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Mindfulness (La pleine conscience) est une pratique qui consiste à revenir au présent.

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par Jeremy David Engels

Au cours des 40 dernières années, la pleine conscience est devenue une pratique de méditation populaire dans le monde entier. Ce qui a commencé comme une pratique bouddhiste pour soulager la souffrance a été sécularisée et repensée en une science moderne avec très peu de liens avec ses racines bouddhistes.

Sur la base des recherches approfondies menées dans les universités montrant les bienfaits de la méditation, la pleine conscience est désormais pratiquée dans les écoles, les bureaux gouvernementaux, les sports professionnels, les prisons, les services de police et l’armée. Des applications populaires, notamment Headspace, Calm et Insight Timer, permettent à chacun d’accéder facilement à des méditations guidées.

Les entreprises et les sociétés en ont pris note et conseillent souvent à leurs employés de pratiquer la pleine conscience pour être plus productifs. La pleine conscience est devenue si favorable aux entreprises qu’elle a été qualifiée de nouvelle "spiritualité capitaliste".

Je suis un spécialiste de la pleine conscience, de la communication et de l’éthique, ainsi qu’un professeur de méditation de longue date. Pour ceux qui envisagent de pratiquer la pleine conscience, je vous conseille de revenir aux racines bouddhistes de la pleine conscience afin de mettre en évidence un aspect de cette pratique qui pourrait être surprenant et contre-intuitif : la pleine conscience signifie "se souvenir".

Rester dans le moment présent.

Selon le maître zen vietnamien, moine bouddhiste, poète et militant pour la paix Thich Nhat Hanh, la pleine conscience est "le cœur" de l’enseignement du Bouddha.

Il définit la pleine conscience comme une pratique qui consiste à « garder sa conscience vivante dans la réalité présente ». Le passé est révolu et le futur n’est pas encore réel. C’est seulement dans le moment présent que nous avons un certain contrôle ou une certaine liberté.

Dans l’ancienne langue indienne du Pali, le mot désormais traduit en français par "pleine conscience" est sati, qui est étroitement lié au verbe sarati, "se souvenir". Mais se souvenir, dans ce sens, ne signifie pas s’attarder sur le passé ou ruminer des événements passés. Cela signifie "se souvenir de revenir au moment présent".

Notre culture, que la spécialiste Jenny Odell appelle une "économie de l’attention", a transformé l’attention individuelle en une marchandise à acheter et à vendre.

Une grande partie de la vie contemporaine est conçue pour nous distraire de ce qui se passe ici et maintenant. C’est particulièrement vrai pour les réseaux sociaux, qui, dans le pire des cas, sont un déluge de contenu distrayant et désorientant. Chaque jour, nous sommes constamment tentés d’oublier notre présence et de nous perdre dans nos écrans.

Parfois, la chose la plus difficile à retenir est d’être présent. La pleine conscience est donc une pratique qui consiste à se rappeler de revenir à l’instant présent, alors que tant de distractions et de forces nous encouragent à oublier.

Se souvenir de la raison pour laquelle vous pratiquez.

Dans les traditions bouddhistes, la pleine conscience signifie également se rappeler de la raison pour laquelle nous pratiquons la méditation en premier lieu.

À l’origine, la pleine conscience était l’une des huit pratiques décrites par le Bouddha pour surmonter la souffrance. Connues aujourd’hui sous le nom de "Sentier Noble des 8 Pratiques", ces pratiques comprennent la vision juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, la diligence juste, la concentration juste, la pleine conscience juste et les moyens de subsistance justes.

Bien que la pleine conscience soit traditionnellement placée au septième rang de cette liste, Thich Nhat Hanh a suggéré qu’elle pourrait être placée au premier rang, car la pleine conscience est nécessaire à chaque étape du chemin. Prises dans leur ensemble, ces huit pratiques sont conçues pour aider les gens à faire face à leur souffrance, à la transformer et à trouver la joie dans la vie.

Selon les enseignants bouddhistes, la raison de pratiquer la pleine conscience est de surmonter la souffrance en nous-mêmes. Le but de la pleine conscience n’est pas d’être plus productif au travail. Le but n’est pas non plus simplement de se détendre. Il s’agit de transformation personnelle. En cultivant une attention profonde, inébranlable, honnête et sincère, il devient possible de regarder en profondeur notre souffrance et d’en identifier les causes.

Une fois les causes et les conditions identifiées, nous pouvons alors travailler à les transformer, afin de moins souffrir. Moins nous souffrons, plus il est facile d’affronter le moment présent – ​​et nos vies – à bras ouverts et sans ajouter à la souffrance du monde.

Si nous sommes suffisamment déterminés, nous pourrons peut-être même soulager une partie de la souffrance du monde.

Jeremy David Engels est professeur titulaire de communication en arts libéraux aux Etats Unis.

 

Traduit de l'anglais par meditationfrance