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Vipassana, la voie de la pleine conscience, quintessence de toutes les méditations selon l'enseignement originel de Bouddha
Par Dominique Vincent, animateur de séminaires de développement personnel et praticien en psychothérapie relationnelle
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Êtes-vous satisfait de votre vie? Quel sens lui donnez-vous? Vivez-vous dans la présence, la joie et l'amour? Que voulez-vous réaliser de plus beau au cours de votre existence? Vous reconnaissez-vous le droit au bonheur?
Vivre d’amour quelles que soient les situations extérieures, sans fuir les conflits mais en les abordant avec pleine conscience, bienveillance inébranlable, et sans occultation, voilà le but d’une saine pratique de la méditation Vipassana.
J’écris ce texte pour vous servir de guide si vous êtes débutant, et pour vous offrir une vision aussi large que possible si vous pratiquez dans une école particulière avec un référentiel unique. Il est fait d’un ensemble de réflexions et de suggestions qui viennent de ma propre pratique et des témoignages de personnes qui suivent d’autres façons de faire que la mienne. Vipassana est une approche Bouddhiste qui est remise à l’honneur aujourd’hui avec l’intention de la faire accepter dans les milieux laïques sous le nom de ‘Mindfullness’ en anglais, soit ‘Pleine Conscience’ en français, ce qui est une traduction exacte de Vipassana. Le biologiste américain, Jon Kabhat Zinn est un des principaux acteurs de cette remise à jour de l’enseignement de Bouddha. Il a réussi le tour de force de faire accepter la méditation dans les centres de soins psychiatriques et, par ricochet, dans de nombreuses sphères où la méditation étaient incomprises et rencontraient beaucoup de résistances. Je fais le choix de resituer la recherche de pleine conscience dans son contexte originel empreint du sens du sacré et de la compassion. J’espère surtout que cet écrit vous donnera envie de la pratiquer.
"Que les fleurs du silence descendent sur nous et sur cette terre comme une pluie bienfaisante!" Sattva
Vipassana, en Pâli la langue de Bouddha, signifie prise de conscience de la nature de la réalité, la claire conscience de ce qui arrive au moment même où cela arrive. Le processus, pour parvenir à cet état, est de cultiver la présence à tout ce qui surgit dans le champ de votre conscience. La porte s'ouvre sur la réalité mystérieuse d'où émerge le monde phénoménal. Cette présence à la source de votre être, qui est aussi la source de tout ce qui existe, vous remplit de joie et de créativité. Bien sûr, ce résultat n’est pas acquis immédiatement. Le processus passe par des moments difficiles dus à la résurgence et au nettoyage de conflits intérieurs. Une bonne dose de volonté et de persévérance est nécessaire mais le jeu en vaut la chandelle. Au cours des âges et selon la logique de Vipassana, de nombreuses techniques spécifiques de méditation ont vu le jour pour parvenir à ce but ultime de la pleine reconnaissance de votre véritable nature.
Dans son essence, Vipassana est une méthode d'observation. Elle consiste à constater, sans aucune intention de le modifier, ce qui survient dans le champ de la conscience. Elle est "l’art de la contemplation équanime (C’est à dire égale par rapport à tout ce qui surgit, sans choix ni rejet.), qui consiste non pas à maintenir sa concentration sur un objet déterminé, mais à laisser l’attention se poser librement sur tout phénomène qui appelle sa lumière." Goenka
Prendre conscience et accepter les bras grands ouverts la totalité de l'expérience humaine
L’observation et l’acceptation à laquelle nous invite Vipassana demande un effort sans effort qui aboutit à la relaxation la plus profonde qu'un être humain puisse connaître. Elle est loin d'une attitude passive car la nature de l'expérience humaine consciente est d'être un surgissement continuel de la double réalité intérieure et extérieure. Un des paradoxes de cette approche est qu'elle s'est développée principalement dans un milieu monastique dominé par les hommes avec des vœux de renonciation. Cela signifie la mise de côté d'aspects essentiels de l'expérience humaine tels que la relation amoureuse et la sexualité. Le risque est de limiter l'intention première de Vipassana qui est résolument intégrative. Mais un courant caché aux yeux de tous, souvent transmis par des femmes, a perduré loin des ordres monastiques. Dans ce courant, qui met en valeur l'énergie féminine, la sexualité, et les plaisirs de la vie autant que la souffrance, la maladie et la mort, Vipassana rencontre le Tantra hindouiste. Cela a donné naissance au Bouddhisme tantrique. La question continue de se poser à nous: la voie de la méditation est-elle ouverte également à tous dans la vie ordinaire ou faut-il se retirer dans un monastère pour avoir tout loisir de pratiquer? J’ai moi-même toujours été attiré par la vie monastique et j’ai effectivement passé six ans dans des ordres catholiques entre 18 et 24 ans. Je considère maintenant que la vie d’un homme et d’une femme mariés confrontés à tous les aléas de la vie actuelle présente tout autant de possibilités pour l’épanouissement de l’être humain que la vie de moine ou de none. Par contre il faut trouver l’attitude intérieure et les techniques spécifiques de méditation qui ne sont pas une simple transposition de la vie monastique à la vie laïque. L’approche de Vipassana permet cette souplesse.
Au jour le jour, nous faisons l’expérience de joies et de peines, d’espoirs et de déceptions, de conflits et d’amours. Bien sûr, il est plus facile de maintenir une attention constante dans une vie monastique que dans une vie "ordinaire" avec une profession, un divorce et des difficultés de garde d’enfants, des soucis d'argent... Par contre, cette vie ordinaire présente des occasions d'observation et de prises de conscience beaucoup plus riches et intenses et mène vers une vie d'abondance et de partage très différente.
Selon moi, ce serait une erreur de se donner comme objectif premier le calme mental. Le silence intérieur arrive comme une conséquence de la pratique. Le grand défi est de rester soi-même en toute situation. Vipassana est une démarche intégrative de tous les niveaux de l'expérience intérieure et extérieure, sensations, émotions et intellect. Vous êtes invités à ouvrir tous vos sens, à vivre toutes vos émotions, à développer le meilleur de votre intelligence et de votre créativité. Le calme mental sera un des résultats, un des effets de cette conscience intégrative. Notre existence consciente dans la matière se manifeste par des sensations physiques, par des émotions et par des contenus mentaux, images, pensées, souvenirs, déductions...
Vipassana considère les sensations et les ressentis comme les objets les plus fondamentaux de l’observation. Ce sont eux qui guident et balisent toute notre existence par le biais de la dualité agréable-désagréable. Notre être est attiré vers ce qui lui procure des sensations agréables et évite ce qui lui procure des sensations désagréables. Les sensations se distribuent sur une échelle qui va des douleurs les plus intenses aux plaisirs les plus extrêmes, en passant par une neutralité relative. Les sensations forment le contenu le plus fondamental de notre vie consciente car les émotions et l'activité mentale ont immédiatement un impact sensoriel qui sera, bien plus que la logique, l'élément décisif de notre comportement. De plus, le jeu constant et toujours changeant des sensations, des émotions et des pensées, entraînent des modifications immédiates des équilibres neurologiques et hormonaux qui se traduisent instantanément dans la posture physique et dans la respiration. Un aspect essentiel de la pratique sera donc de demeurer conscient des modifications spontanées de la respiration comme moyen d'accès privilégié à notre vie intérieure.
