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La méditation peut se retourner contre vous !

Subhuti Anand

Par Subhuti

Subhuti, l'auteur et journaliste Freelance, spécialisé dans la méditation, explique pourquoi les médias mettent en garde le public contre la pleine conscience (mindfulness).

Lorsque vous commencez à perdre votre identité, cela peut être une bonne ou une mauvaise nouvelle.

Pour les méditants chevronnés comme vous, mes amis, qui êtes en train de lire cet article, cela peut être accueilli comme un pas vers la liberté, une sortie de la prison d'une personnalité rigide. Mais pour ceux qui ne comprennent pas comment fonctionne la méditation, il peut s'agir d'une expérience effrayante et traumatisante. Même lorsque la méditation est diluée, aseptisée et reconditionnée sous le nom de « pleine conscience », elle peut toujours réserver des surprises désagréables.
Les médias mainstream, bien sûr, sont prêts à s'emparer de cet aspect négatif. Après tout, les journalistes ne sont pas de grands méditants. Leur travail consiste à refléter le courant suivi et accepté par la masse, et le grand public est souvent nerveux à l'idée de fermer les yeux et de regarder vers l'intérieur.

Par exemple, un article récent publié par PsyPost, un magazine de psychologie en ligne, avertit ses lecteurs que la méditation de pleine conscience peut « aggraver les problèmes de santé mentale » et même plonger les gens dans la dépression et la psychose.

L'article de PsyPost n'est que l'un des nombreux rapports récents mettant en garde contre de tels effets négatifs.
Est-ce que cet article est choquant ?
En fait, si l'on adopte un point de vue différent, ce qui est peut-être encore plus surprenant, c'est qu'il ait fallu autant de temps pour que la pleine conscience ait mauvaise réputation. Au cours des trois dernières décennies, cette nouvelle approche de la méditation a fait l'objet de critiques toujours positives.

Tout a commencé dans les années 90, lorsque le Dr Jon Kabat-Zinn, médecin à l'université du Massachusetts, a publié un livre intitulé "Où tu vas, tu es : apprendre à méditer pour se libérer du stress et des tensions profondes". Son livre comprenait un guide étape par étape des techniques et des exercices de méditation en pleine conscience. La bonne nouvelle était que ces exercices avaient réussi à aider ses patients à faire face aux problèmes de douleur chronique.

Le succès de ses techniques a attiré une attention croissante, d'abord dans le domaine spécifique de la gestion de la douleur, puis dans d'autres domaines de la médecine et de la guérison, et enfin en tant qu'outil pratique que les gens ordinaires peuvent utiliser pour faire face au stress de la vie quotidienne.

En conséquence, la pleine conscience (Mindfulness) a pris son essor et a rapidement été introduite dans de nombreux domaines de la vie, notamment dans les écoles primaires, les prisons, le sport professionnel, la finance et le parlement britannique, ainsi que dans des émissions télévisées, des magazines, etc.

Le potentiel commercial de la pleine conscience n'a pas tardé à être perçu, des sites en ligne comme headspace.com recueillant des millions d'abonnés en proposant des moyens simples de réduire le stress, de calmer le mental et de passer une bonne nuit de sommeil, le tout pour seulement 9,99 dollars par mois.

Il n'est donc pas étonnant qu'en 2018, le Centre de contrôle et de prévention des maladies aux Etats-Unis ait indiqué que la méditation était la tendance en matière de santé qui connaissait la plus forte croissance aux États-Unis.

Mais qu'est-ce que la pleine conscience ? En quelques mots, on peut la définir comme suit : « La pratique consistant à être conscient de ce qui se passe à l'intérieur de soi et de son environnement extérieur en mettant son attention intentionnellement sur le moment présent, sans jugement. Cela inclut, bien sûr, le fait d'être conscient de ses pensées, de ses émotions et de ses sensations corporelles, en d'autres termes d'être vigilant et présent à soi-même.

