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Zen est juste Zen
par Osho
"L'avenir de l'humanité se rapprochera de plus en plus de l'approche du Zen, car la rencontre de l'Orient et de l'Occident n'est possible qu'à travers quelque chose comme le Zen, qui est terrestre et pourtant spirituel."
Anecdote zen :
En montant sur le grand siège, Dogen Zenji a dit :
"Le maître zen Hogen a étudié avec Keishin Zenji.
Une fois, Keishin Zenji lui a demandé : 'Hogen, où vas-tu ?'
Hogen a dit. 'Je fais un pèlerinage sans but.'
Keishin a dit : 'Quel est le sujet de ton pèlerinage ?'
Hogen a dit: 'Je ne sais pas.'
Keishin a déclaré: "Ne pas savoir est le plus intime.'
Hogen a soudainement atteint une grande illumination."
Zen est juste Zen. Il n'y a rien de comparable. C'est unique, unique dans le sens où c'est le phénomène le plus ordinaire et pourtant le plus extraordinaire qui soit arrivé à la conscience humaine. C'est le plus ordinaire parce qu'il ne croit pas à la connaissance, il ne croit pas à l'esprit. Ce n'est pas une philosophie, ni une religion. C'est l'acceptation de l'existence ordinaire avec un cœur total, avec un être total, sans désirer un autre monde, supra-mondain, supra-mental. Il ne s'intéresse à aucune absurdité ésotérique, aucun intérêt à la métaphysique. Il n'aspire pas à l'autre rive ; cette rive est plus que suffisante. Son acceptation de cette rive est si formidable qu'à travers cette acceptation même, elle transforme cette rive, et cette rive même devient l'autre rive :
Ce corps même est le bouddha ;
Cette terre même est le paradis du lotus.
Il est donc ordinaire. Il ne veut pas que vous créiez un certain type de spiritualité, un certain type de sainteté. Tout ce qu'il demande, c'est que vous viviez votre vie avec immédiateté, spontanéité. Et puis le banal devient le sacré.
Le grand miracle du Zen réside dans la transformation du banal en sacré. Et c'est vraiment extraordinaire parce que cette façon de vivre n'a jamais été abordée auparavant, cette façon de vivre n'a jamais été respectée auparavant.
Appeler Zen "bouddhisme zen" n'est pas juste parce que c'est bien plus. Bouddha n'est pas aussi terrestre que le Zen. Lao Tseu est terriblement terrestre, mais le Zen n'est pas seulement terrestre : sa vision transforme la terre en ciel. Lao Tseu est terrestre, Bouddha est spirituel, Zen est les deux, et en étant les deux, il est devenu le phénomène le plus extraordinaire.
L'avenir de l'humanité se rapprochera de plus en plus de l'approche du Zen, car la rencontre de l'Orient et de l'Occident n'est possible qu'à travers quelque chose comme le Zen, qui est terrestre et pourtant spirituel. L'Occident est très terrestre, l'Orient est très spirituel. Qui va devenir le pont ? Bouddha ne peut pas être le pont ; il est donc essentiellement oriental, la saveur même de l'Orient, le parfum même de l'Orient, sans compromis. Lao Tseu ne peut pas être le pont ; il est trop terrestre. La Chine a toujours été très terrestre. La Chine fait plus partie de la psyché occidentale que de la psyché orientale.
Ce n'est pas un hasard si la Chine est le premier pays d'Orient à devenir communiste, à devenir matérialiste, à croire en une philosophie athée, à croire que l'homme n'est que matière et rien d'autre. Ce n'est pas seulement accidentel. La Chine est terrestre depuis près de cinq mille ans ; c'est très occidental. Lao Tseu ne peut donc pas devenir le pont ; il ressemble plus à Zorba le Grec. Bouddha est si spirituel que vous ne pouvez même pas l'attraper, comment peut-il devenir le pont ?
Quand je regarde tout autour, le Zen semble être la seule possibilité, car dans le Zen, Bouddha et Lao Teu sont devenus un. La rencontre a déjà eu lieu. La graine est là, la graine de ce grand pont qui peut unir l'Orient et l'Occident. Zen va être le point de rencontre. Il a un grand avenir, un grand passé et un grand avenir.
Et le miracle est que le Zen ne s'intéresse ni au passé ni au futur. Tout son intérêt est dans le présent. C'est peut-être pour cela que le miracle est possible, car le passé et l'avenir sont reliés par le présent.