Dès les origines de la méthode, Bouddha affirme qu'il y une relation étroite de cause à effet entre l'écoute attentive des sensations et l'éveil, le Nirvana, le bonheur absolu au travers et au-delà des contingences de notre vie. Il affirme que cette écoute est la cause la plus déterminante pour conduire à l'éveil. Quand je suis attentif à mes sensations, je ne suis, ni dans le passé, ni dans le futur, je suis dans l'immédiateté de l'expérience, dans le présent. Plus je développe cette attention, plus je suis proche du cœur de ma réalité qui est d'être conscient, d'être la conscience. Rien ne peut exister pour moi si je n'existe d'abord en tant que conscience.
Ne désirez jamais sentir autre chose que ce que vous sentez, car ce sont précisément les sensations actuelles telles qu'elles sont qui vont vous conduire, d'une part au centre de votre être, et d'autre part à une compréhension et à une transformation radicale de vos émotions et de votre intellect.
"Les phénomènes mentaux et physiques sont comme les deux faces d’une pièce de monnaie. Sur une face, il y a les émotions et les pensées qui apparaissent dans l'esprit, sur l'autre il y a la respiration et les sensations du corps. Toutes les pensées ou émotions, toutes les impuretés mentales qui apparaissent, se manifestent dans la respiration et les sensations au même moment. Ainsi, en observant la respiration et les sensations, nous observons en réalité les impuretés mentales. Au lieu de fuir le problème, nous affrontons la réalité telle qu'elle est. En conséquence, nous constatons que ces impuretés perdent de leur force ; elles ne nous submergent plus comme elles le faisaient par le passé. Si nous persistons, elles iront jusqu’à disparaitre et nous commencerons à vivre une vie paisible et harmonieuse, une vie de plus en plus libre de négativité." Goenka
Quand Goenka parle d’impuretés mentales, il n’émet pas un jugement de valeur. Il parle de l’agitation mentale, des pensées qui tournent en boucles et qui nous épuisent sans que nous n’ayons aucune prise sur elles. Le flux des contenus mentaux qui surviennent dans notre conscience peut être comparé à un ruisseau. Quand vous agitez le courant avec un bâton, l’eau devient boueuse. Si vous laissez le tout se déposer, l’eau redevient limpide. Une interprétation erronée serait de vouloir annihiler notre fonctionnement intellectuel ce qui serait une forme de suicide. Avec la méditation, le courant des pensées qui surviennent, redevient clair et naturel dans une réponse spontanée et adaptée aux situations.
Si vous avez l'impression de ne rien sentir...
Nous parlons ici d'une des difficultés les plus fréquentes rencontrées par les débutants. « Quand j’observe à l’intérieur, je ne sens rien ! » Qu'est-ce que vous sentez quand vous dites que vous ne sentez rien ? Probablement beaucoup plus que vous ne le pensez. Simplement vos parents et le milieu éducatif au sein duquel vous avez passé votre enfance ne vous ont pas encouragés à reconnaître et à nommer vos sensations et vos émotions. Cet apprentissage commence pour vous à l'âge adulte. Le plus simple est de débuter en écoutant et en partageant avec les autres chaque fois que cela est possible, les sensations les plus ordinaires, ce que vous voyez, entendez, goûtez, sentez, tout ce qui est associé à la faim, la soif, la respiration, la douleur, le désir, le plaisir...
Il est possible également que vous ayez perdu tout ou partie de vos sensations et de vos émotions suite à un traumatisme physique ou émotionnel, ce qui est malheureusement plus fréquent que nous le pensons habituellement. Cela touche probablement la majorité d’entre nous. Cela signifie que vous êtes à des degrés divers victime du syndrome de stress post-traumatique. Ce syndrome qui a été d’abord reconnu et étudié chez les vétérans de la guerre du Vietnam, s’applique également à ceux qui ont vécu une enfance difficile avec des abus variés, physiques, sexuels et émotionnels. Il faudra alors entreprendre une véritable rééducation, voire un processus thérapeutique accompagné par un professionnel. La pratique d’exercices spécifiques tels que ceux présentés dans la méthode T.R.E. (TRE pour ‘Tension and Trauma Releasing Exercises’), peut vous aider aussi à accéder à la méditation Vipassana en complément d’une psychothérapie adaptée.
Les émotions
Les émotions sont le ressenti du processus d'adaptation de l'organisme face aux challenges que lui posent les évènements extérieurs et intérieurs. Anesthésier ou court-circuiter vos émotions, ce que nous faisons tous à des degrés divers, endommage votre sensibilité. Votre potentiel adaptatif et votre capacité de résilience sont altérés. Cela entame également votre joie de vivre qui est le résultat d'une interaction intense, authentique et passionnée entre vous et les autres.
Dans la voie monastique, la sexualité et la relation amoureuse sont souvent considérées comme des entraves à la méditation. Les raisons principales évoquées sont le poids des préoccupations de la vie quotidienne, les émotions perturbantes de la relation amoureuse, dont l'attachement et les états passionnels induits par la sexualité, et aussi la perte d'énergie, supposée ou réelle, causée par cette sexualité.
La voie méditative que je préconise est toute différente. La dynamique de la sexualité, et celle de la colère qui lui est souvent associée (Une des principales causes de la colère est la sexualité refoulée. L’énergie vitale fondamentale est prise dans un carcan et cherche toutes les occasions pour se manifester. Curieusement les sensations liées à l’orgasme et à la rage se trouveraient connectées dans la même zone du cerveau.), doivent être reconnues comme l'expression fondamentale de la force vitale. En tenir compte et s'appuyer sur elles, accélère les processus de développement intérieur et de transformation vers les phases ultimes de la réalisation spirituelle. La spécificité majeure du Tantra qui m’a beaucoup inspiré, est de proposer un effort de conscience immédiat au cœur de la relation amoureuse, de la montée du désir et dans l'acte sexuel lui-même, de même que dans les poussées de colère et de rage. L'entraînement offert par la méthode d'observation Vipassana permet ce miracle : traverser consciemment orgasme et rage, ce qui en rend l'énergie disponible dans tout l’organisme. Cela permet de jouir d'une vie riche et créative, et d’avancer vers la réalisation. Développer la conscience dans le quotidien de la vie à deux, n'est-ce pas en même temps le gage d'une vie de bonheur?
Une difficulté majeure serait que vous débutiez votre chemin de méditation par Vipassana sans avoir reconnu et accepté que vous êtes, comme tout être humain, habité de pulsions sexuelles et agressives. La tendance serait alors d’utiliser votre temps de méditation pour les occulter encore d’avantage. De mon point de vue, il est absolument nécessaire que vos premiers pas se fassent sous la supervision de quelqu’un qui soit conscient des risques de refoulement et des désordres psychologiques qui peuvent en découler. Je pense à quelques personnes que j’ai connues, dont plus précisément deux femmes dans la vingtaine qui ont choisi de devenir nones dans des monastères bouddhistes après des déceptions amoureuses sur un fond d’agression sexuelle dans l’enfance. D’après le témoignage de responsables de communautés religieuses, c’est ce type de personnes qui présente ensuite des problèmes psychiatriques. En fait, c’est un problème majeur rencontré dans les monastères de toutes les religions et qui concerne tout autant les hommes que les femmes. Méditation, développement personnel et psychothérapie doivent se donner la main.
