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Keith Jarrett
Keith Jarrett est un musicien exceptionnel (jazz et musique classique ) qui a été influencé par le maître spirituel Georges Gurdjieff. Il a vendu plus de trois millions d’albums du Köln concert.
Il a commencé à jouer du piano dès l'âge de trois ans et se révèle "enfant prodige"et il commence très rapidement à réaliser ses propres compositions et dès l'âge de six ans il présente son premier récital. D'ailleurs il ne faudrait pas mettre de guillemets au terme enfant prodige car son QI mesuré à l'âge de six ans confirme son intelligence exceptionnelle( il sauta deux classes).
Keith Jarrett étudie la musique classique et la composition pendant son enfance et son adolescence. Dès l'âge de 12 ans il lui arrive de jouer professionnellement.
Très rapidement Keith Jarrett s'intéresse au jazz et se révèle d'ailleurs aussi un excellent joueur de saxophone ! Il lui arrive aussi de jouer de la batterie et de la guitare.
C'est en 1972 que Keith Jarrett commence sa série de concerts improvisés... dont le très célèbre concert à Köln.
C'est à cet époque (en 1977)qu'il constitue aussi le célèbre trio avec Gary Peacock (contrebassiste) et Jack Dejohnette(batteur).
Dans les années 80 Keith Jarreth revient à la musique classique (Bach,Mozart...) sans pour autant abandonné le jazz et son trio.
Depuis 1996 malgré une maladie l'obligeant dit-on à s'absenter parfois de la scéne (ce qui ne l'a pas empêché de faire notamment ce fabuleux concert à La Scala), il poursuit ses compositions avec autant de brio.
En Mai 2005, à l'occasion de son soixantième anniversaire, vient de sortir un splendide double album : Radiance et en 2006 le DVD de son concert intégral enregistré au Metropolitan Festival HAll de Tokyo en 2002.
L’enseignant spirituel Gurdjieff fait partie de la vie de Keith Jarrett au point que le pianiste lui a dédié un disque, Sacred Hymns. Dans sa bibliothèque, il a tous les écrits de Georges Gurdjieff, Gurdjieff enseignait que l'homme «ordinaire» est un être endormi et que seul un travail de méditation lui permet d'atteindre un certain niveau de conscience. Et ceux qui ont rencontré Keith Jarrett disent qu’il est surprenant. Il déclare : «La conscience, c'est ce qui donne vie à la musique» !
Il joue de manière totalement improvisé allant du classique à la musique contemporaine, du flamenco au jazz et au blues.
A un journaliste qui vient le voir pour l’interviewer, il demande :
- Je vois des dizaines de pages de questions dans vos mains... Vous allez me les lire?
- Non... C'est juste un canevas.
- Bon, parce qu'autrement je vais vous répondre par écrit.
- Je dois donc improviser?
- Vous avez bien vu ce qui est marqué sur l'affiche accrochée au chêne dans mon jardin: «Wild life crossing the road (La vie sauvage traverse le chemin)».
- C'est votre manifeste: l'improvisation...
- Oui. C'est la seule façon d'être présent et fidèle à soi-même.
- Au milieu des années 1960, Miles Davis venait écouter tous vos concerts. Un soir, au club Caméléon, à Saint-Germain-des-Prés, il vous a demandé: «Comment fais-tu? Comment peux-tu jouer à partir de rien ?»
- Je m'en souviens très bien. Je lui ai répondu que je ne savais pas. Mais, en réalité, la question qui se pose est plutôt de savoir si un musicien conçoit le «rien» comme un «manque de quelque chose» ou comme «un plein» qui surgit spontanément. Quand je me suis assis au piano, lors de ces deux concerts au Japon, je n'avais aucune idée de ce que j'allais jouer. Pas de première note, pas de thème. Le vide. J'ai totalement improvisé, du début à la fin, suivant un processus intuitif. Une note engendrait une deuxième note, un accord m'entraînait sur une planète harmonique qui évoluait constamment. Je me déplaçais dans la mélodie, les dynamiques et les univers stylistiques, pas à pas, sans savoir ce qui se passerait dans la seconde suivante. Mais la musique ne naît jamais de la musique; ce serait comme dire qu'un enfant naît d'un enfant. Rien ne se crée à partir du rien. La musique est l'aboutissement d'années de travail et d'écoute, et cela est plus évident encore quand la création est faite dans l'instant.
- La légende veut que vous ne prépariez jamais vos concerts...
- Pour la première fois de ma vie, avant mes prestations au Japon, j'ai étudié pendant des mois. Le concert de Cologne, qui, à l'époque, avait été pour moi un acte de liberté, était devenu ma cage. J'ai dû le tuer. En musique, on construit des monuments d'architecture pour, ensuite, les abattre. C'est ainsi qu'on avance. Donc, avant ces deux concerts, j'ai voulu me défaire de mes stéréotypes. Je me mettais au piano en étant conscient de ce que je ne voulais plus entendre, mais sans savoir encore ce que je voulais entendre. Cela a pris des mois: je revenais toujours à mes vieux clichés. Dès que j'en entendais un arriver, je m'arrêtais... et recommençais. L'exercice a été épuisant. Mais il m'a permis de découvrir quelque chose d'extraordinaire !
(interview extrait de Keith Jarrett Le magicien par Paola Genone)
Pour plus d’infos : www.keithjarrett.org