensibilité excessive à la critique.
Si nous ne pouvons pas nous confronter à ce que nous aspirons, à la différence des autres, comment pouvons-nous nous attendre à ce que les autres nous aident à nous développer nous-mêmes (et vice-versa)?

Nos caractères ne sont pas des qualités seulement en surface. Ils ont évolué à partir de notre expérience de la manière dont les espèces évoluent hors de la Terre, bien que sur une période plus courte. Nous vivons une expérience à la fois contrôlée et incontrôlée, adaptée au mouvement du temps. Les choses se passent, nous réagissons. Nous agissons, le monde réagit. La soupe de qui nous sommes bouillonne toujours, changeant toujours légèrement. Ce qui nous apporte la paix intérieure, le bonheur et la force de résoudre des problèmes, cohabite avec ce qui nous apporte peine, souffrance et faiblesse. Pour comprendre et tirer le meilleur parti de l’un, nous devons comprendre et accepter l’autre.

La marque de chaque personne heureuse que je connais est un manque de sensibilité à leurs propres faiblesses et une ouverture à la critique.
La connaissance de vos propres lacunes est comme n'importe quel autre type de connaissance; vous devez prendre la décision de l'acquérir. Si vous n’associez que des personnes qui vous flatteront, vous stagnerez. Si vous ne discutez jamais avec vous-même de votre honnête dégringolade au sujet de votre échec, de ce que vous avez fait et de ce que vous pouvez changer, vous continuerez à faire les mêmes erreurs.

Voici quelques méthodes que j'apprécie pour cultiver cette honnêteté personnelle:

- Méditation : une compréhension plus naturelle de soi a tendance à émerger même si nous n’essayons pas de l’évoquer

- Investigation : réfléchissez à vos faux pas et à vos réalisations; réfléchissez à tout. Une fois que cette impulsion devient suffisamment autonome, vous arrêtez de vous censurer. Et une fois que vous arrêtez de censurer, les bonnes choses émergent.

- Les bons amis : entourez-vous de gens honnêtes et directs, pas de flatteurs. Les premiers vous aideront à vous épanouir et à devenir ce que vous pouvez être; les derniers vous éviteront toute opportunité de croissance et vous encourageront à vous perdre dans leur propre illusion.

- Écoute consciente : lorsque quelqu'un vous fait des commentaires, vous dispute ou vous critique, écoutez comme si vous étiez une tierce partie neutre. Ne soyez pas émotif. Ne soyez pas sensible. Ecouter les mots et essayez de les comprendre. Nous sommes souvent tellement bouleversés par les critiques que nous oublions de les écouter ; oui parfois c’est de la foutaise, mais d’autres fois c’est une information très honnête sur nous-mêmes que nous pouvons obtenir. Les commentaires sont toujours précieux.

La culture de la sensibilité émerge d'un faux pas logique profond; les idéalistes veulent que le monde soit quelque chose qu’il n’est pas, et ils prétendent donc que c’est autre chose.
Si nous adaptons cette logique à l'individu, cela explique l'atmosphère générale d'hypersensibilité. Nous voulons que nous soyons quelque chose que nous ne sommes pas, alors nous prétendons être quelque chose d’autre. Nous refusons de collecter des informations et des commentaires sur qui nous sommes vraiment, et agissons à la place de quelqu'un d'autre, sans jamais grandir, jamais changer. Ce n'est pas une façon de vivre! C'est littéralement un déni de vie.

Vous ne pouvez pas changer de nature, mais vous changez toujours. Vous n'arrêtez pas de grandir.
Alors pourquoi ne pas contribuer activement à ce processus de croissance? Obtenez le plus de critiques possible, de retours d’informations et de connaissances sur vos forces objectives et vos faiblesses. Prenez des risques en connaissance de cause, échouez, apprenez de ces échecs et réalignez-vous. Apprenez d'eux et revenez à vos pensées et à vos actions avec une conscience accrue et plus nuancée. Au fil du temps, vous pourrez évoluer vers une version plus grande de vous-même et également comprendre comment les qualités uniques des autres se mêlent aux vôtres pour créer du dynamisme et de la force d’équipe.

Le processus ne se termine jamais ; apprenez à aimer le processus.

Zen quotidien