Mon expérience personnelle
Je me souviens de mon premier voyage en Inde et de mon enthousiasme de débutant. J’avais trente-cinq ans. Tous les matins à l’Ashram du Maître Osho où je me trouvais, il y avait à 11h le choix entre deux méditations, des danses soufies sous un préau, et Vipassana sur une terrasse qui surplombait ce préau. Au début de mon séjour, j’avais beaucoup de plaisir à participer à la méditation danse. Un matin, j’ai eu envie de tester Vipassana. Ce fut terrible! J’entendais en-dessous les percussions qui rythmaient la danse. Les jambes me démangeaient et l’heure de méditation a été une véritable torture. Par contre, trois mois plus tard et après plusieurs groupes de thérapie et de développement personnel, j’ai eu envie de retourner faire quelques séances Vipassana au même endroit. Des moments de pur bonheur ! J’avais mûri en ramenant mon corps à la vie avec les sensations et les émotions dont j’avais perdu le contact. Je n’étais plus assis sur un volcan toujours prêt à entrer en éruption. Je pouvais savourer tranquillement qui j’étais dans l’instant.
Osho
Mes expériences avec Vipassana ne se sont pas arrêtées là. Cinq ou six ans plus tard, alors que je pratiquais surtout les méditations actives d’Osho, j’ai décidé de participer à une retraite Vipassana de 21 jours. Ce fut extrêmement douloureux. En plus des malaises physiques dus à l’assise immobile pendant de longues heures, j’ai surtout été le témoin de pensées angoissantes et d’émotions pénibles, auto-jugements, peur des autres, moments de panique intense. Cette expérience m’a éloigné de la pratique de Vipassana pour plusieurs années ! Par contre, elle m’a placé devant l’évidence qu’il me fallait visiter la source de mes angoisses. Elle pouvait bien se trouver dans mon enfance : naissance dans un pays en guerre et parents qui faisaient un usage abondant des punitions corporelles. Donc, dès que je l’ai pu, je me suis inscrit à un groupe de thérapie primale de cinq semaines. Ce fut l’un des grands moments de ma vie. J’ai pu crier, pleurer toutes les larmes de mon corps, comprendre et accueillir l’enfant que j’ai été, parler à mes parents, revisiter les troubles de l’adolescent, les croyances qui se sont formées en moi et qui ont été si déterminantes pour mon histoire de vie…
Dix ans plus tard, je suis tombé sur une annonce : « The ultimate retreat », l’ultime retraite. Il s’agissait d’une retraite Vipassana de 21 jours en isolation totale, chambre fermée, repas apportés dans un guichet, avec pourtant un filet de sécurité : la possibilité en cas de panique d’appeler un conseiller 24 heures sur 24. Ce furent des moments de grande satisfaction et de paix profonde. Enfin, seul avec soi-même, loin des demandes pressantes de mon amie, de mes clients ! J’ai fait de nombreuses constatations parfois étonnantes. Par exemple, pour moi qui suis une bonne fourchette, le contentement intérieur me nourrissait et je n’ai presque rien mangé. Après quelques bouchées, je commençais à avoir des spasmes à l’estomac et si j’insistais, il me fallait courir aux toilettes. Malgré cela, j’avais la certitude que tout allait bien et que je n’étais pas malade et, de fait, dès la fin des 21 jours, tout est rentré dans l’ordre. Les centres d’énergie qu’on appelle les Chakras se sont manifestés de façon évidente, parfois avec une puissance extrême à la limite du supportable, surtout le premier Chakra, le centre sexuel. Les pensées me sont apparues comme des phénomènes étonnamment périphériques, comme si j’étais un scaphandrier et qu’elles passaient autour de moi comme des poissons.
Je suis sorti de cette retraite très posé, conscient de mes fonctionnements intérieurs comme jamais auparavant, avec une solide confiance en moi. Le plus étonnant a été, pendant quelques heures, la différence de rythme entre mon fonctionnement et le monde extérieur. Tout allait si vite alors que je ne pouvais marcher et parler que très lentement. Tout est rentré dans l’ordre dès le lendemain.
Une des conclusions des plus intéressantes que je tire de cette retraite, c’est la nécessité de savoir la faire au bon moment et dans les meilleures conditions. Le bon moment me semble être quand le niveau d’angoisse est descendu à un niveau acceptable et ne nécessite plus vraiment d’occultation, ce qui pour moi a été la conséquence d’années de thérapie et de méditations actives comprenant une part de catharsis. La condition extérieure optimale est un environnement de personnes aimantes et bienveillantes qui sont elles-mêmes passées par ce processus.
Égocentrisme, altruisme et compassion
S'engager dans la voie de la méditation Vipassana peut sembler égocentrique et solitaire. Est-ce que je vais me couper des autres, me couper du monde, renoncer aux relations et à l'amour ? Pour moi, Il n'en est rien. L'indicateur principal que votre pratique est juste, me semble être précisément qu'elle développe votre puissance d'amour, votre compassion envers tous les êtres sensibles, votre envie de chanter et de danser, de partager votre joie avec tous ceux que vous rencontrez.
Dans la perspective bouddhiste, avant de commencer votre journée et au début de toute pratique de méditation, vous êtes invités à vous relier intentionnellement - à tous les Bouddhas passés, présents et futurs, - au Dharma, l'intelligence cosmique, l'ensemble des principes organisateurs de l'univers qui sont la fondamentale de tous les enseignements spirituels, - et au Sangha, la foule des méditants de tous les temps qui forment le champ d'énergie et la communauté qui vous soutient dans votre effort de méditation. Cette intention s'exprime par une invocation chantée que vous trouverez facilement sur internet et qui n'a de valeur que si vous l'exprimez dans un grand élan de cœur : Bhuddham charanam gadshami, Sangham charanam gadshami, Dhammam charanam gadshami. Je prends refuge aux pieds de tous les Bouddhas, je prends refuge dans la communauté des méditants, je prends refuge dans l’ordre harmonique de l’univers et dans l’enseignement des Bouddhas. L'amour doit être présent comme motivation principale de votre pratique. La célébration de la vie et la compassion qui sont les manifestations actives de l'amour, sont les fruits de la pratique.
"Ceux qui pratiquent régulièrement Vipassana deviennent plus sensibles aux souffrances d'autrui, et font leur maximum pour soulager ces souffrances de toutes les manières qu'ils peuvent. Non pas avec de l'agitation, mais avec un esprit plein d'amour, de compassion et d'équanimité." Goenka
"Ce chemin me remplit de vie,
Ce chemin me remplit de joie,
Ce chemin me remplit d'amour,
Quel bonheur d'avoir trouvé ce chemin!" Sattva
Le Sangha
"Nous sommes venus des quatre coins du monde,
Nous nous sommes rassemblés pour chanter un chant d'amour."
Nous pouvons méditer seul et, en son essence, la méditation ressort d'une aspiration, d'une décision et d'un effort personnel. Cependant les humains forment un champ immense d'énergie collective composé de sous-ensembles d'individus en interaction constante. Chaque fois que quelqu'un s’engage dans la méditation, il rejoint l'assemblée de tous les méditants présents, passés et futur, et il influe sur l'ensemble de l'humanité. Quand une goutte d'eau tombe sur le sable brûlant du désert, elle disparaît en une fraction de seconde. Quand des milliards de gouttes s'abattent ensemble, le désert fleurit d'une myriade de fleurs. Dans le vocabulaire bouddhiste, Sangha signifie tout autant le collectif de tous les méditants du monde qu'un groupe particulier. Ainsi, avec les participants de nos séminaires, nous formons un petit collectif informel qui constitue un champ d'énergie, un Sanghaspécifique, offrant un soutien à tous ceux qui veulent rester connectés pour s’encourager mutuellement.
Venons-en à la pratique de Vipassana
Voici maintenant différents aspects et différentes étapes de la pratique de Vipassana : la préparation, l’assise, la marche, la pleine conscience au quotidien. Je vous présenterai d’abord ma façon de procéder qui est celle que je recommande à mes clients et ensuite la voie de Goenka suivies de celle du Maître Osho. Toutes ces informations devraient vous aider à trouver la forme qui vous convient le mieux.