Le Zen va au-delà de Bouddha et au-delà de Lao Tseu. C'est un aboutissement, une transcendance, à la fois du génie indien et du génie chinois. Le génie indien a atteint son apogée avec Gautam le Bouddha et le génie chinois a atteint son apogée avec Lao Tseu. Et la rencontre… l'essence de l'enseignement de Bouddha et l'essence de l'enseignement de Lao Tseu fusionnèrent en un seul courant si profondément qu'aucune séparation n'est possible maintenant. Même pour faire une distinction entre ce qui appartient à Bouddha et ce qui appartient à Lao Tseu est impossible, la fusion a été si totale. Ce n'est pas seulement une synthèse, c'est une intégration. De cette rencontre est né le Zen. Le Zen n'est ni bouddhiste ni taoïste et pourtant il est les deux.
Le présent ne fait pas partie du temps. Y-as-tu déjà pensé? Combien de temps dure le présent ? Le passé a une durée, le futur a une durée. Quelle est la durée du présent ? Combien de temps cela dure-t-il? Entre le passé et le futur pouvez-vous mesurer le présent ? C'est incommensurable; il n'existe presque pas. Ce n'est pas du tout le temps : c'est la pénétration de l'éternité dans le temps.
Et Zen vit dans le présent. Tout son enseignement est : comment être dans le présent, comment sortir du passé qui n'est plus et comment ne pas s'impliquer dans le futur qui n'est pas encore, et juste s'enraciner, se centrer, dans ce qui est.
Toute l'approche du Zen est dans l'immédiat, et à cause de cela, il peut faire le pont entre le passé et le futur. Il peut relier beaucoup de choses : il peut relier le passé et l'avenir, il peut relier l'Est et l'Ouest, il peut relier le corps et l'âme. Il peut relier les mondes infranchissables : ce monde et celui-là, le banal et le sacré.
Avant de rentrer dans cette petite anecdote il est bon de comprendre quelques petites choses. La première : les Maîtres ne disent pas la vérité. Même s'ils le veulent, ils ne le peuvent pas ; c'est impossible. Quelle est alors leur fonction ? Qu'est-ce qu'ils continuent à faire ? Ils ne peuvent pas dire la vérité, mais ils peuvent faire jaillir la vérité qui sommeille profondément en vous. Ils peuvent la provoquer, ils peuvent la défier. Ils peuvent vous secouer, ils peuvent vous réveiller. Ils ne peuvent pas vous donner Dieu, la vérité, le nirvana, parce qu'en premier lieu vous avez déjà tout cela avec vous. Vous êtes né avec. C'est inné, c'est intrinsèque. C'est votre nature même. Ainsi, quiconque prétend vous dire la vérité exploite simplement votre stupidité, votre crédulité. Il est rusé et complètement ignorant aussi. Il ne sait rien, même pas un petit aperçu de la vérité. C'est un pseudo-maître.
La vérité ne peut pas être donnée ; elle est déjà en toi. Elle peut être invoquée, elle peut être provoquée. Un contexte peut être créé, un certain espace peut être créé dans lequel la vérité monte en toi et ne s'endort plus, elle s'éveille.
La fonction du Maître est bien plus complexe que vous ne le pensez. Cela aurait été beaucoup plus facile, plus simple, si la vérité pouvait être transmise. Elle ne peut pas être transmise, il faut donc imaginer des voies et des moyens indirects.
Le Nouveau Testament a la belle histoire de Lazare. Les chrétiens n'en ont pas compris la signification. Jésus Christ est si malheureux, pas un seul théologien chrétien n'a pu découvrir le sens de l'histoire de Lazare, sa mort et sa résurrection.
Lazare meurt. Il est le frère de Marie et de Marthe et un grand dévot de Jésus. Jésus est loin; au moment où il reçoit l'information et l'invitation, "Venez immédiatement", deux jours se sont déjà écoulés, et au moment où il arrive chez Lazare, quatre jours se sont écoulés. Mais Marie et Marthe l'attendent car elles ont confiance que Jésus va venir. Tout le village se moque d'elles. Elles sont stupides aux yeux des autres parce qu'elles gardent le cadavre dans une grotte; elles surveillent jour après jour, en gardant le cadavre. Le cadavre a déjà commencé à puer ; il se dégrade.
Les gens du village disent : "Vous êtes des imbéciles ! Jésus ne peut rien faire. Quand quelqu'un est mort, il est mort !"
Jésus arrive. Il va à la grotte, il n'entre pas dans la grotte, il se tient dehors et appelle Lazare. Les gens se sont rassemblés. Ils doivent penser en riant : "Cet homme doit être fou !"
Quelqu'un lui dit: "Qu'est-ce que tu fais? Il est mort! Il est mort depuis quatre jours. Même entrer dans la grotte est difficile, son corps pue. C'est impossible! Qui appelles-tu ?"
