Interview de Paule Salomon sur le couple
POUR ENTRER DANS L'ESSENTIEL DE LA RELATION HOMME-FEMME
Recto Verseau 86 - Spécial Féminin - Masculin Fev 98
L'un de vos livres s'intitule " La Sainte Folie du Couple ". Que voulez-vous dire par " sainte folie " ?
Paule Salomon - Plus le temps passe et plus ce titre me plait. Je viens d'écrire un livre sur l'amour qui s'appelle " La brûlante lumière de l'Amour " et je me rends compte à quel point l'amour est aussi une sage folie et à quel point c'est un paradoxe. Le couple est aussi un paradoxe et ce n'est pas à confondre car le couple est un mode relationnel entre deux personnes et l'amour est un sentiment. Mais, dans l'un et l'autre cas, il y a un élan magnifique, un élan qui est du domaine de l'être. On peut considérer cet élan comme de la sagesse ou comme de la sainteté. C'est ce qui nous raccorde à une nostalgie profonde, la nostalgie de l'unité, la nostalgie d'avoir appartenu à tout ce qui existe ou d'avoir été uni à tout ce qui est vivant.
Et aussi, par le fait de s'incarner dans un seul sexe, on est un homme ou on est une femme, on porte en soi une sorte de nostalgie, de coupure, certains disent même de blessure, qu'au cours de sa vie on voudra réparer. Quel est le sens de la vie ? Au coeur du sens de la vie, il y a cette demande de retrouver quelque chose qui est perdu, certains le nomment Dieu, d'autres le nomment réalisation personnelle. Quoi qu'il en soit, il y a un élan et cet élan on peut l'appeler sainteté, mais en même temps on s'apercoit que c'est une folie de s'élancer vers l'autre avec ses désirs d'unité. Folie, car au fond de chacun, il y a le désir d'apprendre qui il est de devenir qui il est. S'élancer vers le " nous ", c'est se dépasser, mais en même temps c'est se quitter. Je me trouve donc tiraillé entre ce besoin d'appartenir à ce " nous " du deux qui veut faire un, je veux avec l'autre personne ne faire qu'une personne, qu'un objectif qu'un désir, et le fait que je ne me connaisse même pas et que quelque part, je voudrais bien devenir ce moi-même, un moi-même inconnu. En somme, il y a un paradis à vouloir s'aimer et ce paradis risque de se transformer rapidement en enfer ; il y a un désir de s'aimer et puis rapidement il peut y avoir une guerre.
Le nombre de divorces continue d'augmenter. Est-il possible d'éviter ces ruptures et cette forme de polygamie dans le temps ?
Paule Salomon - De plus en plus de couples divorcent, de plus en plus de couples se quittent au bout de très peu de temps. Alors les questions qui se posent sont de plusieurs ordres : est-ce cette formule qui est périmée ou est-ce que nous ne savons pas vivre en couple ? Je n'ai pas d'idée fixe sur le fait qu'on doive rester avec quelqu'un toute sa vie. Je sais par contre qu'on se blesse beaucoup lors de séparations, de ruptures, que les enfants ont mal et que notre capacité à aimer se racornit au fil des blessures qu'on s'infligc mutuellement par la manière que l'on a de se quitter. Les choses pourraient être différentes si nous avions une éducation, une certaine connaissance de la carte du tendre ; si au lieu d'avancer comme des aveugles se demandant mutuellement la route et ne sachant que tourner en rond dans la relation, nous avions acquis quelques connaissances dans notre adolescence. Si l'on nous avait parlé du fusionnel, des rôles dominant/dominé et du conflit qui sont trois aspects handicapants pour une relation d'amour, nous parviendrions peut-être plus aisément à ne pas exposer notre couple à ce que j'appelle le troisième stade. Connaître cette carte du tendre ne dispensera pas chacun de faire ses propres expériences, mais les rendra moins dramatiques. On se dira " c'est normal que nous ayons des conflit ", ou " c'est normal que nous soyons dans cette situation de dominant/dominé " et ça nous permettra d'en sortir plus rapidement.