La posture
La posture est extrêmement importante. La tenir convenablement est déjà une méditation en elle-même. Le Zen, la forme Chinoise et Japonaise de Vipassana, en a fait l’élément essentiel : tenir la posture et observer ce qui se passe. Installez-vous le plus confortablement possible, le dos bien droit, si possible sans vous appuyer sur un quelconque dossier. Prenez conscience des points de contact avec le sol avec le quadrilatère formé par les ischions (les os proéminents des deux fesses sur lesquels repose l’essentiel du poids du corps), le pubis et le coccyx. Les reins doivent être légèrement cambrés, la nuque étirée, le menton rentré. Vous gardez l'immobilité la plus complète possible en résistant aux petits ou grands inconforts qui en résultent. Bien sûr, vous tenez compte de vos limites physiques réelles telles qu'une hernie discale ou un genou blessé. Le premier choix est d'utiliser un coussin sur un bon tapis. Le deuxième est de vous asseoir sur une chaise. En fait si vous êtes malade, vous pouvez même pratiquer étendu. Le risque est de vous endormir très vite mais l’essentiel est la qualité de la présence et de l’observation.
La respiration du début
C'est une phase importante pour calmer l'agitation mentale et rendre possible une méditation assise prolongée. Voici ma façon personnelle de procéder. Selon le temps dont vous disposez, donnez de une à plusieurs minutes à chaque étape.
- Portez votre attention pendant quelques minutes à l'orifice des narines. Vous y percevez le courant de l'air qui entre et qui provoque une sensation de fraîcheur, et le courant de l’air qui sort qui ramène à la sensation de la température du corps.
- Suivez consciemment le parcours de l'air depuis les narines jusqu'au fond de la gorge, toujours en vous aidant avec la sensation de fraîcheur lors de l'inspiration.
- Écoutez le son que fait dans votre tête l'inspiration et l'expiration. Constatez que le son est légèrement différent à l'inspiration et à l'expiration.
- Concentrez-vous sur la zone de fraîcheur au fond de votre gorge.
- De là, passez à la perception de la poitrine qui s'élève et s'abaisse à chaque respiration. Si c'est difficile à percevoir, amplifiez légèrement l'inspiration.
- Sentez que le ventre est impliqué lui aussi dans le mouvement perçu dans la poitrine. Il ne fait qu'un avec elle. Le moment vient où vous allez percevoir votre ventre respirer tout seul comme une vague qui s’élève et retombe, mouvement profond et rassurant, nourrissant, chaleureux. Vous ne respirez plus, vous êtes respiré. La vie vous respire et vous berce continuellement. Vous pouvez rester une longue période de temps à sentir et à savourer la sensation de la respiration dans tout l'espace du tronc et de l'abdomen.
Une fois que cette perception est bien établie, sentez que tout votre corps respire. Vous devenez un œuf de présence et d'énergie qui enfle et désenfle selon le rythme de la respiration.
Méditation Vipassana assise.
"Faites l'expérience de la réalité, celle du monde extérieur comme celle de votre monde intérieur, telle qu'elle est et non telle que vous voudriez qu'elle soit." Sattva.
Immobilisez-vous totalement en maintenant le focus central sur la vague de la respiration qui anime l'abdomen tout en gardant une conscience périphérique du corps entier et de tout ce qui peut l'affecter, sensations, émotions et pensées. Vous ne vous attachez à rien de ce qui survient, mais vous ne luttez pas non plus pour en ralentir ou en bloquer le surgissement incessant. En particulier, vous ne cherchez pas à atteindre un état de conscience sans pensée mais à une conscience des pensées qui circulent sans leur être identifié.
Avec de la persévérance, vous constaterez que l'agitation physique, émotionnelle et mentale tend à se calmer. Commencez par des séances courtes, dix à vingt minutes suffisent les premières semaines. Plus que la durée, ce sont les bénéfices immédiats que vous en retirez qui importent. Si vous avez du plaisir à méditer, vous aurez envie de prolonger les séances. Vous pouvez savourer les premiers effets de la méditation alors que le corps, en particulier le dos et les genoux, s'habitue tranquillement à la position. Une fois que le mental apprécie de se reposer, augmentez la durée des séances. Quarante-cinq minutes, c’est suffisant, une heure est également une bonne durée.
Si vous émettez le moindre jugement intérieur envers ce qui surgit, et si vous vous identifiez à ce jugement, certains aspects de votre vie affective et émotionnelle vont être refoulés dans l'inconscient et y demeurer cachés jusqu'à ce qu'un événement extérieur déclenche une réaction perturbatrice. Les émotions représentant la dynamique adaptative et le moteur de votre vitalité, de votre créativité et de votre passion de vivre, les refouler vous mène tout droit vers l'ennui, voire vers la dépression, ou vers des réactions de colères violentes et inattendues. C'est probablement le plus gros écueil de cette pratique. Pour éviter cet écueil, le Maître Osho recommande des méditations actives comportant une phase de catharsis en complément des méditations assises. Cela particulièrement au cours de retraites Vipassana prolongées de dix jours ou de trois semaines !
La marche Vipassana
La séance assise peut être avantageusement complétée par une dizaine de minutes de marche extrêmement lente. Debout, vous portez le centre de votre attention sur les sensations sous la plante de vos pieds, votre regard vers le sol deux ou trois mètres devant vous. Devenez conscient de chaque étape du mouvement de la marche, l'alternance du poids d'un pied sur l'autre, lever le pied, le poser lentement sur le sol, lever l'autre pied et ainsi de suite. Comme dans la méditation assise, soyez présent sans effort à tout ce qui survient dans la périphérie, environnement physique, sons, formes, couleurs, mouvements, et ce qui survient à l'intérieur, sensations diverses, émotions et pensées.
Pour terminer, offrez votre état de méditation pour soulager la souffrance et inviter à la célébration de la vie
En terminant votre séance, vous êtes invités à offrir les bienfaits de votre pratique au monde. Vous vous sentez reposé, paisible, joyeux, visualisez que cela se répand comme des ondes autour de vous et affecte positivement votre entourage. Vous pouvez aussi diriger intentionnellement ces ondes vers des personnes ou des lieux précis qui en ont particulièrement besoin, un ami malade, un pays en guerre... Vous serez souvent surpris des résultats. Vous pouvez vous servir du mot « amour » comme d’un mantra. Vous répétez ce mot à voix basse pendant quelques minutes. Sentez que la vibration de ce mot et la connotation, la charge émotionnelle qu’il implique, prend possession de votre poitrine, puis de votre corps tout entier. Enfin, vous invitez cette vibration à se répandre autour de vous, la pièce, la maison ou vous vous trouvez, la ville, le pays, la terre, l’univers, des espaces ou des personnes particulières.
Vipassana au cœur du quotidien
Vous avez fait l'effort de méditer chez vous dans votre chambre, ou de participer à une retraite prolongée dans un groupe de pratiquants. Maintenant, il faudrait que cela imprègne et transforme votre vie quotidienne, la manière dont vous vivez votre monde intérieur et dont vous entrez en relation ! Comment ? De nouveau, utilisez votre compréhension et votre vécu des trois niveaux, le corps et les sensations, les émotions, le mental et son contenu, les pensées et les images.
En toute situation, demeurez à l'affut du plus simple, les multiples sensations qui sont toujours là et qui attendent votre attention pour s'épanouir pleinement et vous livrer leur potentiel d'humanité et de bonheur. L'air frais qui caresse votre peau, la chair et la saveur d'une pêche, le soleil, un bisou de votre ami(e), le soleil, un verre d'eau...
