Comment Osho est arrivé dans ma vie?
Ma rencontre avec Osho... par Anando Masta
Je me suis rendu en Inde grâce à l’impact qu’ont eu en moi les paroles de Paramahansa Yogananda dans son livre Autobiographie d’un Yogi : « Quand l’élève est prêt, le Maître parait. » Au fond de moi, je savais bien que j’avais besoin d’un guide pour traverser cette vie en recherche de qui je suis vraiment. En décembre 1979, je suis donc monté dans un avion de Montréal à Bombay pour faire le tour de l’Inde dans ce but. Barbu, un sac à dos, quelques sous dans ma poche, un vrai hippie de l’époque en recherche d’absolu... mais pas en recherche des effets psychédéliques des drogues qui ne m’ont jamais attirées ! J’étais alors en formation pour devenir professeur de Yoga. J’avais tout un plan pour rendre visite aux grands maîtres de l’époque à Madras, Rishikesh, Lonavla... J’avais entendu parler d’un étrange Gourou très controversé, Bhagwan Shree Rajneesh aujourd’hui appelé Osho. La rumeur : Ses disciples dansaient des nuits entières, pouvaient avoir un(e) petit(e) ami(e), passaient par des groupes de thérapie, pratiquaient le Tantra, critiquaient les religions traditionnelles... tout cela était loin de me déplaire moi qui venais de vivre étudiant à Paris le début des années 1970 dans les vagues de mai 1968. J’avais donc décidé dans mon périple indien de passer à son Ashram juste pour voir. Un concours de circonstances magiques m’a amené auprès de lui dès le premier soir de mon arrivée en Inde. D’emblée je me suis senti chez moi. Mon voyage s’est arrêté auprès de lui. J’avais trouvé mon Maître spirituel.
Voici la transcription des mots qu’Osho m’a dit lors de l’initiation au cours de laquelle il m’a accepté comme un de ses disciples, le 22 janvier 1980 : « Voici ton nom, Anando Dominique. Anando signifie extatique, Dominique, celui qui appartient à Dieu. Tout le monde appartient à Dieu, il n’y a pas d’autre possibilité. Nous sommes nés en Dieu, nous vivons en Dieu, nous mourrons en Dieu. Notre énergie est l’énergie de Dieu. Dieu est simplement un nom pour la totalité de l’énergie de l’existence. Mais le total n’est pas arithmétique. Le total est mystérieux. Il n’est pas mécanique, il est organique. Il y a une grande différence entre les deux et cela doit être compris. Le total mécanique, arithmétique, n’est rien que la somme totale des parties. Une peinture de valeur est une unité organique. Ce n’est pas seulement la somme totale de la toile et des couleurs. Ainsi en est-il de la vie.
Dieu signifie seulement que l’existence est plus qu’elle ne paraît. Elle est plus que ce qui peut être mesuré. Elle est plus que ce que la science ne pourra jamais en expérimenter. Et la religion est la recherche de ce plus, de cette mystérieuse et élusive qualité. C’est ainsi que tout le monde appartient à Dieu mais bien peu de gens sont conscients de ce fait. Devenir disciple est un effort pour en prendre conscience. Le moment où vous le savez par vous-même, pas parce que je le dis, pas parce que Bouddha le dit, pas parce que Jésus le dit, mais parce que vous le sentez, ce moment vous êtes transformé. Toute misère disparaît. La vie devient lumière et joie, extase et bénédiction. »
Comment ces mots-cadeaux d’Osho continuent-ils à travailler en moi aujourd’hui dans les moments les plus simples de ma vie ? Je rentre juste de promenade à côté de chez moi dans la Drôme. Je marche sur une petite route dans la plaine entre les falaises du Vercors et la Drôme des collines. Les blés encore verts ondulent sous le vent. Des hirondelles passent au raz des épis. Le cri aigu d’un rapace. Les nuages à l’infini dans toutes les teintes, du gris sombre aux feux orangés du couchant. Tout émerge, chante, danse, ondule, se croise. Je participe moi aussi. Dans ce mouvement continue de la vie, je suis. Qu’est-ce que c’est ? Dieu, le Tao, le Brahman... les mots sont nombreux, la réalité toujours aussi unique et mystérieuse. C’est. Et c’est cela que nous pouvons appeler Dieu. Il s’agit bien d’une réalité vivante, de la Vie elle-même.