Au commencement de la relation on est fusionnel, c'est normal, c'est une grâce et c'est délicieux. C'est la première étape. Ensuite, au bout de six mois, d'un an ou deux, ça dépend des personnes, on cesse d'avoir pour seule envie de se regarder dans les yeux et on commence à ressentir les besoins de notre " moi ", de notre personne. On n'est plus tout entier consacré au " nous " et on s'aperçoit que l'autre a des besoins différents des nôtres, qu'il n'est pas, comme on le croyait au départ, tout entier consacré à une sorte de réparation narcissique de nous-mêmes. Car très souvent, nous sommes les uns et les autres des êtres incomplets, des handicapés du " moi " et nous demandons à l'amour de l'autre de nous réparer à cet endroit-là ; nous n'avons pas confiance en nous et l'amour de l'autre nous sert à avoir confiance en nous. Donc, désormais, chacun consacrera une bonne partie de ses forces non plus au " nous " mais à nouveau à son " je ".
C'est normal, mais en même temps cela entraîne souvent une sorte de déséquilibre car l'un continue à plus nourrir le couple et l'autre, par opposition, s'affranchit davantage de la relation et fait en sorte que le " nous " serve ses propres besoins.
Traditionnellement, le couple était au service de l'homme et la femme était au service de l'homme. Mais on peut aussi regarder les choses autrement puisque l'homme de son côté devait travailler à l'extérieur et mettait également ses forces au service de la cellule familiale. Cependant, il avait plus de liberté, plus d'autorité ; il avait des droits que la femme n'avait pas, notamment des possibilités d'aller à l'extérieur, des possibilités d'infidélité aussi et il avait souvent l'autorité dans le foyer. Cette situation se reproduit encore à notre époque, même si le côté patriarcal se relâche beaucoup puisque les femmes travaillent, sortent, s'affirment. Ce côté-là est moins fort, mais il en reste des traces importantes, notamment dans le fait que souvent la femme a une façon d'aimer qui est de se faire aimer, c'est-à-dire de faire des choses pour l'autre pour se faire aimer. Elle a tendance, même si elle a fait des études, même si elle a un métier, à se mettre plus au service du " nous " que l'homme et au bout d'un certain temps, elle se sent un peu flouée, ce qui finit par la révolter.
Et chacun des deux veut d'une certaine façon être le parent de l'autre. Chacun fait à l'autre des réflexions du genre " tu dépenses trop d'argent ", " tu laisses tonjours les lumières allumées ", " tu t'habilles mal " ; des remarques insidieuses, des remarques qui sont toutes destinées à améliorer l'autre : " c'est pour ton bien ", c'est-à-dire pour te corriger je te fais remarquer des choses, j'essaye de te changer pour que tu deviennes parfaite, etc. En réalité, on regarde l'autre à travers ses propres besoins ; on le juge en fonction de ses besoins à soi et on le blesse ; on adopte une attitude de parent qui fait de l'autre un enfant, on infantilise l'autre et de moins en moins de gens supportent cela. Autrefois, il semble qu'au sein des couples c'était une espèce de petite guerre réciproque. C'était à qui dénoncerait chez l'autre le plus de manques et s'instaurait alors une sorte de relation sado maso qui durait parfois toute la vie. L'entourage devenait spectateur d'un drame familial toujours répété ; nombre d'enfants ont connu ça et le fait que papa et maman s'agressent mutuellement à chaque repas ou régulièrement tous les dimanches. C'est quelque chose qui aujourd'hui est très mal supporté car l'émergence de l'individu est plus grande et personne ne souhaite plus se laisser définir par l'autre et être sans arrêt blessé. On apprend des techniques de communication qui visent à améliorer la relation, mais la susceptibilité du " moi ", la susceptibilité de l'ego est telle que ce n'est pas si facile d'arrêter ce jeu. Et puis c'est très tentant, c'est la prise de pouvoir sur l'autre d'une manière psychologique qui est peut-être la manière la plus insidieuse. Je ne connais pas de couples qui ne jouent pas à ce jeu-là ; simplement, je connais des couples qui en prennent conscience. Ce mode de fonctionnement engendre des disputes sans fin et parfois des conflits sanglants, car s'instaure alors une relation blessé/blessant.
En fonction des frustrations qui peuvent aussi se glisser dans la relation, de la manière dont on vit, des insatisfactions dues au fait que l'autre est souvent absent, ou trop occupé par son métier, ou qu'il ne s'occupe pas des enfants, le petit jeu de la guerre d'usure psychologique s'installe et, au fil du temps, peut devenir insupportable.