Lorsque j'ai lu cette description pour la première fois, je suis restée perplexe. N'était-ce pas un peu comme réinventer la roue ? Gautama le Bouddha n'a-t-il pas développé cette technique il y a 2 500 ans, avec sa méditation Vipassana ? Plus récemment, le professeur de méditation indien S.N. Goenka n'a-t-il pas enseigné cette méthode, d'abord dans son pays, puis dans le monde entier, à partir du début des années soixante-dix ?

méditation

Si c'est le cas, pourquoi tout ce remue-ménage ? Comment la méditation de la pleine conscience est-elle entrée dans les mœurs et devenue à la mode ? Pourquoi l'a-t-on présentée comme une méthode nouvelle et révolutionnaire ?

La réponse se trouve dans l'approche du Dr Kabat-Zinn. Ce formidable docteur a en effet développé sa méthode à partir de sources bouddhistes et hindoues. Mais, conscient que cela pouvait constituer un obstacle à son acceptation par le corps médical, il a dépouillé la méthode de son ancrage spirituel. Elle ne s'appelle plus Vipassana. On lui a donné un nom plus neutre, on l'a replacée dans le contexte de la psychologie moderne et on l'a étayée par des recherches médicales.

Lorsque j'ai commencé à me familiariser avec le voyage de la pleine conscience, cela m'a donné une nouvelle perspective sur les enseignements d'Osho et ses méthodes de méditation active, en particulier sa technique de prédilection, la méditation Dynamique.

Si même une méthode douce comme Vipassana devait être dépouillée de ses racines spirituelles, il est clair que l'enseignant spirituel Osho n'allait jamais attirer le grand public avec une pratique aussi sauvage, surtout si l'on tient compte de sa réputation personnelle de mystique controversé. La pleine conscience s'est donc développée et a prospéré là où les méthodes de méditation précédentes ne l'avaient pas fait, et pendant des années, elle a semblé jouir d'une acceptation inconditionnelle.

Alors pourquoi ce retour de bâton ? Pourquoi il y a maintenant des mises en garde selon lesquelles cette approche de la méditation peut aussi bien nuire que guérir ? À mon avis, les graines du supposé problème ont été semées par le succès même de la méthode. La méditation de la pleine conscience s'est répandue trop loin et trop vite, atteignant des secteurs du public qui ne comprenaient pas ce qu'est réellement la méditation.

Oui, prendre un moment dans une journée bien remplie au bureau pour s'asseoir, mettre l'attention sur sa respiration et observer ses pensées peut aider à soulager le stress créé par le rythme rapide de la vie moderne. Mais cela peut aussi donner lieu à des prises de conscience indésirables et à des expériences d'une profondeur inattendue.

Par exemple, Kate Williams, enseignante en pleine conscience et chercheuse en psychiatrie à l'université de Manchester, a déclaré : « De longues périodes de méditation m'ont parfois fait ressentir une perte d'identité et m'ont laissé un sentiment d'extrême vulnérabilité ».

Si Kate avait lu quelques livres du maître spirituel Osho, elle aurait su que c'est exactement ce que la méditation est censée faire : nous amener à un état de conscience du Soi plus profond où nous pouvons voir que notre identité, notre moi est un phénomène faux et fabriqué.

Leonard Cohen, le chanteur, poète dans l'âme qui était aussi un méditant passionné, l'a exprimé comme suit : « La méditation n'est pas ce que vous pensez ». Vous vous asseyez dans un silence absolu et votre mental commence à passer en revue tous vos films. Au cours de ce processus, vous devenez si familier avec les scénarios que vous gardez dans votre vie que vous finissez par en être malade. » Il poursuit : « Vous réalisez alors que la personne que vous pensez être n'est rien d'autre qu'un scénario compliqué sur lequel vous dépensez la majeure partie de votre énergie. Ce n'est pas vraiment vous. »

Voilà donc le danger qui accompagne la popularisation de la méditation, même lorsqu'elle est aseptisée sous le nom de « mindfulness » (pleine conscience). Elle a le potentiel de vous ébranler jusqu'au plus profond de vous-même, parce que le centre auquel vous croyez n'est pas vraiment vous. Et pour de nombreuses personnes, cette expérience n'est pas souhaitable.