Deuxièmement, soyez attentif aux moindres mouvements d'humeur et d'émotions qui fluctuent en permanence : le plaisir de rencontrer un ami, le stress en arrivant au travail, la tension au volant, le sentiment de liberté en ouvrant la porte pour aller vous promener, vos élans amoureux, cette petite crainte, voire cette panique, d'être limité par votre partenaire de vie, etc, etc...
Enfin, suivez le fil de votre activité mentale, le discours intérieur qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. Vous vous sentez victime impuissante de pensées obsédantes, limitantes, voire invalidantes et destructrices, voici comment procéder. Interrogez-vous sur l'impact physique et émotionnel immédiat de chaque pensée, repérez cet impact en le localisant précisément dans votre corps et suivez-en méticuleusement le devenir. Au départ, il est très difficile de suivre ce processus sur le vif et il est nécessaire d'opérer une pause de quelques secondes ou de quelques minutes dans ce que vous êtes en train de faire. Avec l'entraînement, cela vous sera de plus en plus facile. Le bénéfice que vous en retirerez est énorme: prise de recul, dés-identification d’avec le contenu de votre mental et perception immédiate de qui vous êtes vraiment.
En cas de crise émotionnelle, une altercation au travail, un conflit de couple, voire un accident de la route, une blessure ou le décès d’un proche, appliquez au plus vite une observation fine de ce qui se passe en vous en réaction aux événements, l'impact corporel, les émotions qui s'ensuivent, les pensées qui se mettent en branle. Quand vos réactions vous apparaissent disproportionnés, ne vous jugez pas. Il s'agit probablement d'une réactivation d'un conflit ou d'un traumatisme passé.
Vous pouvez procéder de multiples façons. En voici quelques unes. Trouvez un endroit calme où vous ne serez pas dérangé pendant une bonne vingtaine de minutes. Observez où et comment votre corps est affecté, boule dans le ventre, chaleur, sensations d'étouffement... Gardez une attention soutenue sur ces sensations en les nommant intérieurement. Vous les détaillez le plus précisément possible. Pour vous aider dans le processus, cherchez le plus de caractéristiques différentes de la même sensation. Par exemple une boule dans la gorge peut être ressenti comme une difficulté à avaler quelque chose de trois centimètres de diamètre et qui est dur comme de l’acier. Vous allez probablement faire l’expérience de modifications progressives des ressentis avec parfois un dégagement émotionnel, des pleurs ou un mouvements de colère, une peur. Persévérez dans votre observation tout en nommant mentalement ce qui se passe. Habituellement en moins de vingt minutes vous allez faire l’expérience d’une transformation des sensations en cause avec une grande libération d’énergie. Si vous n’y parvenez pas, c’est une bonne indication de la nécessité de consulter un thérapeute et de passer par des techniques spécifiques de dégagement émotionnel.
Une autre manière de faire pour ceux qui ont déjà une expérience suffisante de psychothérapie est de dialogue avec son enfant intérieur. Demandez-vous quand, dans votre passé, particulièrement dans votre enfance, il vous est arrivé de ressentir les mêmes émotions. Laissez venir à votre esprit les images et les souvenirs. Si possible, visualisez l'enfant que vous étiez quand vous avez ressenti ces choses les premières fois. Enfin, dialoguez avec bienveillance avec cette enfant. Demandez-lui ce qui s’est passé. Ecoutez ses réponses qui jaillissent en vous. Dites-lui ce qu'il aurait eu besoin d'entendre à ce moment-là. Dialoguez avec cet enfant, il est toujours vivant en vous - la preuve en est qu'il se manifeste spontanément par les émotions qui surgissent de façon inopinée -. Ce dialogue est très guérissant si vous lui parlez avec une réelle bienveillance. Pour beaucoup de personnes, peut-être pour tous, passer par ce genre de processus est une étape majeure et indispensable pour parvenir à une pratique agréable et sans danger de Vipassana.
Vipassana et sexualité
Vous pouvez aborder la sexualité avec le choix d’observation et d’acceptation bienveillante et consciente de tout ce qui surgit. Votre vie amoureuse en sera transformée. Le Maître australien Barry Long présente une manière de faire fabuleuse dans son livre, « Faire l’amour de façon divine ». Au-delà de la méthode de Barry Long qui est très précise, le Maître Indien Osho est, à mon avis, un des enseignants spirituels qui parlent le mieux de la sexualité. Il est très explicite concernant les transformations qui surviennent quand nous portons tout notre effort de conscience sur notre vie amoureuse, et particulièrement lors d’un rapport sexuel.
La rencontre amoureuse et sexuelle vécue selon la posture Vipassana, simple présence consciente et attentive à tout ce qui surgit, sans attente d’une quelconque réussite, d’un orgasme simultané par exemple, transforme profondément les deux partenaires. Ils se sentiront pleinement nourris et régénérés et connaîtront un regain de vitalité inattendu. Le corps tout entier vibre animé d’une énergie sensuelle, chaleureuse et bienveillante. Leur corps devient plus fluide, leur approche des événements de la vie plus enracinée et plus confiante. Ce qu’on appelle les Chakras, les centres d’énergie décrits par le Yoga, s’animent et deviennent une évidence vécue. Différents courants d’énergie subtile, à l’intérieur du corps de chacun et entre les deux partenaires, se manifestent avec puissance.
Une thérapie Vipassana
J’ai constaté au cours des années combien ma pratique de la thérapie avait évolué grâce à Vipassana. Savoir attendre ce qui surgit comme sensations, images, pensées et émotions tant en moi que chez mon client. Lui laisser tout le temps nécessaire pour ressentir et mettre en mots ce qu’il ressent. L’évolution la plus importante se situe à ce niveau : j’invite mes clients, et cela selon la capacité de chacun, à ressentir l’impact corporel de ce qu’ils élaborent mentalement et partagent avec des mots. Où et comment ce dont ils parlent, affecte leurs sensations corporelles, leur posture, les mouvements qui animent leur visage, leurs mains, leurs pieds. Quand ils disent qu’ils se sentent tristes ou en colère, je ne suis satisfait que quand ils peuvent constater comment cela les affecte concrètement. C’est par ce biais qu’il est possible de faire des liens utiles et guérissant avec des événements programmant situés dans leur passé, particulièrement dans leur enfance. Dans ce processus, il n’y a pas besoin d’échafauder des hypothèses et de proposer des interprétations. Il reste cependant à accueillir l’émotion, en particulier en visualisant et en dialoguant avec l’enfant toujours présent en nous car c’est lui qui a vécu ces émotions et qui a besoin de ressentir notre amour. Il n’y a pas d’opposition entre conscience de l’ici et maintenant et rappel de notre histoire. C’est toujours dans l’instant, en résonnance dans notre corps sensible, que les traumas du passé sont réanimés. Le Maître bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh, en parle très bien dans son livre sur l’enfant intérieur (Thich Nhat Hanh, Prendre soin de l’enfant intérieur.).
Trois sortes de silence
Quand vous méditez, vous pouvez faire l’expérience de trois types de silence :
- Le premier est le silence post-traumatique. Vous êtes anesthésié, possiblement sans le savoir. Vous n'avez plus de contact, ni avec vos sensations, ni avec vos émotions. C'est un état de protection de votre organisme par rapport à des peurs ou des souffrances extrêmes qui ont été perçues comme l'approche d'une mort certaine. Beaucoup d'entre nous ont vécu de tels moments, même s'ils ne s'en souviennent plus très bien, ou s'ils les ont oubliés. L'état de choc post-traumatique perdure justement quand personne ne nous a écouté et rassuré après de tels événements. C'est souvent le cas quand, jeune enfant, nous avons eu trop honte, ou nous n'avions pas les mots à notre disposition, pour parler d'une agression sexuelle à nos parents. Le méditant qui est habité d'un stress post-traumatique non concientisé, va le rencontrer systématiquement au cours de ses séances de méditation. Il peut rester bloqué là s'il n'est pas accompagné de manière adéquate. Il peut même s’illusionner qu’il a atteint le nirvâna alors qu’il ne fait que l’expérience d’une anesthésie, ce qui est plus confortable que de ressentir continuellement une douleur lancinante. C’est une protection automatique de notre organisme.