La relation conflictuelle demande de l'attention, un réel apprentissage car c'est un cercle vicieux parfois très difficile à rompre. C'est très curieux, deux personnes s'aiment intensément au début de la rencontre et quand se glissent les premières incompréhensions, on a l'impression que l'amour s'engloutit dans un gouffre et que l'on n'arrivera jamais à ressortir de cette faille. En fait on en ressort, mais jamais totalement indemne et, si cela se répète trop souvent, on s'aperçoit qu'on commence à ne plus s'abandonner de la même façon, on commence à ne plus avoir confiance en l'autre.
Il est important d'apprendre à ne pas en vouloir à l'autre au moment où le fusionnel s'arrête, chacun cultive secrètement un sentiment de désenchantement à ce moment-là; d'apprendre aussi à être attentif aux rôles de dominant/dominé pour ne pas écraser systématiquement l'autre, c'est-à-dire que ce ne soit pas toujours le même qui tienne un rôle de dominant dans le couple. Il est également important de surveiller le conflit, quitte à faire passer parfois l'amour de l'autre, l'amour du coeur avant les besoins de l'ego et ça ce n'est pas si facile.
Nous avons souvent une vision romantique de l'amour, être tout pour l'autre, vivre par et pour l'autre. Peut-on sortir du fusionnel et continuer d'aimer l'autre ?
Paule Salomon - Bien sûr, on peut quitter l'autre dès qu'il n'y a plus de fusionnel, mais l'amour est quand même un lien dans la durée. Il ne faut pas confondre le désir avec la construction d'un lien, une sorte de compagnonnage, quelque chose qui permettra de réaliser une oeuvre ensemble, de coopérer, de faire des enfants. On mélange trop le fait de vivre l'élan amoureux et le fait de construire ensemble une oeuvre. Ce n'est pas la même chose, construire ensemble une oeuvre demande d'autres qualités. Je propose de le comprendre dans le sens où ça demande à la fois d'aller vers soi et d'aller vers l'autre et je le résume par cette phrase du Cantique des Cantiques " Viens, va vers toi ! ".
Cela veut dire, continue d'aller vers toi-même, continue de grandir, de chercher qui tu es, d'entreprendre des activités. Parfois cela signifie s'éloigner un peu dans le temps, parfois même dans l'espace. Un acteur par exemple, chaque fois qu'il tourne un film, il voyage, il quitte sa famille. Alors, peut-on concevoir que le lien pourra supporter que par moment on prenne de l'espace, qu'on consacre beaucoup de temps à sa réalisation professionnelle, ou à une passion, ou à une oeuvre humanitaire ? Je ne crois pas que l'amour dans la durée nous demande une présence exclusive à l'autre. Au contraire, il nous demande peut-être de favoriser le fait que l'autre puisse accomplir ce qu'il a envie d'accomplir. Il y a plusieurs phases dans l'amour. Il y a d'abord une phase fusionnelle pendant laquelle ce qui importe est la présence physique l'un à l'autre, mais il y a aussi d'autres phases pendant lesquelles ce qui importe est de favoriser l'épanouissement de l'autre, de donner de la liberté à l'autre, d'aimer la liberté de l'autre. Aimer la liberté de l'autre est sans doute une des choses les plus difficiles car nous ne sommes pas naturellement altruistes, nous n'aimons la liberté de l'autre que quand nous aimons suffisamment la nôtre.
Il y a donc un temps où je vais me servir du fait que tu sois un homme pour combler ma nostalgie du masculin et un deuxième temps où je vais incarner moi-même mon masculin. Nous n'avons pas à nous servir de l'autre pour rester infirme, mais nous avons, au sein de notre relation à l'autre, à devenir plus complets et c'est ça le paradoxe difficile.
Le côté éternel de l'amour peut paraître en opposition avec notre histoire. Nous sommes des êtres intégrés dans une histoire qui se développe et au sein de cette histoire, nous changeons, nous évoluons ; l'amour entre deux personnes, c'est aussi se permettre d'évoluer l'un et l'autre. Si au contraire, nous nous bloquons réciproquement pour être d'avantage sûr de l'exclusivité de l'autre, ce qui est au coeur de l'amour possessif et jaloux, une partie de notre être commencera à souffrir et à se scléroser ; peut-être resterons-nous ensemble, mais à ce moment-là dans une sorte de fermeture.