Ils ne veulent pas de profondeur. Elles veulent se sentir bien.

Ils ne veulent pas disparaître. Ils veulent satisfaire leurs ambitions sociales.

Pensez-y : les personnes à qui l'on a vendu l'idée que la méditation peut leur permettre de mieux réussir dans leur carrière seraient naturellement consternées si, au lieu de cela, elles tombaient sur des pensées subversives telles que : « Qui suis-je ? Pourquoi est-ce que je me tue à la tâche dans ce travail minable ? À quoi bon vivre ainsi ? »

Dans les années soixante-dix, je me souviens avoir eu peur les premières fois que j'ai pratiqué la méditation dynamique. Elle me semblait trop écrasante, trop intense, trop... eh bien... tout simplement trop efficace pour m'attirer vers l'intérieur !

Mais à l'époque nous avions le maître Osho qui nous parlait tous les matins avec ses discours, traçant les grandes lignes de ce qu'est le voyage intérieur. Nous avions ces moments de bonheur et de béatitude, en sa présence, où nous glissions doucement dans l'espace du « néant » créé par la méditation, disparaissant temporairement, sans aucun sentiment de peur ou d'appréhension.

Pour en revenir au présent, il est sans doute bon que le public soit sensibilisé aux pièges potentiels de la méditation. Selon ces médias, certaines personnes n'y sont pas prêtes, souffrant d'attaques de panique, de retours en arrière sur des traumatismes d'enfance, d'une nervosité accrue plutôt que d'une plus grande relaxation.

Il est vrai que, comparé au grand nombre de personnes qui utilisent « headspace » et d'autres applications de pleine conscience, ces expériences négatives sont peu nombreuses. Mais j'apprécie le fait que les gens commencent à comprendre que la méditation n'est pas seulement une aide utile au bien-être quotidien, comme aller à la salle de sport et faire de l'exercice.

Ou, à bien y penser, c'est peut-être comme la gym. En effet, lors d'une séance d'entraînement physique, on peut en faire trop, se froisser un muscle et se blesser. Il en va de même pour la méditation. Si votre santé mentale est fragile, il vaut mieux y aller lentement et doucement, avec un bon guide pour vous tenir la main.

D'ailleurs, le nombre de personnes prêtes à se lancer à corps perdu dans une méthode aussi puissante que la Méditation OSHO Dynamic est aujourd'hui, comme autrefois, très minoritaire. Avec ses étapes hallucinantes de respiration rapide, de cris et de hurlements, de sauter et de redescendre jusqu'à l'épuisement, la méditation Dynamique ne s'est jamais vraiment prêtée à l'idée que la méditation peut vous aider à gravir les échelons de la réussite sociale.

Pleine conscience ou pas, la formidable réputation de la méditation Dynamique n'est pas près de changer.

Et pour moi, c'est une très bonne nouvelle.

Subhuti

Subhuti est un ancien journaliste politique britannique qui a travaillé dans les Chambres du Parlement à Londres. À partir de 1976, Subhuti a vécu avec Osho dans son ashram de Pune, puis dans le Ranch en Oregon et de nouveau au OSHO Meditation Resort à Pune jusqu'à la mort du mystique en 1990. Devenu journaliste indépendant et écrivain, il est l'auteur de nombreux livres, dont Wild Wild Guru: An insider reveals the true story behind Netflix's 'Wild Wild Country', My Dance with a Madman et son récent livre India's Misfit Mystic - www.subhutianand.com

Cet article est traduit du site web Oshonews.com par meditationfrance, Oshonews est un site web en anglais sur la vision d'Osho et de la méditation : https://www.oshonews.com