- Le deuxième est le calme apporté par un refoulement. Par exemple, vous avez été conditionné à être un gentil garçon ou une bonne petite fille, ou encore l'un de vos parents faisaient des colères effrayantes et vous vous êtes promis de ne jamais réagir ainsi. En conséquence, il est probable que chaque fois que vous ressentez une impulsion violente monter en vous, vous la renvoyiez aux oubliettes le plus rapidement possible. Ouf, vous avez réussi à rétablir le calme, mais à quel prix ! Au moins deux conséquences possibles, l'ennui et des manifestations psycho-somatiques, maux de ventre, de tête, nausées… Votre vie va manquer de couleurs, de dynamisme, de plaisir, car en bloquant toute impulsion de colère, vous bloquez automatiquement toute manifestation vitale intense, particulièrement le plaisir. Votre amplitude respiratoire est limitée car, si vous respiriez d'avantage, l'intensité reviendrait et vous auriez l’impression d'être en danger d'exploser. Les maux de tête sont très souvent une réaction physiologique à la colère refoulée. La pression intérieure de ce qui veut s'exprimer et qui n'en a pas le droit, se manifeste au niveau de la boîte crânienne et crée les migraines et la sensation d'avoir la tête prise dans un étau. De nombreuses manifestations psychosomatiques sont des conséquences de refoulements divers et variés. Il est possible que la méditation Vipassana soit utilisée par votre organisme pour renforcer les mécanismes de refoulement. Il faudra adjoindre à Vipassana des méthodes cathartiques, c'est à dire des méthodes qui vous encouragent et vous soutiennent dans la libération des émotions refoulées. Osho est le spécialiste de ce genre de méthodes avec sa méditation dynamique, et ses trois process de méditation-thérapie, "Born again", "No mind" et "Mystic rose".
- Le silence intérieur résultant de Vipassana doit être dense, vibrant, intense. Il doit vous donner envie de rencontres, de danses, de relations amoureuses... Vous savez alors que vous êtes sur la bonne voie.
Cela change tout le temps, impermanence, non attachement et liberté
L'observation des phénomènes nous rend conscient de leur impermanence. Les sensations, les émotions, les pensées, tout change continuellement. Alors, à quoi bon s’y attacher alors que l’attachement est justement une des causes premières de la souffrance. Avec cette conscience le sage ne s'attache plus car à quoi bon s'attacher à quelque chose qui, de par sa nature, ne dure pas.
Une manière erronée de comprendre le non-attachement est de considérer que ce qui passe n’a pas de valeur, ce qui vous amènerait à vous retirer de la vie. Non, ne faites pas cela ! Ce qui survient a tellement de valeur : un visage, un sourire, une rose, un parfum, une saveur... Tout passe. Donc, portez une grande attention à tout ce qui surgit pour le savourer, le cas échéant pour le ressentir et le pleurer, de toute façon en acceptant l’expérience. Mais sans vous attacher !
Vipassana expliqué et développé par des Maîtres et des enseignants actuels
Le plus connu dans le monde occidental est certainement l’américain Jon Kabat Zinn. Biologiste (formé au MIT), il a réussi le tour de force de développer une méthode complète complémentaire à une médication et à une psychothérapie en milieu hospitalier. S’adressant d’abord aux patients déprimés, sa méthode a été étendue progressivement à d’autres clientèles avec des résultats cliniques statistiquement incontestables. Finalement elle s’avère convenir parfaitement au grand public. En France, elle est connue sous la dénomination MBSR, Mindfulness Based Stress Reduction.
L’oeuvre de Jon Kabat Zinn est très liée et très proche de l’enseignement du Maître bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh. Voici le témoignage d’un des enseignants américains de MBSR de sa rencontre avec ce Maître:
« Dans sa présentation, « Guérir le cœur par la pleine conscience », le Maître bouddhiste Thich Nhat Hanh explique qu’en étant présent dans l’instant, nous ne nous perdons plus dans des pensées concernant le futur ou le passé. En cultivant d’être simplement avec quoi que ce soit qui émerge et survient, en restant présent, nous adoucissons notre cœur et notre intellect. La guérison arrive comme le résultat du fait que nous prenons notre souffrance dans nos bras. En fait, il dit que la méditation de la pleine conscience est semblable à une mère qui tient dans ses bras son bébé qui pleure jusqu’à ce qu’il se sente en sécurité et qu’il puisse se calmer. Il a insisté particulièrement sur le fait que nous devons être en contact direct avec notre souffrance grâce à la méditation de la pleine conscience parce que cela va directement alléger notre souffrance en même temps que de nous ouvrir à l’expérience de la joie et du bonheur. J’ai médité plus de 25 ans mais, pour quelque raison que ce soit, je ne me suis jamais permis de descendre à ce niveau de souffrance. (…)
Les larmes de la veille (quand j’avais rencontré Thich Nhat Hanh pour la première fois) se sont remises à couler. Un moment après que nous nous soyons assis, le flot de larmes a laissé la place à ce profond sentiment de chagrin maintenant familier. Je suis resté avec lui, et après un temps très court, à ma grande surprise, j’ai pu ressentir une plénitude et une joie qui émanaient de l’intérieur. J’avais fermé les yeux pour l’expérience et, quand je les ai ouverts de nouveau, le sourire radieux de Thich Nhat Hanh m’attendait. Depuis ce jour, j’ai modifié ma pratique de méditation pour d’avantage d’acceptation des ressentis inconfortables et j’ai trouvé un plus grand accès aux sentiments de joie et de bonheur. » Daniel Tomasulo
Goenka et Osho
Voici maintenant Vipassana présentée par deux maitres de méditation du siècle dernier, Goenka et Osho. Goenka a passé toute sa vie à enseigner Vipassana selon l'enseignement traditionnel de Bouddha. Osho, pour sa part, a mis au point des centaines de techniques variées pour s'adresser à des personnes d'origine et de conditionnement différents. Elles peuvent apparaître souvent comme opposées à la vision de Goenka mais, selon mon expérience, il n'en est rien. Bien au contraire, elles sont une préparation à la pratique de Vipassana en travaillant sur le corps, l'énergie et les émotions, en particulier en donnant une place importante aux sons, à la danse et à la catharsis.
Vipassana selon Goenka
Goenka décrit différents aspects de la pratique traditionnelle de Vipassana. Elle est fondamentalement celle des moines bouddhistes en ligne directe depuis Bouddha lui-même. Voici une traduction-adaptation que j’ai faite de ses instructions de base pour la pratique de Vipassana, instructions qui sont toujours d'actualité.
"Anapana
Pratiquer Anapana si votre mental est troublé ou agité, s'il vous est difficile de sentir des sensations ou de ne pas réagir à elles. Il est bon alors de commencer avec Anapana et ensuite de passer à Vipassana, ou si c'est nécessaire de continuer à observer la respiration pour une heure entière. Pour pratiquer Anapana, fixez votre attention sur la région en-dessous des narines et au-dessus de la lèvre supérieure. Garder la conscience de chaque respiration au moment où l'air entre et où l’air s’en va. Si le mental est très agité ou troublé, respirez délibérément un peu plus profondément pour quelque temps. Autrement la respiration peut rester naturelle.