Mais, imperturbable, Jésus crie encore et encore : "Lazare, sors !"
Et la foule va avoir une grande surprise : Lazare sort de la grotte, secoué, choqué, comme s'il sortait d'un grand sommeil, comme s'il était tombé dans le coma. Lui-même ne peut pas croire ce qui s'est passé, pourquoi est-il dans la grotte.
Ce n'est en fait qu'une façon de montrer quelle est la fonction d'un Maître. Que Lazare soit vraiment mort ou non n'est pas la question. Que Jésus ait été capable de ressusciter les morts ou non n'est pas la question. S'impliquer dans ces questions stupides est absurde. Seuls les érudits peuvent être aussi stupides. Aucun homme intelligent ne pensera que c'est quelque chose d'historique. C'est bien plus ! Ce n'est pas un fait, c'est une vérité. Ce n'est pas quelque chose qui arrive dans le temps, c'est quelque chose de plus : quelque chose qui arrive dans l'éternité.
Vous êtes tous morts. Vous êtes tous dans la même situation que Lazare. Vous vivez tous dans vos grottes sombres. Vous puez tous et vous vous détériorez… parce que la mort n'est pas quelque chose qui survient un jour soudainement, vous mourez tous les jours. Depuis le jour de votre naissance, vous êtes entrain de mourir. C'est un long processus; il faut soixante-dix, quatre-vingt, quatre-vingt-dix ans pour le terminer. A chaque instant quelque chose de vous meurt, quelque chose en vous meurt, mais vous ignorez absolument toute la situation. Vous continuez comme si vous étiez vivant ; vous continuez à vivre comme si vous saviez ce qu'est la vie.
La fonction du Maître est d'appeler : "Lazare, sors de la grotte ! Sors de ta tombe ! Sors de ta mort !"
Le Maître ne peut pas vous donner la vérité mais il peut faire jaillir la vérité. Il peut remuer quelque chose en vous. Il peut déclencher un processus en vous qui va allumer un feu, une flamme. Vous êtes la vérité, mais tellement de poussière s'est accumulée autour de vous. La fonction du Maître est négative : il doit vous donner un bain, une douche, pour que la poussière disparaisse.
C'est exactement le sens du baptême chrétien. C'est ce que Jean-Baptiste faisait dans la rivière. Mais les gens continuent à se méprendre. Aujourd'hui aussi le baptême a lieu dans les églises ; c'est vide de sens.
Jean-Baptiste préparait les gens pour un bain intérieur. Quand ils seraient prêts, il les emmènerait symboliquement dans la rivière. Ce n'était que symbolique, tout comme vos vêtements oranges sont symboliques, ce bain dans la rivière était symbolique, symbolique que le Maître peut vous donner un bain. Il peut vous enlever la poussière, la poussière des siècles. Et soudain tout est clair, tout est clarté. Cette clarté est l'illumination.
Le grand Maître Daie dit : "Tous les enseignements des sages, des saints, des maîtres, n'ont rien expliqué de plus que ceci : ce sont des commentaires sur votre soudaine exclamation: 'Ah, ceci !'"
Quand tout à coup vous êtes clair et qu'une grande joie et réjouissance surgissent en vous, et tout votre être, chaque fibre de votre corps, de votre esprit et de votre âme danse, et vous dites : « Ah, ceci ! Alléluia!" un grand cri de joie s'élève dans votre être, c'est l'illumination. Soudainement, des étoiles descendent du ciel. Vous faites partie de la danse éternelle de l'existence.
Auden dit :
Dansez jusqu'à ce que les étoiles descendent du ciel !
Dansez, dansez, dansez jusqu'à ce que vous tombiez !
Oui, cela arrive, ce n'est pas quelque chose que vous devez faire. Même si vous ne voulez pas le faire, ce sera impossible, il vous sera impossible de résister. Il vous faudra danser.
La beauté de ceci, la beauté de maintenant, la joie qu'est l'existence et sa proximité… Oui, les étoiles descendent du ciel. Elles sont si proches que vous pouvez simplement les toucher; vous pouvez les tenir dans vos mains.
Daie a raison. Il dit:
Tous les enseignements que les sages ont exposés ne sont que des commentaires sur votre soudaine exclamation: "Ah, ceci !"
Tout le cœur dit : "Aha !" Et le silence qui suit, et la paix, et la joie, et la rencontre, et la fusion, et l'expérience orgasmique, l'extase… !
Osho
Extrait du livre en anglais "Ah This !" chapter 1)