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Récit de voyage : Bénares, Inde

Bénares

Par Yasmine

26 février 2006, nous voilà sur une terrasse surplombant le Gange qui s’écoule à nos pieds lentement, perpétuel, hors du temps dans une ville où la raison n’est plus.

Le soleil peu à peu se couche tandis que de ci, de là, diverse musique et chants lancinants se mêlent au chant des oiseaux ainsi qu’au vacarme de la ville sur fond de klaxons en tout genre.

Il serait difficile de décrire la saleté qui règne dans les quartiers de Bénares (Varanasi). Les mouches et autres insectes volants pullulent et se multiplient autour des déchets qui jonchent les rues. Les buffles, quant à eux, montent et descendent les escaliers des gaths, parcourent les routes et rendent le trafic dense. Les chèvres se poursuivent dans les dédales des ruelles, les singes se suspendent aux branches d’un vieil arbre.

Une fine brume semble recouvrir la ville mystique où sadhous, yogis, babas et autres personnes en quête de spiritualité se côtoient sans trop se voir, sans trop savoir ce qu’ils sont venus chercher ici.

Lord Shiva sera célébré ce soir. Tant d’agitation dans cette cité dédiée à la spiritualité peut surprendre. Une incessante activité, une énergie particulière, une inquiétante atmosphère à la tombée du jour caractérise Bénarès, la plus ancienne ville du monde dit-on.

Attirante et répugnante à la fois, la ville semble être le point culminant de toutes les extravagances de l’Inde.

Peu faite pour y trouver la paix et le calme à priori, il se peut cependant qu’elle permette d’atteindre un certain sens des choses essentielles, comme elle peut tout aussi bien être l’objet d’une énorme imposture.

Plusieurs cérémonies sont célébrées chaque jour en l’honneur du Gange, du Dieu Shiva et de la nature. Mantras, psalmodies, runes et joyeux « Bom-bom » se font entendre inlassablement.
Tant de personnages dits « spirituels » qui se tournent vers la multitude de touristes dans l’espoir de remplir leurs bols de quelque pièce ou d’un repas ; eh oui la spiritualité semble nourrir l’âme mais pas les estomacs.

Que dire de ces hommes saints dénommés « holy men » dont les corps ne seront pas incinérés à leur mort mais qui flotteront à la surface du Gange à la vue de tout un chacun ?

En effet, les enfants, les hommes saints ainsi que les personnes ayant succombées à la morsure d’un serpent (considéré comme un Dieu en Inde) rejoignent les eaux du Gange sans autre formalité à leur décès.

Ainsi, le cycle de la vie et de la mort se perpétue au bord du Gange, au petit matin, lorsque la population locale vient faire sa toilette et laver ses vêtements au bord du Gange, celui-là même qui charrie les carcasses des vaches mortes et les corps de ceux qui ont quitté cette vie sans être incinérés.

Malgré tout cela, et après une certaine adaptation nécessaire, les habitants de Béarès se trouvent être attachants et nous les quittons après plusieurs jours sans avoir percé leur mystère, sans avoir saisi complètement comment l’on peut vivre au quotidien dans cette ville, tout en se demandant encore s’il s’agit réellement de spiritualité ou d’autre chose qui nous échappe…

Yasmine