Vipassana
Faites circuler systématiquement votre attention de la tête aux pieds et des pieds à la tête en observant objectivement les sensations que vous rencontrez dans toutes les parties du corps. Vous demeurez équanime par rapport à toutes les sensations que vous rencontrez, qu'elles soient agréables désagréables, ou neutres, en appréciant leur nature impermanente. N'arrêtez pas de déplacer votre attention. Ne restez jamais plus de quelques minutes à la même place. Ne permettez pas à la pratique de devenir mécanique. Chaque partie du corps présente des sensations de types différents. Observez-les séparément. Les parties du corps symétrique telles que les bras et les jambes, présentent des sensations subtiles très semblables. Vous pouvez les observer simultanément. Si vous faites l'expérience de sensations subtiles qui concernent l'ensemble du corps, vous pouvez de temps en temps balayer le corps tout entier et ensuite vous revenez à l'observation partie par partie.
Metta
À la fin d'une heure de méditation assise, relaxez, permettez à toute agitation mentale ou physique de s'apaiser. Pour quelques minutes, portez votre attention sur les sensations subtiles de l'ensemble du corps et nourrissez des pensées de bienveillance pour tous les êtres sensibles.
En dehors des séances de méditation
Porter votre pleine attention à toute tâche que vous avez à accomplir mais, de temps en temps, observez si vous pouvez maintenir conscience et équanimité. Quand un problème se présente, si possible revenez instantanément à votre respiration ou à vos sensations, même si c'est pour quelques secondes seulement. Cela vous aidera à garder votre équilibre mental.
Dana
Partagez avec les autres quoi que ce soit que vous avez acquis, sur le plan matériel comme sur le plan spirituel. Faire cela vous aide à éradiquer les vieilles habitudes d'égocentrisme. Les méditants en viennent à réaliser que la chose la plus précieuse qu'ils ont à partager est le Dhamma. En conséquence, ils font tout ce qu'ils peuvent pour aider les autres à recevoir la technique de Vipassana. Avec cette volonté pure, Ils font une donation pour aider d'autres étudiants à participer à une retraite Vipassana.
La plus grande des donations est de donner son temps et ses efforts à l'organisation de retraites de méditation Vipassana. Vous pouvez également vous former pour devenir des enseignants de la méthode."
Mon commentaire sur Goenka
Ce maitre demande à ses étudiants de ne pratiquer aucune autre méthode que Vipassana. Je pense personnellement que c'est une limitation inutile, voire dangereuse, car elle ne tient pas compte de la situation émotionnelle spécifique de chacun. Il ne tient pas compte de l'évolution des conditionnements et des modes de pensée depuis 2500 ans. Les gens vivaient de manière beaucoup plus naturelle, ils travaillaient aux champs, ils marchaient... À mon avis, de nombreuses techniques peuvent préparer et compléter la pratique de Vipassana. Vipassana selon Goenka est une approche ascétique. Pour ma part, je ne pense pas qu'il faut nécessairement souffrir sur le chemin de la méditation même si cela demandera toujours un effort réel. La méthode de méditation la plus juste pour quelqu'un est celle qui lui procure le plus de joie et de plaisir, et si possible rapidement, dès la première séance ou, en tout ças, dès les premiers jours. Si la méditation assise n'est que torture, s'il vous plaît, commencez par chanter, par danser, par crier, par courir, par rire comme un enfant, par faire l'amour... Si vous allez sur ce chemin avec suffisamment d'intensité, le moment viendra tôt ou tard, probablement plus tôt que tard, où vous aurez grande envie de vous asseoir et de savourer le silence vibrant qui s'installe en vous. C'est le moment de commencer Vipassana, pas avant. Et cela ne signifie pas qu'il faut vous arrêter de danser et de rire pour mieux méditer, bien au contraire. Je me souviens : après quelques jours de pratique des méditations actives d'Osho, je me suis rendu compte que je recommençais à rire aux éclats, ce que je n'avais pas fait depuis des années. J'ai aussi découvert que je pouvais danser des nuits entières et être prêt à me remettre au travail le lendemain matin. La méditation Vipassana s'est imposée comme une évidence quelques semaines plus tard, mais ce n'est qu'après dix ans avec Osho que je me suis inscrit à une retraite de trois semaines. La plus grande calamité serait de commencer Vipassana sur une peur paralysante de la vie, sur l'incapacité à oser la relation amoureuse, à s'ouvrir au monde du travail, à faire la fête.
Osho Vipassana
Osho a repris les enseignements traditionnels pour les adapter à notre mode de vie occidental.
Les humains n’ont probablement jamais été aussi stressés et tendus qu’à notre époque. Osho dit que les techniques de méditation traditionnelles ont été pensées pour une différente sorte d'êtres humains et que les gens d'aujourd'hui trouveront très difficiles de simplement s'asseoir silencieusement sans rien faire. Leur mental continuera de courir. Il propose des techniques de méditation appropriées pour les personnes du XXIe siècle pour les aider à ralentir et à relaxer. En combinant des méthodes de méditations actives avec la méditation Vipassana traditionnelle, il a mis au point une voie nouvelle et puissante pour nous aider à entrer dans un état méditatif profond, et cela rapidement et facilement.
Oui, méditer peut nous dévoiler le sens et la profondeur de notre vie, une vie où nous savons que ce que nous vivons nous touche également, une vie où nous savourons cette tasse de thé, où nous voyons le sourire de l'enfant, où nous entendons le chant de l'oiseau et le chien en train d'aboyer, sans penser à quoi que ce soit d'autre, en demeurant ici et maintenant, en faisant l'expérience de la vie dans sa totalité. Nous pouvons alors grandir pour vivre une vie qui vaut la peine d'être vécue.
Vipassana selon Osho
"Vipassana est une chose si simple que même un petit enfant peut le faire. En fait un très petit enfant peut le faire mieux que vous parce que son mental n’est pas encore plein de détritus. Il est encore pur et innocent…
On peut faire Vipassana de trois manières, vous pouvez choisir celle qui vous va le mieux.
La première est : conscience de vos actions, de votre corps, de votre mental et de votre cœur. Lorsque vous marchez, vous devez marcher avec conscience, lorsque vous bougez votre main vous devez la bouger avec conscience en sachant parfaitement que vous la bougez. Vous pouvez la bouger sans aucune conscience, comme une chose mécanique. Vous faites une promenade matinale, vous pouvez marcher sans être conscient de vos pieds. Soyez attentif aux mouvements de votre corps, lorsque vous mangez soyez attentif aux mouvements nécessaires pour manger. Lorsque vous prenez une douche prenez conscience de la fraîcheur qui vous pénètre, de l’eau qui ruisselle sur vous et de l’extraordinaire joie que cela vous procure… soyez juste vigilant. Cela ne peut pas arriver dans un état d’inconscience.
Même chose pour votre mental : quelle que soit la pensée qui passe sur l’écran de votre mental, soyez seulement l’observateur. Quelle que soit l’émotion qui passe sur l’écran de votre cœur, restez seulement un témoin, ne vous impliquez pas, ne vous identifiez pas, n’évaluez pas ce qui est bon ou ce qui est mauvais, cela ne fait pas partie de votre méditation. Votre méditation doit être conscience sans choix. Un jour vous serez même capable d’observer des humeurs très subtiles : comment la tristesse s’installe en vous, comme la nuit lentement, lentement s’étend sur la terre, comment soudain, une petite chose vous rend joyeux.