Un souvenir de moments précieux : être présent aux pieds d’Osho pendant ses enseignements quotidiens, silence dense, des mots magiques, une blague, des rires, le silence encore dans lequel j’ai envie de me fondre, dans lequel je fonds de plus en plus. Cela, c’est du passé. Plus de quarante ans, et pourtant la présence est là. Je ne dis pas qu’elle est en moi : Je suis la présence, présence dense, intense, vibrante, mystérieuse. Seules mes pensées vagabondes me volent trop souvent cette qualité d’être présent, qui est si délicieuse.
Deux ans après mon initiation, en 1982, je peux revenir près de lui. Je lui demande de changer mon nom. Dominique ne me convient plus, trop relié à l’enfance, un peu mièvre. De plus dans l’histoire il y a deux Saints Dominique, le premier qui est un des créateurs de l’inquisition et l’autre qui est mort à 12 ans. Un peu lourd à porter ! Il me propose Anando Masta, un nom Soufî qui signifie l’ivresse extatique du derviche. Ouf, c’est plus léger en même temps qu’une sonorité bien ancrée. Et, cadeau-surprise, le lendemain matin lors de son discours, il prend de longues minutes pour expliquer ce que signifie Masta et pour quelles raisons un Maître donne ce nom à un disciple.
S’en suivent quelques échanges de lettres avec Osho. Dès que je suis revenu de ma première visite de quatre mois à sa commune, j’ai médité tous les matins dans ma petite chambre de la rue Duluth à Montréal. Je pratique la méditation Dynamique, vigoureuse, exigeante, parfois douloureuse, tant à cause de l’effort physique intense que par les émotions difficiles qu’elle fait remonter. Après quelques jours, un ami me rejoint. Au bout d’un mois la chambre est trop petite et il faut louer un local chez des amis de la rue Mentana. Puis j’organise des fins de semaine de méditation. Jusqu’au jour où un disciple d’Osho me confronte : Comment te permets-tu de guider des méditations ainsi ? As-tu suivi la formation nécessaire ? Aïe, je ne savais même pas qu’il existait une formation certifiante ! Me sentant coupable et inquiet comme je sais si bien le faire, j’écris à Osho. Sa réponse me laisse pantois avec un grand éclat de rire: “If you enjoy it and if people enjoy it, fine, go on doing it.” « Si tu y trouves du plaisir et si les participants y trouvent aussi du plaisir, très bien, continue. » Maintenant, avec le recul et l’expérience, je nuancerais cette réponse. Certaines méditations peuvent faire remonter tellement d’émotions difficiles qu’il faut que l’animateur soit capable de les accueillir et de les accompagner. Cela demande une grande prudence, beaucoup de bienveillance et un savoir-faire thérapeutique, surtout avec des participants fragiles.
Osho est parti fonder une communauté en Oregon sur la côte ouest du continent américain. Pour me rapprocher de lui, je déménage sur la côte ouest du Canada. Pour survivre, je change de travail. De thérapeute je deviens jardinier. J’écris à Osho pour lui annoncer ce changement. Il me répond : “Très bien, mais n’oublie pas d’aider les personnes à fleurir.” Invitation qui m’amènera trois ans plus tard à revenir à Montréal pour reprendre mon travail en naturothérapie et en animateur de séminaires de développement personnel et de psychothérapie, rebirth et autres. Avec une remarque étrange qui me vient aussi d’Osho : “Tes clients n’ont pas peur de toi, alors vas-y...” Ainsi, dans sa vision, le fait de ne pas faire peur est une des qualités qui permet d’être guérissant pour les personnes en souffrance qui me consultent.
Extrait de "Ma rencontre avec Osho et ce qui en découle jusqu’à aujourd’hui" par Dominique Vincent. Pour lire l'article complet cliquez ici.