Comment rester désiré et désirant au fil des années ?
Paule Salomon - Un couple qui évolue peut être un couple qui reste désirant et vivant. Un couple qui évolue est aussi un couple qui a un idéal commun, une certaine vision de l'être humain. Chacun a du respect pour l'autre, ressent l'autre comme un mystère toujours vivant ; chacun regarde la façon dont l'autre se transforme au cours des années. Avoir des activités de dépassement parait toujours profitable au couple, par exemple avoir une passion commune, ou être engagés dans une action humanitaire ensemble, ou être unis par l'amour de la nature. Dès qu'il y a un dépassement, l'amour plus humain est enveloppé dans quelque chose de plus vaste qui le ressource. J'insisterai aussi sur l'équilibre du masculin/féminin en chacun. Deux personnes qui ont de l'actif et du réceptif en elles ont aussi plus de chance de faire durer le désir parce que dans le désir il a souvent cette exploration : je reçois ou je donne. Et parfois le fait de recevoir de l'autre peut être une découverte, puis le fait d'être celui qui donne peut être à nouveau une découverte et on peut interférer les rôles, les mixer, il y a du redoublement dans les aspects de la personnalité, de la surprise. N'être jamais sûr de savoir où est l'autre et n'avoir pas refermé ses bras sur lui maintient le désir vivant, comment rester quelqu'un de surprenant pour l'autre et comment rester quelqu'un de surprenant pour moi ? Cela va avec le fait de rester toujours en ouverture et toujours en transformation. J'ai tendance à croire et à constater que, chez les gens qui ont une curiosité inlassable pour la vie, le désir se modifie bien sûr, il est moins fou, mais aussi il s'approfondit. Ce qui tue le désir est plutôt le mode vie ; si l'on est trop préoccupé par l'argent, trop fatigué, trop stressé, on a plus de désir du tout. Parfois, on pense aussi que lorsqu'on avance en âge c'est normal de ne plus avoir de désir et là il s'agit davantage d'une croyance, une croyance très négative.
Pensez-vous que la femme au foyer devrait recevoir un salaire ?
Paule Salomon - C'est une question qui se pose beaucoup. Moi, j'ai choisi d'assumer un travail dans la société. Je pourrais me contenter d'être à la maison, mais je ne le souhaite pas car je considère que ma liberté intérieure est aussi liée au fait que je puise la sève par mes propres racines, que je ne demande pas à un autre organisme d'aller chercher la sève de ma vie à ma place. Et il me semble qu'aujourd'hui, parce qu'on sort de longues années d'annihilation de la femme, il est difficile de recevoir de l'argent d'un homme et de rester à la maison sans se sentir la servante. Il me semble par expérience, en regardant les autres femmes, que nombre de celles qui sont dans cette situation de dépendance financière se sentent redevables, aliénées, parfois même vont devenir frigides. Mais ce n'est pas inéluctable, il y a des femmes pour lesquelles c'est une bonne situation, une bonne solution. Ça peut être une bonne solution sur un ou deux ans, une bonne solution par intérim. Arrêter de travailler, puisque le travail est aussi très laminant, prendre une ou plusieurs années sabbatiques ou élever ses enfants pendant qu'ils sont jeunes peuvent être des solutions viables, mais abandonner totalement son rôle à l'extérieur, non. Peut-être que ce dont nous avons le plus besoin dans la vie ce sont des alternances, c'est-à-dire des moments où nous pouvons nous consacrer davantage à des activités libres à la maison et d'autres moments où nous avons un travail régulier à l'extérieur. Évidemment, sur le plan économique ce n'est pas toujours possible, mais pourtant nous nous dirigeons vers une société où nous allons bientôt être obligés de travailler moins pour qu'il y ait du travail pour tous et j'espère que cela créera des possibilités différentes. Il n'y a pas de solution unique, il s'agit de respecter des temps différents pour croître le mieux possible et l'important est de se sentir bien.
je crois aussi que tout être humain a besoin de créativité, que ce soit pour créer un pull, des confitures, des recettes, un livre ou un enfant.