Soyez juste un témoin. Ne pensez pas : “je suis triste”. Reconnaissez seulement : “il y a de la tristesse autour de moi, il y a de la joie autour de moi, je suis confronté à une certaine émotion, à une certaine humeur”. Mais vous êtes toujours au loin : un observateur sur les collines et tout se passe dans la vallée. C’est une des façons de faire Vipassana.
La deuxième manière est la respiration : prendre conscience de la respiration. Lorsque le souffle pénètre en vous, votre ventre commence à se soulever et, lorsque le souffle s’échappe, votre ventre redescend. Donc la deuxième méthode consiste à être conscient de son ventre, de sa montée et de sa descente. Juste la parfaite conscience du ventre inspirant et expirant… et le ventre est très près de la source de vie parce que l’enfant est relié à la vie de sa mère par le nombril. Sa source de vie se situe derrière le nombril. Aussi lorsque le ventre s’élève, c’est vraiment l’énergie de vie, le printemps de vie qui monte et redescend avec chaque respiration. Cela non plus n’est pas difficile et peut même être encore plus facile car c’est seulement une technique.
Dans la première méthode vous devez juste être conscient du corps, du mental, de vos émotions et de vos humeurs. Il y a trois niveaux. La seconde méthode n’a qu’un niveau : juste le ventre s’élevant et s’abaissant, et le résultat est le même. En devenant plus conscient du ventre, le mental devient silencieux, le cœur devient silencieux, les humeurs disparaissent.
La troisième méthode est d’être conscient de la respiration à l’inspir, lorsque le souffle passe à travers vos narines. Ressentez-le à cette extrémité, l’autre polarité du ventre, sentez-le dans le nez. En pénétrant le souffle apporte une certaine fraîcheur à vos narines et le souffle sort, le souffle entre, le souffle sort…
Cela aussi est possible et c’est plus facile pour les hommes que pour les femmes. Les femmes sont plus conscientes de leur ventre. La plupart des hommes ne respirent même pas profondément dans leur ventre. Leur poitrine s’élève et retombe parce que prévaut dans le monde une forme erronée d’athlétisme. Bien sûr cela donne au corps un plus bel aspect si votre poitrine est haute et votre ventre presque inexistant.
L’homme a choisi de respirer seulement avec le haut de la poitrine et de ce fait la poitrine se développe de plus en plus et le ventre s’aplatit. Ca donne l’impression d’être plus athlétique. Pourtant dans le monde, sauf au Japon, tous les athlètes et les entraîneurs prônent la respiration qui emplit vos poumons, développe votre poitrine et fait rentrer le ventre. L’idéal est le lion dont la poitrine est large et le ventre très petit. Donc ressembler à un lion est devenu la règle des gymnastes sportifs et des gens qui travaillent sur leur corps.
Le Japon est la seule exception où ils ne se soucient pas d’avoir une large poitrine et le ventre rentré. Rentrer le ventre nécessite une certaine discipline, ce n’est pas naturel. Le Japon a choisi la voie naturelle et vous seriez étonné de voir une statue japonaise de Bouddha. C’est le moyen qui vous permet de reconnaître immédiatement si la statue est japonaise ou indienne. Les statues indiennes de Gautama le Bouddha ont un corps très athlétique, le ventre est très petit et la poitrine très développée. Mais le Bouddha japonais est complètement différent : sa poitrine est presque silencieuse, parce qu’il respire par le ventre mais son ventre est plus gros. Il ne semble pas très beau parce que c’est l’idée inverse qui prévaut dans le monde, et cela depuis si longtemps. Respirer par le ventre est plus naturel, plus détendu.
Pendant la nuit, quand vous dormez, il arrive que vous ne respiriez pas dans la poitrine et que vous respiriez dans le ventre. C’est pourquoi la nuit est une telle expérience de détente. Après le sommeil, le matin, vous vous sentez si frais et si jeune parce que la nuit vous avez respiré naturellement… vous étiez au Japon !
Voilà les deux aspects : si vous avez peur de respirer par le ventre et si vous faites attention à ce que l’inspir et l’expir ne détruise pas votre forme athlétique… les hommes peuvent être plus intéressés par cette forme athlétique, alors pour eux c’est plus facile d’observer les narines par où entre le souffle, observez et quand le souffle sort, observez.
Voici les trois méthodes. Pratiquer l'une d’entre elle sera efficace. Mais si vous voulez utiliser deux méthodes ensemble, vous pouvez, l’effort sera plus intense. Si vous voulez faire les trois ensembles, faites les trois ensembles, le processus sera plus rapide. Mais tout dépend de vous, de ce qui vous paraît le plus facile et souvenez-vous : ce qui est facile est juste.
Lorsque la méditation s’installe le mental fait silence et l’ego va disparaître. Vous serez là mais il n’y aura aucun sentiment de “je”. Et alors les portes s’ouvrent. Attendez seulement avec un désir d’amour pour accueillir dans votre cœur ce grand moment, le plus grand moment de la vie, l’illumination.
Elle vient… elle vient sûrement, elle n’a jamais tardé un seul instant. Lorsque vous êtes au diapason, elle explose soudain en vous et vous transforme. Le vieil homme est mort, l’homme nouveau est né." Osho
Pour conclure
Apprendre Vipassana n'est pas qu'apprendre une méthode, c'est avant tout une transmission d'enseignant à élève, voire de maître à disciple**, d'une qualité, d'un parfum qui émane de quelqu'un qui est calme, paisible, intégré. Rencontrer une telle personne, paisible et silencieuse en même temps qu'animée d'une vitalité intense et vibrante, peut déclencher en nous une soif ardente, une aspiration à en trouver la source en soi. Cette aspiration est déjà une première façon d'expérimenter l'état intérieur dans lequel se trouve le Maître. Quand cette première étincelle a été perçue, le désir d'allumer ce feu intérieur va devenir la motivation à prendre le chemin de la méditation. Merci à mon maître Osho auprès de qui j'ai ressenti la grandeur, l'immensité et la beauté de notre véritable nature. Merci à lui de m'avoir indiqué le chemin de Vipassana et des innombrables moyens complémentaires qui m'accompagnent au quotidien jusqu'à ce jour.
Le plus grand des secrets de Vipassana se trouve caché au fond du cœur de chacun d'entre nous. Les enseignants, qu'ils soient eux-mêmes sur le chemin de la réalisation, ou qu'ils soient pleinement réalisés, peuvent nous donner envie de nous diriger vers la porte du cœur. Ils peuvent nous apprendre à marcher, ils peuvent nous donner la clé, mais il reste que c'est à chacun d'entre nous qu'il revient de persévérer sur ce chemin et d'ouvrir largement notre propre cœur. Il faut beaucoup de courage et d’amour pour soi pour s’engager sur ce chemin. La récompense est inimaginable.
Dominique Vincent
Voir son site web
** Jon Kabat Zinn a évité de parler de cette transmission de Maître à disciple et il a certainement eu raison. Grâce à sa prudence, il a réussi à faire accepter son approche de la pleine conscience, que je reconnais comme authentiquement bouddhiste, dans des milieux réfractaires à toute approche religieuse. Il a pourtant reçu lui-même l’enseignement d’un Maître, le Coréen Seung Sahn, et il est très proche du Maître Thich Nhat Hanh. Quand j’écoute Jon guider des exercices de pleine conscience, je sens ce parfum subtil qui s’est transmis de Maître à disciple depuis Bouddha jusqu’à nos jours. Il ne s’agit pas de religion institutionnelle, donc on peut dire que son approche est laïque. Mais le sens du sacré et la compassion sont bien là.