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Comment s'est terminée la conférence de L'OMC à Doha (Qatar)?
Un nouveau Round s'est terminé au Qatar
et tout le monde le sait celui-ci fut plus calme que les autres
puisque les autorités n'ont donné que très
peu de visas. Mais ce qu'on sait moins c'est ce qu'on a signé
ou pas signé ?
Une chose est sûre: l'entourage de Pascal Lamy, le commissaire
européen au commerce est satisfait..."We are back
on tracks" (de retour sur les rails) ont-ils déclaré
!
D'abord parce qu'on a redonné un élan à
la mondialisation libérale... en effet les Six jours
de négociations ont été surtout là
pour décider de commercer davantage et ensuite parce
qu'en supprimant des barrières protectionnistes, l'accord
devrait à terme, selon une étude américaine,
dégager une manne de 380 milliards de dollars (324
milliards d'euros) par an.
Mais
concrètement, que s'est-il signé ?
En fait le texte est très ambigu.
Ainsi, par exemple le texte précise qu'il est question
d'un "retrait progressif" des aides européennes
à l'Agriculture sans pour autant donner de dates butoirs.
Ou le texte s'engage à " uvrer pour la protection
de l'environnement " et le " développement
durable " mais, par une pirouette sémantique,
les États-Unis ne seront pas concernés.
Quant aux normes sociales, l'accord se contente, à
l'arrivée, du minimum syndical.
Conclusion ?
Cette conférence de l'OMC à Doha continue le
processus de mondialisation libérale et aucune question
délicate n'a été résolue
Martin Khor, directeur du réseau
contestataire Third World Network :
" Le texte final est biaisé "
Martin Khor est le directeur de Third World Network, un réseau malais contestataire, présent sur les cinq continents et l'un des plus écoutés par les pays du Sud.
La conférence vous satisfait-elle
?
Le texte final est biaisé, pire que les premières
esquisses. Nous le condamnons sans ambiguïté.
Il contribue à donner davantage de pouvoir à
l'OMC alors que nous cherchions au contraire à limiter
son pouvoir de nuisance. Il restreint le droit pour chaque
pays à promouvoir son propre modèle de développement.
Il va multiplier les tensions sociales et économiques.
C'est une occasion ratée : l'OMC aurait pu jouer la
carte de la régulation de la mondialisation. Or, elle
prend le risque de la déréguler encore plus.
Les pays en développement ont
pourtant pesé dans les négociations...
On les a écoutés pendant quatre jours. Puis
le couvercle de la marmite s'est refermé. Les États-Unis
et l'Europe ont une conception à géométrie
variable de la démocratie. Sous couvert de discussions,
ils utilisent l'arme économique pour persuader les
pays les plus réticents de rentrer dans le rang. Ils
manipulent, pressurent, sans aucune transparence. Ils multiplient
les pressions en utilisant le secrétariat de l'OMC
sur lequel ils ont la mainmise.
Pourtant, au nom du consensus nécessaire
pour lancer un nouveau round, les pays auraient pu dire non
et faire capoter un accord ?
En principe, oui. Mais c'est une illusion. Quel pays prendrait,
seul, un tel risque ? On ne peut pas blâmer l'Inde,
qui a tout fait pour faire bouger les choses. Mais on peut
blâmer l'Europe qui a lié l'agriculture à
toutes les autres discussions. Elle parlait de réguler
la mondialisation, mais, via les subventions à l'exportation
de son agriculture, elle montre sa vraie nature : elle déverse
à prix soutenus dans le tiers-monde. Elle est, au fond,
plus hypocrite que les États-Unis. Nous ne sommes pas
contre la mondialisation, mais nous la voulons équitable,
juste et équilibrée. Ce n'est pas le cas. À
l'arrivée, ce nouveau round place les pays du Sud dans
une situation explosive.