C'est le but de notre vie et cela signifie aussi nous " expandre ", sortir des choses de nous-même qui vont nous prolonger. Derrière cela, il y a un besoin d'immortalité, un besoin de sortir d'un temporel qui s'effrite et de laisser une trace. Il y a peut-être aussi un processus plus alchimique, car se réaliser, évoluer, grandir en conscience ne peut se faire qu'à travers notre pétrissage dans la matière, dans le fait d'oeuvrer et il y a donc là un enjeu fondamental.
La femme a-t-elle à un rôle particulier à jouer pour l'évolution de notre civilisation ?
Paule Salomon - Oui, je suis persuadée que le féminin de l'existence transporte tout un futur de civilisation. On appelle traditionnellement les valeurs féminines de l'existence le fait d'aider les autres, de les secourir, de les éduquer, de s'intéresser les uns aux autres aussi. On appelle valeurs masculines, le fait de conquérir de nouveaux territoires, de gagner de l'argent, de bâtir des villes. La communication, l'amour, l'entraide et la communion font partie des valeurs féminines ; bâtir, faire, explorer font partie des valeurs masculines.
Nous avons besoin de ces deux aspects, mais jusqu'à maintenant nous avons beaucoup développé le faire et la conquête, le rôle du pouvoir et de l'argent et il est nécessaire d'équilibrer la civilisation future avec des valeurs féminines.
Les femmes ont un rôle à jouer, mais elles ont d'abord une réémergence à faire car, dans la mesure où elles ont été infériorisées pendant des siècles, elles réémergent souvent en adoptant des valeurs masculines et en étant encore plus conquérantes que les hommes. Il faut donc qu'elles redeviennent conscientes des valeurs féminines pour qu'elles puissent exercer activement un rôle afin que l'amour sur terre grandisse.
Alors en résumé...
Paule Salomon - Je suis pleine d'espoir, car jamais les hommes et les femmes n'ont eu autant d'affinités. Autrefois, les hommes avaient des activités culturelles qui leur étaient propres et les femmes avaient les leurs. Aujourd'hui, les hommes et les femmes vont ensemble à la montagne, au cinéma, à bicyclette. Jamais les hommes et les femmes n'ont partagé autant de choses et, en même temps, jamais les hommes et les femmes n'ont lissé autant leur identité, c'est-à-dire que les hommes deviennent plus féminins et les femmes plus masculines, bon an mal an, avec des sursauts, avec des difficultés nouvelles, avec plein de choses.
Mais, en dépit des nouveaux déséquilibres qui peuvent s'introduire par le fait que certaines femmes soient trop masculines et certains hommes trop féminins, nous allons vers une nouvelle fore d'amour, beaucoup plus profonde, plus complète, plus évolutive.
L'important est que chaque être humain développe sa capacité d'aimer, même s'il doit faire deux, trois ou cinq couples au cours de sa vie, et que cette capacité d'aimer éclose toujours davantage. Nos vies seront alors moins orientées vers la consommation, la frustration, la maladie et nous avancerons vers beaucoup plus de bonheur. Ce peut être par contre plus difficile pour les enfants. Effectivement, il faudra encore beaucoup dédramatiser les ruptures pour que la recomposition de foyers à travers plusieurs couples se fasse sans traumatismes importants pour les enfants. Mais plus ces compositions et recompositions de foyers seront naturelles, plus les séparations se feront à l'amiable et plus les enfants continueront d'avoir des parents qui se voient et coopèrent en tant que parents, même s'ils ne vivent plus en tant que conjoints. Il me semble que la voie est visible, qu'elle est plus ou moins balisée, tracée ; cela prendra simplement encore du temps pour se répandre.
Philosophe et thérapeute, Paule Salomon propose des séminaires de développement personnel dans un esprit socratique de questionnement et d'accouchement des êtres. Ses trois derniers livres, " La Femme Solaire ", " La Sainte Folie du Couple " et " La Brûlante Lumière de l'Amour " forment une trilogie sur " un nouvel art d'aimer ".
Entretien réalisé par Roberte Collaud
Recto Verseau : Spécial Féminin - Masculin. Fev 98
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